Bangui, 31 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – En émettant de doute sur la réelle volonté du chef de l’État Faustin Archange Touadera de tenir un véritable dialogue inclusif, les opposants au régime ont décidé de s’unir contre le gouvernement. Suite à la réactivation du dossier de la levée d’immunité parlementaire de certains leaders de l’opposition démocratique, celle-ci a décidé de retirer ses représentants du Comité d’organisation du Dialogue républicain. Plusieurs rencontres avaient eu lieu pour tenter de débloquer la situation, dont une pourtant avec le Président de la République n’a pas permis d’obtenir les résultats escomptés. Pour elle, la responsabilité du blocage du dialogue incombe au pouvoir, et réitère son exigence de l’abondant de l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de compte politiques. Concomitamment au blocage du dialogue, l’opposition dénonce aussi la détérioration de la situation sécuritaire dans l’arrière-pays et ses fâcheuses conséquences sur les populations.
Ci-dessous l’intégralité de la déclaration de l’opposition démocratique.
DÉCLARATION DE L’OPPOSITION DÉMOCRATIQUE
La situation socio-politique et sécuritaire quotidienne de la République Centrafricaine pose avec acuité l’urgente nécessité de la tenue du dialogue dont la dynamique de l’organisation bute au manque de volonté du pouvoir et de sa sincérité à l’organiser effectivement.
En effet, ne prenant pas la bonne mesure de l’immense espoir que les populations centrafricaines placent dans ce dialogue, le pouvoir multiplie les entraves incompréhensibles à son organisation mais qui en disent long sur sa finalité.
Pris au piège de la mauvaise foi, il désigne l’Opposition démocratique comme responsable du blocage, à travers une campagne de lynchage médiatique sur les ondes des radios Centrafrique et Lengo Songo. D’ailleurs le message du Président TOUADERA à la Nation du 1r janvier 2022 en est la typique illustration.
Les Partis politiques réunis dans l’Opposition démocratique tiennent à rappeler à l’opinion nationale et internationale ce qui suit :
La tenue du dialogue est une exigence de l’Opposition qui remonte à la période préélectorale et qu’elle justifiait par les problèmes dont l’accumulation allait inévitablement altérer le processus électoral et fausser les résultats des scrutins avec des conséquences socio politiques graves;
suite aux manœuvres du pouvoir dont l’objectif manifeste mais inavoué est d’éliminer de la scène politique nationale certains Députés et personnalités de l’Opposition, celle-ci a retiré ses représentants du Comité d’organisation du Dialogue Républicain ;
Plusieurs rencontres pour tenter de débloquer la situation ainsi créée dont une pourtant avec le Président de la république n’ont pas permis d’obtenir les résultats escomptés.
En définitive, l’Opposition démocratique rejette fermement la responsabilité du blocage du dialogue que le pouvoir lui impute et réitère son exigence de l’abondant de l’instrumentalisation de la justice à des fin de règlement de compte politique.
Concomitamment au blocage du dialogue, la détérioration de la situation sécuritaire dans l’arrière-pays et ses fâcheuses conséquences sur les populations, eu égard aux lourds bilans humain et matériels est devenue un grave sujet de préoccupation. Les cas des villes de Ngaoundaye, de Péndé et de Bria notamment en disent long sur la souffrance des populations de ces contrées.
Cette persistance de l’insécurité résulte essentiellement des options hasardeuses, insensées et donc inefficaces prises par les autorités en vue de sa résorption.
Nonobstant l’insécurité généralisée que rien ne semble arrêter, le pouvoir se prépare à célébrer – comble de l’indécence – le 3ème anniversaire de l’APPR, ce qui est une véritable insulte à la mémoire de milliers de nos compatriotes dont les vies ont été sacrifiées sur l’autel des desseins inavoués et des calculs politiciens du pouvoir.
L’urgence qu’impose l’organisation du dialogue vise principalement à offrir une tribune de réflexion commune aux filles et aux fils de notre pays en vue de trouver des solutions consensuelles à un problème auquel le pouvoir, depuis bientôt une décennie, ne parvient pas à résoudre durablement, quoique priorité du projet de société du Président TOUADÉRA.
Or, ce n’est qu’à la condition de ce dialogue inclusif que la chaîne de la violence aveugle contre les populations civiles – non parties à la crise – pourra être rompue pour leur permettre de sortir du danger, de la souffrance injustifiée et de la précarité pour retrouver la paix.
Une dimension non moins préoccupante de la situation de la République Centrafricaine est celle relative à la gouvernance.
En annonçant la lutte contre l’impunité l’épine dorsale de sa politique le 30 mars 2021, lors de son investiture pour un second mandat, le Président TOUADËRA a entretenu dans l’opinion, 1’illusion sur ses intentions réelles.
En effet, à l’épreuve du pouvoir, on assiste médusé à la caution apportée aux actes délictueux si ce n’est pas l’encouragement de leur commission. Les auteurs présumés des scandales politico financiers, véritables crimes économiques, à l’Assemblée Nationale, aux ministères des Finances et du Budget, des Transports, de la Défense, de la Sécurité Publique, de la Santé et des Populations, des Postes et Télécommunication, à lhôtel Ledger Plazza, à la Direction Générale des Bourses, ete. continuent de mener leur paisible vie sans que la moindre action judiciaire ne soit enclenchée à leur encontre.
C’est le cas par exemple des membres du Bureau de l’Assemblée Nationale qui ont vécu il y a quelques jours une scène surréaliste où le Président de cette institution est venu déposer 30 000 000 FCFA reçu d’une société chinoise désireuse obtenir l’aval du parlement pour sa convention minière.
Il en est de même pour le Ministère des Postes et Télécommunications qui a récemment bradé de milliers de mètres carrés de la cité Christophe au profit de Rayan au prix de 150 000 000 fcfa, alors que cette propriété vaut des milliards et qu’on a pas besoin de la brader et ceci, sans l’aval du Conseil d’Administration de Poste.
A propos, tous les rapports et la saisie de la Haute Autorité chargé de la Bonne Gouvernance sans systématiquement classés sans suite. Pendant ce temps, les caisses du Trésor sont vides et l’Etat peine à assumer ses obligations régaliennes.
Pire, des crimes de sang comme le cas de Monsieur Hassan Bouba restent
l’exemple emblématique quant à la volonté du pouvoir à garantir l’impunité aux criminels des populations centrafricaines. Les preuves sont suffisamment fourni par le Président TOUADÉRA aux Centrafricaines et aux Centrafricains pour démontrer qu’il n’est pas homme à tenir parole et que pis, il ne fait pas ce qu’il dit ou annonce en plaçant les intérês
de leurs assassins au centre de ses préoccupations.
L’Opposition démocratique réitère sa volonté quant à la tenue du dialogue politique inclusif afin que le pays puisse retrouver le chemin de la paix.