Bangui ( République centrafricaine ) – Ces deux chefs Anti-Balaka, selon des sources judiciaires, pourraient être transférés devant la cour pénale spéciale (CPS) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Mais d’ores et déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer les procédures auxquelles les deux hommes ont été arrêtés, alors que leurs interrogatoires devraient débuter ce lundi 30 mars.
Il s’agit de l’ex-adjudant Blaise Tchakpa, Comzone de la milice Anti-Balaka dans le cinquième arrondissement de Bangui, et l’ex-capitaine Dénamngaï, ancien chef de terre de Bossangoa, opérant dans la milice Anti-Balaka locale. Les deux hommes ont été arrêtés, ce samedi, avec vingtaine d’autres FACA-Balaka, au domicile du ministre de la Culture Dieudonné Ndomaté, l’ex-chef Anti-Balaka l’aile Ngaïssona, actuellement poursuivie par la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité et crimes de guerre.
L’ex-adjudant Blaise Tchakpa devant ses crimes
Pour l’ex-adjudant Blaise Tchakpa, il est soupçonné par les enquêteurs de la Cour pénale spéciale (CPS) d’avoir commis de nombreux crimes, dont l’assassinat, le pillage et la destruction des biens mobiliers et immobiliers appartenant aux sujets musulmans dans les différents quartiers, du cinquième arrondissement de Bangui, lors des derniers événements malheureux qui avaient secoué la République centrafricaine. D’ailleurs, selon des sources judiciaires, sa résidence actuelle, située dans le quartier Malimaka, rue boulangerie Miskine, serait la propriété d’un sujet musulman dont il a pu confisquer. L’ex-adjudant FACA, connu pour ses actes de cruauté envers la population civile, est soupçonné également d’avoir assassiné le jeune ARO, un artiste très populaire localement dont il avait enlevé au domicile de la famille Deba, au quartier Malimaka. L’affaire a été transférée à la CPS, et l’enquête est en cours. Même le ministère de la Sécurité publique, en 2014, l’avait menacé de poursuite judiciaire après le braquage des véhicules du Cardinal Dieudonné Nzapalainga, et de la police au croisement Miskine, dont il était l’auteur. Selon les habitants
Du quartier Malimaka, interrogés par CNC, son arrestation est aussi une bonne nouvelle pour la famille de ses nombreuses victimes qui ne demandent que la justice.
Et l’ex-capitaine Dénamngaï ?
Pendant ce temps, à Bossangoa, la nouvelle de l’arrestation de l’ex-capitaine Dénamngaï divise les populations locales. Certains parlent d’une arrestation arbitraire, d’autres se réjouissent par contre. Il est suspecté par la justice d’avoir commis, comme l’adjudant Blaise Tchakpa, de nombreux crimes relevant de la cour pénale spéciale.
Cependant, parmi les suspects arrêtés, figure un autre redoutable chef Anti-Balaka, l’ex-sergent chef de l’armée nationale, monsieur Bayo, suspecté d’être à l’origine des nombreux crimes de droits communs à Bangui. Il avait été arrêté puis libéré en 2015 à l’époque de la transition dirigée par madame Catherine Samba-Panza.
Toutefois, Igor Lamaka, porte-parole de la milice Anti-Balaka l’aile Ngaïssona, quelques heures après l’arrestation de ses deux suspects avec leurs compagnons d’armes au domicile du ministre Dieudonné Ndomaté, situé au quartier Galabadja Sinistré, dans le huitième arrondissement de Bangui, ce samedi, dénonce cette arrestation qu’il qualifie d’arbitraire. Même son de cloche du côté du ministre Ndomaté, qui regrette énormément la façon dont les forces de l’ordre se sont introduites chez lui pour procéder à l’arrestation de ces vingt-six personnes qu’il qualifie des « patriotes ».
Selon un proche du chef de l’État Faustin Archange TOUADERA, interrogé par CNC, les suspects arrêtés par les forces de l’ordre seraient en réunion de préparation d’un « coup d’État », ce que la milice Anti-Balaka conteste vigoureusement.
D’après certains témoins de la scène, l’ex-lieutenant de l’armée nationale, monsieur Konaté, ancien commandant de la milice Anti-Balaka, seraient aussi présents lors de la réunion au domicile du ministre Ndomaté. Mais il a pu s’éclipser sur la clôture, avec d’autres suspects, quelques secondes avant l’arrivée des forces de l’ordre au domicile du ministre.
En tout cas pour de nombreux observateurs, la réunion du samedi dernier au domicile du ministre n’a rien à voir avec un hypothétique coup d’État contre le Président Faustin Archange TOUADERA. Selon eux, « Personne ne peut faire un coup d’État en ce moment », assurent-ils. Mais pourquoi Touadera a-t-il ainsi peur?
Affaire à suivre…
Gisèle MOLOMA
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