COP22: la création du fonds bleu pour la préservation du Bassin du Congo
Bangui 24 janvier 2017, CNC.
Par Eric NGABA
Le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso en collaboration avec la Fondation Brazzaville a annoncé la création du fonds bleu pour la sauvegarde du bassin du Congo. L’annonce de la création de ce fonds a été faite en marge de la 22ème conférence internationale de lutte contre le changement climatique (COP22) qui s’est tenu du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech. Regroupant en son sein 11 pays du Bassin du Congo dont l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, la Tanzanie, le Rwanda, et la Zambie, le fonds bleu permet à la sous-région de préserver le bassin du Congo considéré comme 2ème du monde après l’Amazonie.
Le Bassin du Congo constitue le second réservoir de carbone du monde après celui du Bassin d’Amazonie. La préservation des forêts du Bassin du Congo représente un enjeu primordial pour la réduction des effets du changement climatique d’autant que la progression de la déforestation aggrave le réchauffement planétaire.
Dans le même temps, le développement économique des pays et des peuples de la sous-région doit être garantie et leur qualité de vie doit être améliorée. Cette proposition répond à ces deux problématiques en cherchant à redessiner les bases de l’économie de la région du Bassin du Congo en intégrant l’exploitation durable des forêts et un développement durable et innovant de l’exploitation des ressources renouvelables des eaux du Congo et de ses affluents.
La proposition s’inscrira ainsi dans ce que la Commission Economique pour l’Afrique a défini comme « l’Economie bleue » en garantissant des solutions tant au niveau économique qu’environnemental. Le fonds bleu pour les pays autour du Bassin du Congo vise à permettre aux Etats de la Sous-région de passer d’une économie forestière à une économie collaborative s’appuyant davantage sur les ressources issues de la gestion des eaux et notamment de celle des fleuves. Il proposera dès lors une alternative durable, dans le respect de l’environnement, au développement économique des pays et des peuples du Bassin du Congo.
En participant alors à la préservation des forêts du bassin, il contribuera à réduire les impacts du réchauffement climatique. Le Fonds encouragera le rétablissement de la paix et de la stabilité de la région en soutenant des projets de développement pour la promotion de l’économie locale, de la coopération et de la collaboration.
Le financement du Fonds bleu.
Le Fonds bleu s’inscrit parmi les initiatives permettant d’arriver à cette nouvelle économie bleue. Il pourrait s’appuyer sur le Fonds vert pour le climat et d’autres financements innovants pour la préservation de l’environnement mondial. Ce fonds sera orienté uniquement vers le financement des projets intégrant une coopération entre pays riverains, qui auront été identifiés dans le cadre du Plan d’investissement pour une Economie bleue et qui contribueront directement ou indirectement à la protection de l’environnement et au développement durable.
« Aujourd’hui, il n’y a pas de doute car il faut agir. Les partenaires doivent soutenir ce projet. Nous le ferons pour le monde entier, pas pour les pays du bassin du Congo », a insisté le président congolais Denis Sassous Nguesso.
Pour son financement, le président congolais propose la mise en place du fonds bleu composé de subventions renouvelables chaque année de 100 millions d’euros avec des engagements sur le long terme. Cela permettrait, selon lui, de proposer des projets dont les crédits alloués et les investissements multilatéraux pourraient aller jusqu’à 3 milliards d’euros en vue de soutenir la création de véritables projets à retombées économiques concrètes et à financer le passage d’une forestière à une économie bleue. Ces subventions annuelles et renouvelables chaque année pourraient être conçues sur le modèle du Fonds Fiduciaire UE-Afrique. Les projets, qui bénéficieraient de ces subventions renouvelables, pourraient être financés par la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Asiatique d’Investissement pour l’Infrastructure, des bailleurs bilatéraux, des fonds souverains et d’autres sources en fonction des projets.
Gestion et gouvernance du Fonds bleu.
Les gouvernements des pays de la région devront s’entendre sur l’institution ou la banque de développement la plus appropriée pour la gestion du fonds bleu. Son comité de direction pourrait rassembler des représentants des gouvernements de la région, des grandes banques internationales et des directeurs des principales organisations régionales de la sous-région.
Après l’annonce du Fonds bleu à Marrakech, le Congo Brazzaville en collaboration avec la Fondation Brazzaville pour la Paix et la Préservation de l’Environnement organisera une réunion réunissant les 11 pays Bassin du Congo, avec la participation des organisations régionales, des institutions financières internationales et des principaux bailleurs de fonds, afin d’examiner plus en détail la note d’idée de projet du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo associé à un plan d’actions.
« Il y aura des réunions ministérielles, des experts et partenaires pour la mise en œuvre des mécanismes. Parce qu’il faut identifier les mécanismes et renforcer les capacités. Donc nous appelons la Communauté internationale à soutenir le Fonds bleu », a renchérit le président Sassou Nguesso.
Le bassin du Congo couvre 220 millions d’hectares de forêts ce qui fait de lui le 2ème bassin du monde après l’Amazonie. Il s’avère que le Bassin du Congo perd 4 millions d’hectare de forêt chaque année.