Bangui, République centrafricaine, lundi, 07 décembre 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Et le verdict tant attendu de la Cour Constitutionnelle tomba le début d’après-midi du Jeudi 03 Décembre. Parmi les cinq invalidés, il y a bien sur François Bozizé, leader du KNK et considéré depuis peu comme le « protégé » des champs Elysées. Doit-on parler à ce jour de la fin du « mystère » français dans le jeu électoral centrafricain ?
Pour mémoire, depuis son évincement par la coalition Séléka en 2013, le général d’armée François Bozizé n’était plus jamais rentré au pays. En plus du fait qu’il y avait la relativité du climat sécuritaire, il y a surtout les sanctions des Nations Unies qui pesaient contre lui ajouté à l’arrêté ministériel qui l’empêchait d’être embarqué par les compagnies aériennes.
Cependant, contre toute surprise, vers la fin de l’année 2019, le KNK son parti annonce son retour éminent au bercail. Un retour placé sous le signe de la clandestinité et donc contre tout contrôle des services de renseignement.
Si Bozizé est rentré de son exil de l’Ouganda sans passer par les formalités administratives légales, comment donc est-il rentré ? Depuis Décembre 2019 où son retour avait été annoncé jusqu’à ce que nous mettions sous presse, aucun itinéraire n’a été révélé pour ce retour inopiné.
Déjà au départ, certaines sources évoquaient sont rapatriement à bord d’un aéronef et sous la haute commande de l’armée française sur place à l’aéroport Bangui-M’Poko. Cette thèse soutenue vaille que vaille par les proches du pouvoir voudraient simplement imputer à la France le retour inopiné de François Bozizé à quelques douze mois des élections, en vue de l’opposer à son ancien disciple Faustin Archange Touadéra.
Pis, dès son retour, Bozizé semble acquérir une certaine forme de légitimité à la fois politique que juridique. L’homme multiplie les meetings et fait braquer sur lui les regards des médias d’ici et d’ailleurs. Une situation qui ne manque pas de gêner les victimes des crises centrafricaines aussi bien que le pouvoir en place.
Bozizé s’est vite mis dans la veste de l’opposition démocratique réunie au sein d’une coalition. Par contre, son conseil juridique a de quoi à faire péter les nerfs. Un certain Nicolas Tiangaye, considéré comme un des tombeurs de Bozizé en plus de Me Albert Panda Gbianimbi ou encore de Me Jean-Louis Opalegna, lui-même un des cadres du parti KNK.
Face à de telles couvertures, l’on ne pouvait imaginer que la candidature de François Bozizé allait être validée par la Cour Constitutionnelle. Car, pour beaucoup, la victoire juridique du conseil de Bozizé lors du procès lié à l’abrogation de l’arrêté interministériel n’était qu’une partie remise de cette bataille politico-juridique.
Là où l’on était tenté de croire les tenants permanents du complot est pourquoi les poursuites judiciaires contre Bozizé trainaient-elles encore les pas alors que les victimes réclamaient à grosse voix justice ?
Pour les proches de Touadéra, si jusque-là Bozizé n’est pas arrêté, ca sent COMPLOT, ca sent la FRANCE… vrai ou faux ? Nul ne le sait, seulement que le dernier verdict de la Cour Constitutionnelle vient néanmoins rétablir une part de vérité. La France ne joue pas forcément la carte de Bozizé dès lors que l’ancienne puissance coloniale est elle aussi bien consciente des cadavres que Bozizé traine encore dans son tiroir.
Par ailleurs, s’il y avait une brèche pour croire à cette « thèse complotiste », cela devrait sans doute être lié au conflit diplomatique ouvert engagé depuis peu sous le règne de Faustin Archange Touadéra. La France consciente des « infimes » marges de manœuvre accordées à celle qu’on qualifie de partenaire traditionnelle, il y avait besoin de croire que cette dernière puisse s’impliquer pour ramener à Touadéra son « meilleur ennemi ».
Que nenni ! Bozizé est venu pendant longtemps faire son « show man » ravissant à Touadéra cette petite partie de crédibilité et de popularité qui lui restait. Clairement, le régime est déséquilibré et le gap est énorme. Avec Bozizé invalidé, le régime pourrait-il désormais prendre le leadership de l’animation de la vie politique ? Ou bien la stratégie derrière était de plébisciter Bozizé, déséquilibrer Touadéra, l’invalider puis mettre en avant un candidat de l’opposition plus propre et crédible ?
De toute façon, les analyses faites jusque-là n’ont rien à voir de scientifiques. Ce sont des idées prises ca et là afin de commenter ou de comprendre au mieux le jeu électoral à ces quelques semaines du scrutin. Ce qui est sur, l’invalidation de François Bozizé annonce néanmoins la fin du « mystère » français.
Par Anselme Mbata
Journaliste rédacteur
Alain Nzilo
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