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Référendum de la Honte : les électeurs ont boudé les urnes

Référendum de la Honte : les électeurs ont boudé les urnes

 

Le Premier ministre Félix Moloua après son vote à la mairie de Bangui
Le Premier ministre Félix Moloua après son vote à la mairie de Bangui

 

 

Bangui, 31juillet 2023 (CNC) – Ce dimanche 30 juillet 2023 restera gravé dans les annales de l’histoire de la République centrafricaine. Le Président Faustin Archange Touadera a convoqué près de 2 millions de citoyens centrafricains pour se prononcer sur le projet de sa nouvelle constitution. Toutefois, dès l’annonce du référendum, l’opposition a dénoncé cette initiative, la considérant comme une manœuvre grossière visant à le maintenir indéfiniment au pouvoir au-delà des limites fixées par la constitution actuelle de 2016. Les voix de l’opposition se sont unies pour appeler au boycott, s’opposant fermement à la volonté du parti au pouvoir.

 

Le jour du scrutin, le constat est sans appel : les bureaux de vote sont désespérément vides, et les membres des bureaux sont devenus à la fois organisateurs et votants, remplissant frauduleusement les urnes de bulletins en faveur du “Oui” à la nouvelle constitution. Un triste spectacle qui révèle l’ampleur de la manipulation en cours.

 

Derrière cette manœuvre politique douteuse, les influences étrangères semblent se faire sentir. En effet, le Président Touadera  semble être poussé par les intérêts russes de Vladimir Poutine, cherchant à étendre son pouvoir de façon illégitime. Pour ce faire, le contournement des verrous constitutionnels est inévitable, et c’est précisément ce que le président actuel a tenté de faire, au mépris des principes démocratiques les plus élémentaires. Cette démarche ne fait que jeter le discrédit sur les institutions démocratiques et les fondements de l’État de droit.

Centre de vote lycée Barthélémy Boganda
Centre de vote lycée Barthélémy Boganda

 

Dès le début, le processus du référendum était entaché d’irrégularités massives, mettant en lumière des violations flagrantes de la constitution et des droits de l’homme. Il est navrant de constater que le pouvoir en place a préféré employer des méthodes brutales et illégales plutôt que de faire preuve de transparence et de respect envers la volonté du peuple.

 

Le jour du référendum, nos équipes se sont déployées sur le terrain pour observer la situation. Le constat est alarmant : en plus de l’absence quasi-totale des électeurs, des scènes de trucage des résultats ont été largement documentées. Dans les bureaux de vote de Bangui et de certaines villes provinciales telles que Paoua, Bouar, Baoro, Carnot, Bozoum et Bocaranga, il était difficile de rassembler ne serait-ce que 5 électeurs. Cela a permis aux membres des bureaux de vote de prendre le relais et de voter à la place des électeurs absents, faussant ainsi totalement le résultat attendu.

 

Le summum du déshonneur a été atteint à Bocaranga et Kabo, où les autorités locales ont déployé les forces armées pour traquer individuellement les électeurs et les contraindre à se rendre aux urnes. Ces méthodes coercitives et antidémocratiques suscitent l’indignation et l’opprobre.

 

Face à cette mascarade, l’opposition a remporté une victoire morale indéniable en appelant au boycott et en refusant de cautionner ce simulacre de démocratie. La crédibilité du régime en place en sort gravement entachée, compromettant davantage la confiance des citoyens dans leurs institutions.

 

Rappelons que ce référendum de la honte aura été un fiasco pour le gouvernement actuel, révélant l’étendue de la crise politique et démocratique qui secoue la République centrafricaine. Les responsables de cette manœuvre douteuse devront rendre des comptes devant le peuple et la communauté internationale. Il est grand temps de restaurer l’intégrité et la dignité de la démocratie en République centrafricaine et de laisser la volonté populaire s’exprimer librement, sans manipulation ni ingérence étrangère.

 

Dans nos prochains articles sur CNC, nous continuerons d’analyser en profondeur les conséquences de cette journée sombre pour la nation centrafricaine et ses perspectives d’avenir.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

 

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