RSF l’affirme : la Centrafrique, un enfer pour les journalistes sous un régime répressif

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RSF l’affirme : la Centrafrique, un enfer pour les journalistes sous un régime répressif

 

RSF l’affirme : la Centrafrique, un enfer pour les journalistes sous un régime répressif
L’actuel minisre de la communication, Maxime Balalou, également porte-parole du gouvernement

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Reporters sans frontières met les pieds dans le plat : en République centrafricaine, les journalistes risquent leur peau face à un régime qui enchaîne les intimidations. Le tableau officiel de la liberté cache une réalité bien plus sombre.

 

En effet, ce lundi 7 avril 2025, le gouvernement centrafricain fanfaronne sur les ondes de Radio-Centrafrique, bombant le torse avec une fierté mal placée. La raison ? Un rapport tout frais de l’ONG internationale Reporters sans frontières (RSF), qui note qu’aucun journaliste n’a été emprisonné en 2024. Et pour 2025, Quatre mois dans l’année, et déjà le régime s’empresse de claironner cette prétendue victoire,  une première dans sa hâte à exploiter un bilan flatteur. Mais ce rapport, aussi médiatisé soit-il par le pouvoir, ne dit pas tout. RSF précise que le pays reste un bourbier pour les journalistes, un lieu où la liberté de la presse est un luxe rare, étouffé par des années de répression et d’intimidations.

 

En réalité, les journalistes centrafricains savent bien que derrière les micros officiels, le danger rôde. Les menaces planent, les arrestations frôlent, et le silence devient une question de survie. Prenez l’exemple récent d’un reporter de la radio Ndéké-Luka. Il y a deux mois, en février 2025, ce journaliste a eu l’audace de vouloir enquêter sur un sujet tabou : les abbés catholiques qui, malgré leurs vœux de chasteté, mènent des vies parallèles avec femmes et enfants. Parmi les noms dans son viseur, Évariste Ngamana, ancien abbé devenu premier vice-président de l’Assemblée nationale. L’enquête a vite tourné court. Ngamana l’a intercepté dans son bureau, furieux, et a appelé la police pour l’arrêter. Le reporter n’a échappé aux menottes que grâce à l’intervention rapide de ses responsables à la radio. Aucun emprisonnement, dira-t-on en 2025 ? Peut-être, mais la menace était bien là, palpable, à deux doigts de se concrétiser.

 

Rappelons le, en 2024, deux journalistes centrafricains de la chaîne française France 24 ont été violemment agressés par le ministre de la Sécurité publique sur l’avenue de l’Indépendance, à seulement 50 mètres de l’ambassade d’Afrique du Sud à Bangui. Alors qu’ils réalisaient un reportage sur la levée de l’embargo sur les armes par le Conseil de sécurité des Nations unies, interrogeant des passants, le ministre, passant en voiture, a repéré le logo de la chaîne. Il s’est arrêté, est descendu et les a personnellement frappés avant de les faire jeter dans une cellule de l’Office central de lutte contre la drogue, tout près du lieu de l’incident. Ce n’est qu’après une forte pression médiatique qu’ils ont été libérés, révélant une fois de plus la brutalité du régime envers la presse.

 

L’année précédente, la répression a pris des formes encore plus sombres. Igor Djeskin Sénapaye, un autre journaliste à la radio Ndéké-Luka , chargé de couvrir les activités parlementaires, s’est vu banni de l’hémicycle de l’Assemblée nationale par le même Évariste Ngamana. Son crime ? Une émission où il a diffusé une information qui a mis Ngamana hors de lui. Le vice-président a accusé Sénapaye de manipuler les faits, et l’interdiction est tombée comme un couperet. Depuis, un autre reporter a pris sa place, pendant que Sénapaye reste écarté, symbole d’un pouvoir qui ne supporte pas la lumière. Par ailleurs, un autre journaliste centrafricain ayant collaboré avec le groupe Wagner a fui le pays pour se rendre en France. Il a même  livré des témoignages accablants à la presse internationale. Ses révélations, publiées par RFI, France Télévisions, Le Figaro et Le Monde, ont exposé les dessous troubles du régime et ses alliés russes. Son nom circule encore dans les fichiers du groupe Wagner. Toujours en 2024, un autre reporter a frôlé la détention à la prison de camp de Roux , à Bangui. Menacé d’arrestation, il a disparu depuis, et personne ne sait où il se trouve ,  un mystère qui glace le sang.

 

Retournant en 2023 : la répression battait déjà son plein. Un journaliste travaillant pour la Commission nationale pour les réfugiés a été brutalement arrêté à Moungoumba, une localité frontalière de la RCA. Accusé par le chef d’état-major d’avoir transmis des informations sensibles au journal Corbeaunews, il a été ramené à Bangui, incarcéré à l’Office central de répression du banditisme (OCRB), puis torturé au camp de Roux. Tabassé sans relâche, il a payé le prix d’une vérité que le pouvoir voulait étouffer.

 

Cette année-là, les arrestations de journalistes n’étaient pas rares, mais un cas emblématique remonte encore plus loin, à 2022. Christian Azoudaoua, alias Sassou, directeur de publication du journal Le Charpentier, a été interpellé le 6 septembre en plein centre-ville de Bangui. Vers 14 heures, devant le kiosque du GEPPIC, trois gendarmes à moto l’ont embarqué sous les yeux des passants. Son tort ? Un article sur un détournement de fonds à l’Assemblée nationale impliquant Évariste Ngamana. Après dix jours de garde à vue à la Section de recherche et d’investigation, il a été déféré le 16 septembre à la prison de Ngaragba, jeté en isolement parmi les criminels les plus violents. Les conditions étaient inhumaines, comme il l’a confié à un confrère venu le visiter.

 

Et aujourd’hui, en avril 2025, les prisons débordent encore. En deux semaines, des dizaines de personnes  interpellées sans mandat judiciaire. Et même à la prison du camp de  Roux, des opposants, citoyens, même des aveugles et des vieux – ont été raflées sous l’accusation bidon de « coup d’État ». Ils pourrissent au camp de Roux ou à Ngaragba, des geôles où l’humanité n’a plus cours. Le député du 4e arrondissement, Dominique Yandocka, a passé un an en détention illégale avant d’être libéré. Pendant ce temps, Maxime Balalou, ministre de la Communication, peaufine la propagande, vendant au monde une Centrafrique apaisée qui n’existe que dans ses rêves.

 

Le rapport de RSF de 2024 notait qu’aucun journaliste n’avait été tué cette année-là. Mais entre ne pas tuer et laisser vivre, il y a un gouffre. Les intimidations, les quasi-arrestations, la peur qui ronge : voilà le lot des reporters. Le régime peut bien pavoiser à la radio, cette comédie ne trompe que les naïfs. La presse est à terre, et dire la vérité reste un acte de bravoure qui peut coûter cher….

 

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