Les Russes saluaient en “héros” les pilotes d’un Airbus A321, qui a effectué jeudi un atterrissage d’urgence spectaculaire dans un champ de maïs avec 233 personnes à son bord, après avoir percuté un vol de mouettes.
En début de matinée, l’appareil de la compagnie aérienne russe Ural Airlines a décollé de l’aéroport de Joukovski, dans la banlieue de Moscou, à destination de Simféropol, capitale de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014 par la Russie.
Mais au décollage, l’avion à bord duquel se trouvaient 226 passagers et sept membres d’équipage “a percuté un vol de mouettes”, dont plusieurs se sont retrouvées dans les moteurs de l’Airbus provoquant “d’importantes perturbations dans leur fonctionnement”, selon l’Agence fédérale d’aviation Rosaviatsia.
L’équipage de l’avion a alors décidé d’atterrir d’urgence “dans un champ de maïs (…) situé à plus d’un kilomètre de la piste de décollage, sans train d’atterrissage”, a expliqué l’agence, en soulignant qu'”aucun incendie ne s’est déclaré à bord”.
L’incident a fait 74 blessés dont 19 enfants, selon les services de secours. La plupart d’entre eux ont reçu une assistance médicale avant d’être renvoyés chez eux, tandis qu’une femme de 69 ans a été hospitalisée, a précisé le ministère de la Santé.
– “Savoir-faire fantastique” –
“Félicitons les pilotes, des héros qui ont sauvé des vies et qui ont fait atterrir l’avion”, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tandis que le Premier ministre Dmitri Medvedev a demandé qu’ils soient décorés.
“Grâce au professionnalisme de l’équipage et à ses actes coordonnés, l’atterrissage n’a pas abouti à des conséquences tragiques”, s’est de son côté félicitée la compagnie aérienne Ural Airlines, basée à Ekaterinbourg dans l’Oural.
“L’équipage de la compagnie de l’Oural a fait preuve d’un savoir-faire fantastique et de maîtrise de soi”, s’est enthousiasmé sur Instagram le gouverneur de la région, Evgueni Kouïvachev. Le commandant de bord Damir Ioussoupov, originaire d’Ekaterinbourg, et son équipe “ont sauvé 233 vies. Ce sont des héros”, a-t-il souligné.
Les pilotes ont également été remerciés dans de nombreux messages sur les réseaux sociaux, envoyés par les passagers de l’avion.
“Je suis reconnaissant aux pilotes autant qu’à Dieu, parce que nous avons atterri et parce que nous ne nous sommes pas écrasés”, a écrit l’un d’entre eux sur Twitter.
“Tout le monde est vivant! Le pilote est un génie!” a déclaré au quotidien populaire Komsomolskaïa pravda une autre passagère, Olga, en affirmant que l’atterrissage d’urgence réussi avait été salué par des “applaudissements”.
L’équipage a “aidé à évacuer et se souciait entièrement de nos vies. Il me semble que grâce à cela, tout a bien fini pour nous”, a raconté à l’agence Ria Novosti Ekaterina Svetchnikova, une autre passagère de l’A321.
– Les décharges en cause? –
Une enquête a été ouverte après cet incident et une commission spéciale du Comité intergouvernemental d’aviation (MAK), chargé d’enquêter sur les accidents aériens en Russie, a été créée pour en étudier les circonstances.
Certains experts ont pointé du doigt le problème des ordures à Moscou, où se sont multipliées ces dernières années les décharges illégales, parfois situées à côté des aéroports et qui attirent toutes sortes d’oiseaux.
“Le problème avec les oiseaux est énorme”, relève ainsi l’expert en sécurité aérienne Alexandre Romanov auprès de Ria Novosti. “Il est lié notamment aux décharges ouvertes en violation de toutes les règles.”
Selon les riverains, il existe une décharge illégale, située entre l’aéroport de Joukovski et la rivière Moskova, où des mouettes se réunissent en permanence. Une enquête sur cette décharge a également été ouverte, selon l’agence publique TASS.
Les autorités locales ont pourtant nié qu’un tel site se trouve près de l’aéroport, assurant que le plus proche avait été fermé en 2012 et que les oiseaux ne s’y rassemblent plus faute de nourriture, malgré une demande officielle du ministère de l’Ecologie de vérifier les environs.
La gestion des déchets est un problème criant en Russie, où plus de 90% des 70 millions de tonnes annuelles d’ordures ménagères finissent dans des décharges, notamment à Moscou où tous les sites sont saturés jusqu’à en devenir dangereux pour les populations avoisinantes.
Malgré de nombreuses manifestations de mécontentement et une réforme entrée en vigueur le 1er janvier, les autorités traînent à prendre le problème au sérieux.
AFP/VOA