Bangui ( République centrafricaine ) – après quelques heures d’audition à la section de recherche et d’investigation de la gendarmerie, la garde à vue du ministre délégué aux affaires étrangères, monsieur Chancel SEKODE NDEUGBAYI, qui a débuté ce samedi 4 avril, a été prolongée de 48 heures. Son parti le MLPC n’a pas encore réagi, mais d’ores et déjà, des voix s’élèvent de toute part pour dénoncer les dérives dictatoriales du Président Touadera.
Dans le cadre de l’enquête sur la délivrance du faux passeport diplomatique centrafricain à monsieur Dantism Sharam , un ressortissant iranien, signataire de plusieurs mémorandums d’entente avec les autorités centrafricaines, le ministre délégué aux affaires étrangères, monsieur Chancel SEKODE NDEUGBAYIa été placé en garde à vue à la section de recherche et d’investigation de la gendarmerie (SRI) ce samedi 4 avril.
Après quelques heures d’audition, sa garde à vue a été prolongée de 48 heures, c’est-à-dire jusqu’à lundi 6 avril.
Contactée par CNC, une source proche du dossier parle d’une contradiction entre sa déposition et celle de son chef de cabinet, également mises en cause dans l’affaire. Une procédure spéciale et très étonnante pour un ministre de la République, maintenu en prison juste pour une légère contradiction.
Du côté de son parti, le mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), allié du pouvoir, aucune déclaration n’a été faite, mais cela ne va pas tarder, si l’on en croit à un membre du bureau politique dudit parti interrogé par CNC.
Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux et dans les rues de Bangui, l’arrestation du ministre délégué fait réagir plus d’un. Certains parlent d’une manipulation politique, d’autres s’interrogent sur la manière dans laquelle la justice de notre pays, la République centrafricaine fonctionne.
D’ailleurs, si on en croit à leur déclaration, la principale suspecte dans cette affaire des faux passeports diplomatiques est bel et bien la ministre des Affaires étrangères, madame Sylvie Baïpou Temon elle-même. Elle n’a pas encore été entendue par les enquêteurs jusqu’à ce jour.
Mais que peut-on dire sur l’affaire de faux passeport diplomatique délivré à madame la domestique de la ministre Sylvie Baïpou Temon ?
Aussi souvenez-vous, dans un rapport de la haute autorité en charge de la bonne gouvernance, l’ancien ministre des Transports et de l’aviation civile, monsieur Théodore Jousso, un proche de la famille Touadera, avaient été accusés formellement d’avoir détourné des milliards de francs CFA du trésor public, mais il n’a jamais été inquiété jusqu’à ce jour. Il mène actuellement sa belle vie au Sénégal dans sa belle villa pavillonnaire, loin des rues poussiéreuses de la capitale centrafricaine qu’il a abandonnées.
Plus étonnant encore, tout récemment, cette même haute autorité de la bonne gouvernance a émis en 2019, un autre rapport très accablant pour la ministre de la Défense Marie-Noëlle KOYARA. Elle avait été accusée du détournement des deniers publics avec des preuves à l’appui, mais rien n’a été fait encore jusqu’à ce jour. Aucune enquête n’est ouverte à ce sujet, et la ministre garde son poste comme si de rien n’était.
Alors, qu’est-ce qu’on va dire sur le cas flagrant de l’honorable Jean Symphorien Mapenzi et du député Jean Michel Mandaba?
Le premier, accuser du détournement de plus de 2 milliards de francs CFA alloués pour la réhabilitation de la route Bossemptélé-Bozoum par sa société fictive SPEED MAT CENTRAFRIQUE. Tandis que le second, le député Jean-Michel Mandaba, formellement épinglé dans un rapport parlementaire pour avoir escroqué 40 millions de francs CFA des entrepreneurs chinois auxquels il avait faussement promis la délivrance d’un permis d’exploitation minière?
En tout cas pour les centrafricains, l’affaire de faux passeport diplomatique dans laquelle le ministre délégué aux affaires étrangères a été placé en garde à vue ressemble plutôt à un jeu politique du chef de l’État Faustin Archange TOUADERA contre son allié Martin Ziguélé, Président du parti MLPC, candidat déclaré à la prochaine présidentielle de 2020.
Affaire à suivre…
Gisèle MOLOMA
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