Télécel-Centrafrique : Plongée dans les eaux troubles d’un conflit financier aux allures mafieuses
Bangui, 21 août 2023 (CNC) – Le paysage financier de la République centrafricaine continue de faire les gros titres, cette fois avec un affrontement tendu entre le gouvernement et la société de la téléphonie mobile Télécel-Centrafrique. Ce bras de fer, qui semble avoir emprunté les méthodes douteuses d’une mafia russe, soulève des questions profondes quant à la transparence des transactions gouvernementales et à la viabilité de l’environnement des affaires dans le pays.
L’État centrafricain, fragilisé par plus d’une année de difficultés financières, se retrouve à jongler avec les fonds du trésor national pour éviter une catastrophe économique imminente. Toutefois, les tactiques utilisées pour obtenir des liquidités suscitent des inquiétudes croissantes, évoquant les opérations douteuses d’une mafia bien rodée. En effet, les coulisses de ce qui semble être un véritable braquage d’État au détriment de Télécel-Centrafrique révèlent un tableau complexe et sombre.
Le différend entre la société de téléphonie mobile Télécel et le gouvernement trouve sa source dans le non-paiement des impôts et taxes par Télécel à l’État. Pourtant, il s’avère que Télécel n’est pas en reste en ce qui concerne les accusations. Selon les autorités, la société doit un montant exorbitant de 6 milliards de francs CFA, une affirmation que Télécel réfute catégoriquement. Selon elle, seuls 2,3 milliards de francs CFA restent à régler en termes de taxes et d’impôts, et en outre, elle accuse le gouvernement d’une dette de 2 milliards de francs CFA.
Le conflit s’intensifie alors que Télécel exige du gouvernement qu’il procède à une compensation et lui accorde un délai de deux semaines pour le règlement final de la somme restante de 300 millions de francs CFA. Le gouvernement, de son côté, rejette les calculs de Télécel, insistant pour que l’entreprise règle intégralement les 6 milliards de francs CFA. La situation s’enlise davantage lorsque Télécel recourt à un cabinet d’expertise international pour trancher le litige. À la surprise générale, l’expertise penche en faveur de Télécel, certifiant la validité de ses arguments. Néanmoins, le gouvernement persiste dans sa position et exige toujours le paiement intégral de 6 milliards de francs CFA.
Le vendredi dernier, le gouvernement a réagi de manière radicale en envoyant une équipe de fiscalistes pour fermer l’ensemble des agences commerciales de Télécel, en maintenant cette mesure jusqu’à la résolution de la querelle. Certains observateurs soulignent que cette manœuvre reflète la situation financière désespérée du gouvernement, exacerbée par le référendum de juillet 2023. Le besoin urgent de liquidités semble pousser les autorités à adopter des tactiques peu orthodoxes, remettant en question leur crédibilité et leur engagement envers les partenaires commerciaux.
L’ombre de la mafia plane également au-dessus de cette affaire complexe. Des voix s’élèvent pour suggérer qu’il pourrait y avoir plus que ce qui apparaît à la surface. Certains observateurs centrafricains pointent du doigt les hauts cadres de Télécel, en particulier le directeur commercial, Hervé Péndéro, ainsi que la directrice générale, accusés de manipuler les ficelles de ce drame financier. Les spéculations sur d’éventuelles activités illicites cachées derrière cette dispute financière alimentent le scepticisme quant à l’intégrité des parties impliquées.
Finalement, cette confrontation entre le gouvernement et Télécel-Centrafrique expose un tableau bien sombre. Outre les enjeux financiers, elle soulève des préoccupations plus larges quant à la manière dont les investisseurs internationaux perçoivent la République centrafricaine. Les actions du gouvernement, tout comme les accusations portées contre Télécel, remettent en question la stabilité du pays en tant que partenaire commercial viable. Les discours rassurants du leadership politique semblent en contradiction avec les agissements en coulisse, laissant les investisseurs potentiels perplexes quant à leur engagement futur dans le pays.
Par Gisèle MOLOMA
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