Bangui, République centrafricaine, jeudi, 2 septembre 2021, 02:13:04 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Dans une interview accordée à la radio Lengo Songo, Martin Ziguelé, député de Bocaranga 3, et Président du parti MLPC revient sur la destitution par la cour constitutionnelle de Monsieur Abdou Karim Meckassoua comme député. Selon lui, « Comment on peut utiliser une partie du rapport qu’on a totalement rejeté pour fonder une action pour juger de la moralité? ». L’homme politique revient également sur son intervention devant le conseil économique et social. Une interview choc, mais riche en idée et en proposition.
Ci-dessous l’intégralité de l’interview transcrite par la rédaction du CNC.
Radio Lengo-Songo ) RLS) : honorable Martin Ziguelé bonjour
Martin Ziguelé ( MZ) : bonjour
RLS : ont rappelé à nos auditeurs que vous êtes le président du parti mouvement de libération du peuple centrafricain et députés du Bocaranga 3. L’actualité oblige, le député de la deuxième circonscription du 3e arrondissement de Bangui, Monsieur Abdou Karim Meckassoua vient d’être destitué par la cour constitutionnelle suite à une requête de son challenger Ibrahim Alhissene Algoni qui devient par conséquent députés à sa place, quelle est votre réaction suite à cette décision. Pensez-vous que la cour constitutionnelle a vraiment dit le droit?
MZ : je vous remercie. Effectivement la décision de destitution d’un député, quel qu’il soit, est déjà une décision lourde de signification. Et la destitution d’un député de la carrure de Meckassoua, président d’un parti politique, ancien ministre d’État, ancien président de l’assemblée nationale ne peut que susciter des interrogations. Je ne suis pas du tout juriste, dont je ne veux pas me prononcer sur le plan du droit. La cour constitutionnelle dit qu’elle a raison d’avoir pris cette décision. L’avocate de Meckassoua et lui-même contestent la légalité de la décision. Donc c’est un problème de droit que je ne peux pas à mon niveau trancher parce que je ne suis pas juriste. Mais moi je suis un militant politique, je pense que compte tenu de la personnalité de la personne concernée, et compte tenu du fait que pour destituer Meckassoua il a été mis en avant un passage de rapport du groupe d’experts du conseil de sécurité des nations unies. Hors ce rapport a été totalement rejetée par le gouvernement. Donc moi j’ai des interrogations. Comment on peut utiliser une partie du rapport qu’on a totalement rejeté pour fonder une action pour juger de la moralité, parce qu’il s’agissait de la moralité d’un candidat aux élections législatives qui a été déclaré élu. Donc c’est des interrogations. Mais au-delà de tout cela, ça crée un malaise dans la démocratie centrafricaine. Nous venons de mettre en place un comité préparatoire du dialogue. Après ce comité il y’aura un grand dialogue, et l’objectif c’est d’arriver à la paix. Naturellement, le dialogue n’exclut pas la recherche de la vérité judiciaire. Ça n’exclut pas que la justice fonctionne mais lorsque nous voyons que la justice est très très proche de la politique, et les décisions judiciaires, même si par ailleurs elles étaient fondées, peuvent être considérées comme influencées par la mauvaise ambiance politique que nous vivons actuellement. Et moi en tant que militant, en tant que citoyen, ce que je veux pour mon pays c’est la paix.
RLS : Depuis quelques jours, on nous signale l’absence de Monsieur Meckassoua dans le pays paraît qu’il a pris fuite, et qu’il serait en France. Pensez vous qu’il se reproche quelque chose ?
MZ : Oui j’ai appris la nouvelle comme vous sur les réseaux sociaux. Il y’ a même le journal jeune afrique qui vient de publier un article en urgence que j’ai partagé mais pas dans les réseaux sociaux. Vous savez que la réaction d’un homme lorsqu’il se sent en danger c’est de se protéger. Et c’est ce qu’on appelle l’instinct de survie, ou chaque être humain lorsqu’il se sent menacé dans sa vie, il se met à l’abri. Je pense que c’est ce qu’il a fait. Je n’ai pas de preuves, je n’ai pas d’éléments, je n’ai pas de preuve pour savoir si effectivement il est sorti du pays, ou il est dans le pays. Mais ce qui se dit sur les réseaux, dans la presse internationale, comme je voulais dire, c’est qu’il est à l’extérieur du pays. Je suppose que c’est pour sa propre sécurité qu’il a cru devoir faire cela si cela était avéré, et cela me permet encore une fois de dire que c’est triste. Il ne faut pas que notre démocratie soit considéré comme l’oeil du cyclone. Nous avons vraiment intérêt à faire de sorte que des situations de ce type là nous la reverons plus.
RLS : monsieur le président, depuis quelques mois, le gouvernement à travers le ministère de la défense nationale, a lancé une grande opération de reconquête du territoire centrafricain entre les mains des groupes armés. Comment appréciez -vous cette opération? Pensez vous que cela a un impact positif
MZ : je vous remercie, mais vous savez ça fait deux ans, quand nous étions allés à Khartoum, parce que j’étais à Khartoum pour soutenir discussions qui ont mené à l’accord de paix de Khartoum. J’ai participé à plusieurs opérations de communication pour le soutenir l’accord de Khartoum. je suis membre même du comité exécutif de suivi de l’accord. C’est pour ma volonté de faire la paix, et la paix pour notre pays et pour nos compatriotes qui n’ont que trop souffert. Mais il vous souviendra que dès le mois de février 2009, j’étais en déplacement dans ma circonscription à Bocaranga, et je suis tombé dans une embuscade des 3r. Et ils vous souviendra également quand je suis revenu à Bangui, j’ai fait un point de presse pour dire que ce que j’ai vu sur le terrain, les groupes armés ont un double langage. D’abord ses groupes armés sont dirigés majoritairement par des étrangers. Ce que j’ai constaté. Et puis deuxièmement, ces roupes armés n’étaient pas disposés à faire la paix. Que leur participation au processus de paix n’était qu’un leurre. Ils trompaient tout le monde, et que nous risquons d’être surpris. Il fallait donc les frapper, détruire leur capacité militaire afin de donner une chance à la paix. Certains membres mêmes du gouvernement en charge du secteur de la sécurité ont considéré que j’étais un menteur, que je faisais de la publicité pour moi-même. Que je n’ai jamais été attaqué. Ça a été même écrit sur le site du ministère de la sécurité que ce n’était pas vrai. Où est ce que nous en sommes aujourd’hui. Donc moi j’étais en avance par rapport au discours officiel sur cette question. Donc pour moi on ne peut pas faire la paix lorsque la personne qui est en face à des armes. C’est clair! Le monopole de la violence appartient à l’état. Donc la position du MLPC est sans ambiguïté. Le monopole de la vilence doit revenir à l’État. Personne, aucun individu, aucun groupe ne doit détenir des armes et le retourner contre le peuple centrafricain. sur le territoire centrafricain.
RLS : et quelle est la situation actuelle de votre circonscription qui est majoritairement contrôlée par les éléments des 3R.
MZ : aujourd’hui ma circonscription est complètement bouclé. La population ne peut pas sortir des villages. À Bocaranga, aucune personne ne peut sortir à cinq kilomètres de la ville avec une moto ou un véhicule sous peine d’être attaqués. La moto brûlée, arrachées ou le véhicule brûlé. C’est l’enfer! Les gens vivent l’enfer, et vous savez très bien que c’est dans l’Ouham-Pendé que se trouve la principal base de 3R, est surtout dans le nord ouest de l’Ouham-Pendé dont les populations vivent un calvère. Et telle que les opérations militaires en cours,ça permet de libérer les villes comme Koui Ngaoundaye qui sont des grandes villes. Mais dans les villages autour,les groupes armés sévissent, et ils sont nombreux. Et nous arrivons vers le début de la saison sèche où la transhumance va commencer, donc ce sera vraiment la mort pour toute la population.
RLS : récemment lors de la deuxième session ordinaire du conseil économique et social, vous avez édifié l’assemblée sur un thème ou plusieurs participants ont apprécié, notamment la RCA face aux enjeux géostratégiques sécuritaire économique en temps de crise. Quels ont été les grands points saillants que vous avez touché? Si vous pouvez nous les rappeler.
MZ : oui, le président du conseil économique et social monsieur Alfred POLOKO m’a invité pour la quatrième fois pour intervenir sur une thématique à caractère économique parce qu’il s’agit de conseil économique et social. Ces des conseillers et ils donnent des avis sur les projets de textes, avis sur la situation du pays et donc il fallait que je me prête à cet exercice, mais cette fois ci la thématique était, j’allais dire « brûlante », puisqu’il s’agit de l’actualité. C’est notre pays en temps de crise. Face à la situation, je retiens que nous connaissons, notre pays la République centrafricaine face aux enjeux géostratégiques et économiques politiques sécurité en temps de crise, ça veut dire en français simple comment nous faisons nous en sortir dans un monde constitué de blocs. C’est ça la question, comment tirer notre épingle du jeu, pour arriver à sécuriser notre pays et à faire en sorte que l’état centrafricain soit toujours debout dans un monde où il n’ya pas d’amis. Où il n’y’a que des intérêts, et où il n’y’a que des blocs qui s’affrontent. Ma démarche était de dire que, il faut compter d’abord sur ses propres forces. Nous devons beaucoup travailler pour mobiliser beaucoup de ressources pour que le budget centrafricain soi élevé. Parce que si notre budget et élevé, nous avons l’argent. Avec cet argent, nous allons construire ou reconstruire une armée qui est capable de nous défendre. Si nous avons suffisamment d’argent, nous allons construire une économie où on peut donner des crédits aux jeunes entrepreneurs, aux femmes entrepreneures pour créer des entreprises, pour créer la richesse nationale, pour que les centrafricains aient à manger, à vivre décemment, aller à l’école, à s’instruire, à devenir de plus en plus instruits, à participer à la vie avec dignité dans ce monde qui est un monde du multilatéralisme, du chacun pour soi ou le mot ami n’existe pas, seulement vos intérêts qui existent. Pour exister, il faut avoir les moyens financiers, des moyens politiques et économiques. Et ça peut s’obtenir que par de pareil travail, ça peut s’obtenir en amont que lorsque nous sommes unis et dans la paix. C’est ça le sens du message que j’ai délivré au conseil.
RLS : et pensez vous qu’il est évident pour la RCA de pouvoir émerger, vu cette tension économique et sécuritaire qui pèse sur le pays
MZ : Ah oui! Je suis convaincu que nous allons nous relever, je suis convaincu, j’ai confiance parce que nous sommes un peuple. Et j’ai dit à un de vos confrères lors de l’émission que, ce que je trouve de positif, si j’ose dire ainsi, dans la crise actuelle, c’est que on perçoit une nette prise de conscience patriotique de la jeunesse centrafricaine. Ça c’est quelque chose qui n’existait pas il y’a quelques années. Ça existait dans les années 70, et ça a disparu, et sa apparait parce que c’est la jeunesse qui a renversé l’empire. Et c’est à cette occasion que le MLPC est né. C’est-à-dire les jeunes centrafricains, patriotes, ont décidé de mettre fin à l’empire. Ils l’ont payé de leur sang, c’est comme ça qu’on célèbre les martyrs qu’on a donné le nom de l’avenue des martyrs en janvier et avril 1979. Cette jeunesse patriotique, je la voit renaître un peu ces deux ou trois dernières années, c’est-à-dire jeunesse qui a conscience de la situation de son pays, qui a de plus conscience des défis auxquels son pays fait face et qui cherchent comment faire pour relever ces défis qui n’a pas de la bonne réponse, mais qui a les bons prérequis pour affronter les défis et faire que la RCA vive, et donc on ne peut qu’être optimiste lorsque les fils de ce pays, ceux qui vont nous remplacer demain, mais sont conscients qu’ils ont un pays à défendre, des acquis à défendre, et surtout un pays à développer et avec un esprit d’indépendance ou des grandes distances, c’est-à-dire dans une position de non aligné, mais de non alignée positive par rapport aux deux blocs qui poursuivent des objectifs qui ne sont pas les nôtres. Voilà comment je vois les choses
RLS : le programme de politique générale du gouvernement a été adopté récemment par les élus de la nation à l’assemblée nationale. Croyez vous en ce programme de politique générale du gouvernement?
MZ : un programme du gouverneur c’est une vision, c’est une promesse, c’est un engagement. Et on ne peut pas dire à priori ne que un programme ne peut pas être tenu on ne peut pas tenu. On ne peut pas dire à priori qu’un programme sera tenu. Mais il faut faire un pari avec l’avenir. Vous m’avez demandé tout à l’heure est-ce que j’étais optimiste. Mais on ne peut pas être optimiste et refuser de voter un programme. On vote le programme, on met chacun devant ses responsabilités. Comme je le dis souvent, dans un pays qu’on soit au pouvoir ou qu’on soit dans l’opposition, il ya deux choses fondamentales à mon avis, ça c’est la position du MLPC, ce que j’espère, il ya deux sujets sur lequel il ne devrait pas y avoir de bagarre entre les centrafricains : le premier c’est la sécurité de notre pays et de notre patrie. Le deuxième sujet c’est le bien-être de centrafricains, c’est-à-dire de l’économie de notre pays.Sur ces deux points là, il devrait pas y avoir d’opposition ni de pouvoir, parce que l’objectif qu’on recherche en politique en créant un parti politique c’est d’arriver au pouvoir, de le conserver, n’est ce pas ? Mais pourquoi pour que les centrafricains soient en séccurité, qu’ils vivent bien ou qu’il vivent mieux.
RLS : l’honorable Martin Ziguelé, nous rappelons à nos auditeurs que vous êtes le député du Bocaranga 3 est également président du parti mouvement de libération du peuple centrafricain. Radio Lengo Songo vous remercie.
MZ : je vous remerci…
Interview transcrite par la rédaction du CNC.