Bangui (République centrafricaine ) – En 1994, lors du déclenchement du génocide au Rwanda, Félicen Kabuga présidait la Radio télévision libre des mille-collines, qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsis, et le Fonds de défense nationale qui collectait « des fonds » destinés à financer la logistique et les armes des génocidaires
Il résidait en banlieue parisienne sous une fausse identité. Félicien Kabuga a été arrêté samedi matin à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Cet homme de 84 ans est considéré comme le « financier du génocide rwandais » et l’un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale. Il est accusé d’avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l’ONU.
Il est visé par un mandat d’arrêt du Mécanisme international, la structure chargée d’achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR). Selon le communiqué des autorités françaises, il faisait partie des « fugitifs les plus recherchés au monde ».
Son arrestation montre que « les responsables de génocide peuvent être contraints de rendre des comptes, même vingt-six ans après leurs crimes », a commenté le procureur du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), Serge Brammertz, dans un communiqué.
Son entreprise aurait importé des machettes
En 1994, Félicien Kabuga – dont une fille était mariée à un fils du président rwandais Juvénal Habyarimana – appartenait au cercle restreint de ce dernier, dont l’assassinat, le 6 avril 1994, allait déclencher le génocide. Il présidait la Radio télévision libre des mille-collines (RTLM), qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsi, et le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait « des fonds » destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l’acte d’accusation du TPIR. Il est également accusé d’avoir « ordonné aux employés de sa société […] d’importer un nombre impressionnant de machettes au Rwanda en 1993 », avant de les faire distribuer en avril 1994 aux Interahamwe.
Réfugié en Suisse en juillet 1994 avant d’être expulsé, Félicien Kabuga avait ensuite temporairement rejoint Kinshasa. Il avait été signalé en juillet 1997 à Nairobi, où il avait échappé à une opération destinée à l’arrêter, puis à une autre en 2003, selon l’ONG spécialisée TRIAL.
Avec 20minutes.fr