Silence et indignation : analyse des différentes réactions aux massacres de Kouki et de Bohong
La République centrafricaine est depuis plusieurs années le théâtre d’une violence indéfendable, illustre de manière frappante le principe du « deux poids, deux mesures ». Le cas palpable est celles de Kouki dans l’Ouham, perpétré par les mercenaires du groupe Wagner, et celles de Bohong, dans l’Ouham-Pendé, perpétré, selon les autorités locales, par les éléments rebelles de 3R.
La République centrafricaine (RCA) est depuis longtemps un foyer de tensions et de violence. Parmi les nombreux épisodes tragiques qui jalonnent son histoire récente, deux massacres, survenus dans des circonstances différentes mais avec une proximité géographique et temporelle, offrent une illustration frappante des disparités dans les réactions qu’ils ont provoquées, tant au niveau national qu’international.
Massacre de Kouki, 50 morts, silence générale, la peur de Wagner
Dans la ville de Kouki, dans la préfecture de l’Ouham, un massacre perpétré par des mercenaires russes du groupe Wagner sur deux sites miniers a fait plus de cinquante morts, dont des femmes et leurs enfants. Malgré l’horreur et les preuves photographiques, un voile de silence semble avoir été jeté sur cet événement.
« Personne n’en parle, tout le monde a peur de Wagner », confie un témoin sous couvert d’anonymat, soulignant l’influence et la terreur qu’impose le groupe paramilitaire russe, étouffant toute tentative de condamnation ou même de débat public. Même la Minusca, étant au courant, préfère ne dit un mot sur ce massacre.
Massacre de Bohong: 17 morts, et d’énorme bruit
A l’inverse, le massacre de Bohong, attribué aux rebelles de 3R dans l’Ouham-Pendé, avec un bilan de dix-sept victimes, a provoqué une onde de choc bien au-delà des limites de la ville. Cette tragédie a été largement relayée par les médias, suscitant de vives condamnations de la part du gouvernement et de la communauté internationale par la voix de la Minusca.
« On parle beaucoup, c’est le gouvernement qui parle », note un autre témoin, illustrant la différence de traitement médiatique et politique entre les deux tragédies.
Pris entre deux feux : la RCA et ses citoyens
Ces deux massacres, bien que fondamentalement condamnables et reflétant la violence qui déchire le tissu social et humain de la République centrafricaine, ont été perçus et traités de manière radicalement différente. D’un côté, le silence et la peur dictés par la présence menaçante de Wagner ; de l’autre, une mobilisation vocale contre les exactions des groupes rebelles. Cette dichotomie soulève de profondes questions sur l’équité de la justice et de la couverture médiatique dans le pays.
Les témoignages de la population locale mettent en évidence cette disparité. Un habitant de Kouki se lamente :
« Le groupe Wagner met la pression, instille la peur chez tout le monde, et tout le monde se tait. » En revanche, l’indignation suscitée par les actions des rebelles des 3R témoigne d’une volonté de condamner, mais aussi de comprendre et de prévenir ces actes de violence.
Tiraillée entre deux drames, la République centrafricaine révèle les failles d’un système où la justice et l’attention médiatique ne sont pas réparties de manière égale.
NDLR : Cet article vise à mettre en lumière ces inégalités, en espérant qu’une prise de conscience collective puisse conduire à une justice plus juste pour tous les Centrafricains, quels que soient les auteurs de ces actes barbares. Les massacres de Kouki et de Bohong, bien que différents par leur nature et leur réception, soulignent l’urgence de lutter contre l’impunité sous toutes ses formes, afin que l’écho d’une condamnation unanime et retentissante de toutes les formes de violence puisse enfin se faire entendre.
Par Alain Nzilo
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