Bangui, 21 février 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – L’affaire a été révélée par le site d’information centrafricain « Tsunami’, et vérifiée par notre rédaction auprès de certains élus de la République. Ceux-ci ont confirmé l’information, et ajoutent certains détails inquiétants et scandaleux, incriminant l’ancien chef milicien Anti-Balaka Évariste Ngamana, devenu député, au passage premier vice-président de l’Assemblée nationale.
Évariste Ngamana et la société VOGUEROC
Selon le site d’information centrafricain « Tsunami », le mercredi 16 février 2022, le 1er vice – président de l’Assemblée nationale Évariste Ngamana a convoqué à une réunion d’urgence le bureau de l’Assemblée nationale, et ce, en lieu et place du président de l’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji, pourtant bien portant, présent et visible dans la capitale centrafricaine, selon ses proches. L’ordre du jour a porté essentiellement sur l’examen du projet de convention minière entre l’État centrafricain et la société VOGUEROC. S.A.R.L, aux fins d’autoriser le gouvernement a signé ladite convention, au regard des dispositions de l’article 60 de la constitution du 30 mars 2016. Après seulement quelques échanges, le bureau a autorisé à l’unanimité le gouvernement à signer cette convention.
Doute et recommandation de la commission ressources et production
Le site d’information « Tsunami » a également ajouté qu’après avoir déclaré la recevabilité du dossier, en la forme, à l’issue de sa séance en date du 21 septembre 2021, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé d’affecter le projet de cette convention à la Commission Production Ressources naturelles et Environnement pour obtenir son avis technique avant toute décision. Comme il fallait s’y attendre, la Commission aurait statué sur ce dossier et aurait relevé un certain nombre de graves irrégularités. De ce fait, des observations auraient été formulées, et des amendements proposés. Par une note en bonne et due forme, cet avis technique aurait été transmis au président de l’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji.
La société VOGUEROC, un réseau de mafia centrafricano – rwandaise ?
La société VOGUEROC, officiellement créée par un ressortissant rwandais par l’entremise du ministre des Mines et de la Géologie, Monsieur Rufin BENAM-BELTOUNGOU et Monsieur Pascal Bida- Koyagbélé, ministre des grands travaux à la présidence de la République. Selon eux, cette société émane directement du chef de l’État qui l’aurait amené du Rwanda. C’est une société du parti de Kagamé, Président du Rwanda qui aurait sollicité un permis d’exploitation minière auprès de l’État centrafricain. Mais la société, qui ne pèse pas plus qu’une plume, a un capital social de 1,5 million de francs CFA, voudrait obtenir un permis d’exploitation des diamants, de l’or, de titanium, de cobalt, de l’uranium et autres… (Sans préciser ce qui veut dire autres : un flou). Pour une société unipersonnelle qui a un capital social seulement de 1,5 million de francs CFA, elle demande un permis minier dans 5 villes du pays : Dimbi, Sosso-Nakombo, Bogoin, etc., sans pour autant situer les coordonnées géographiques (GPS) des lieux. Une véritable mafia au sommet de l’État. En plus, selon le code minier de la République centrafricaine, pour une demande d’une convention minière, il faut que la société dispose au minimum un capital social de 10 millions de francs CFA. Or, ce n’est pas le cas. Évariste Ngamana et sa bande ont outrepassé cette loi pour valider cette convention minière tout en ignorant le Président de l’assemblée nationale qui est pourtant présent dans la capitale.
Une société sans compte bancaire
Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que cette société fictive ne dispose pas de compte bancaire. À la demande de la Commission Production Ressources naturelles et Environnement de l’assemblée nationale, les Koyagbelé et consort sont partis à la banque CBCA ouvrir un compte bancaire rapidement pour afin soumettre les documents à l’Assemblée nationale. Est-ce que la RCA est un pays? Plus choquants, ils demandent un permis pour 25 ans dans 5 villes minières de la RCA.
Mais qu’est-ce qui pousse Évariste Ngamana et ses collègues à valider le projet ?
D’après notre analyse, cet ancien chef milicien Anti-Balaka devenu député, qui a récemment distillé des informations dans la presse selon laquelle le Président de l’assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji aurait touché un pot-de-vin des mains des investisseurs chinois engagés dans l’exploitation de l’or et diamant en République centrafricaine, devient à son tour auteur d’une gigantesque mafia. En décidant de valider à tout pris cette convention minière pour préparer sa réélection au poste du premier vice-Président de l’assemblée nationale au mois de mars prochain, il a sacrifié le pays pour des intérêts personnels. Ceci n’est rien que du gangstérisme, de la mafia à la colombienne. Plus étonnant aussi, il avait décidé pourtant de sensibiliser ses collègues députés pour engager une motion de destitution du Président de l’assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji le mois prochain. À quoi joue ce tintin? En tout cas, le député Évariste Ngamana, droit dans ses bottes, décide d’appliquer la loi de l’omerta de la mafia à l’Assemblée nationale.
Rappelons qu’il y a trois ans, l’assemblée nationale avait été éclaboussée lorsqu’une vidéo avait été projetée montrant le député Jean-Michel Mandaba empoché les 40 millions, un fait qui l’a contraint à reconnaître les faits et a demandé pardon quelques mois plus tard devant ses collègues réunis en commission.
Par Gisèle MOLOMA
Journaliste rédacteur
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