Rédigé par Anselme Mbata
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mardi 5 avril 2022
Bangui (CNC) – Au fort de la crise sécuritaire, sociopolitique et diplomatique que traverse encore la Centrafrique, la Russie marque jusque-là son entière puissance. Mais depuis le déclenchement de la crise en Ukraine, nombreuses sont les voix qui évoquent un certain recul de l’ex puissance soviétique dans le dossier centrafricain. Quel avenir pour la Russie en Centrafrique ?
“Kremlin a profité de “l’abandon” de la France
En 2018, c’est presque en territoire stratégiquement vide que les Russes débarquent en Centrafrique. Ce pays classé parmi les moins développés de la planète venait de sortir d’une longue transition politique marquée par des élections générales qui ont favorisé l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités politiques et la création de nouvelles institutions.
Mais au lendemain de cette longue transition politique, soit en 2016, les nouvelles autorités de la Centrafrique continuaient de faire face aux caprices des groupes rebelles qui occupaient entre-temps 80% du territoire national et avaient systématiquement mis le pays en couple réglée.
Après le retrait des troupes françaises de la force Sangaris, Bangui a tenté vainement d’obtenir un soutien de taille de son ami historique, la France, avant de se voir envoyer vers la Russie qui pouvait l’aider à faire face aux rebelles. Depuis lors, des contrats secrets ont été passés entre le gouvernement centrafricain et la puissance russe.
“600 instructeurs privés envoyés, un partenariat militaire assuré”
Dans les clauses du contrat les liant avec les Russes, les autorités centrafricaines devaient bénéficier de la livraison d’armes russes de nouvelle génération. Seulement que l’armée nationale disloquée suite à la crise de 2013 devait subir des formations sur le maniement de ces nouveaux équipements militaires. C’est ainsi que sous caution du Conseil de sécurité des Nations Unies, 600 instructeurs Russes avaient été dépêchés en Centrafrique dans le but d’assurer la formation des FACA.
“Des instructeurs qui combattent”
Face à la complexité de la situation sécuritaire marquée par l’impuissance des forces nationales et les violences quasi quotidiennes sur les populations, ceux qui étaient jadis considérés comme des instructeurs vont se mettre en ordre de bataille. Cette situation favorisera la violation répétée des droits de l’homme et du droit international humanitaire. De nombreux rapports dont certains attestés par le pouvoir de Bangui confirmeront les exactions commises par les mercenaires Russes sur le terrain.
“Des instructeurs ou des mercenaires”
Cependant, sur le terrain, tout dénote qu’une grande partie des combattants envoyés en Centrafrique ne sont de l’armée rouge, car ne portant aucun signe distinctif de celle-ci. C’est alors que s’ouvriront des dénonciations des acteurs sur place et aussi bien des Occidentaux dont principalement la France. Si l’utilisation des mercenaires sous toutes ses formes est formellement prohibée par les textes qui régissent le droit international, Bangui assistera donc à la coupure de tout nécessaire subside de ses principaux partenaires. Parmi les conditions fixées par les institutions de Breton Wood pour normaliser la coopération financière avec le pays, la cessation des activités de Wagner sur le terrain.
En six mois de suspension temporaire de l’appui budgétaire de la France et face au durcissement des conditions d’aides des autres institutions financières internationales, Bangui ressent une vraie asphyxie économique. Tout démontre que Wagner est devenu le compagnon encombrant pour ce régime qui se bat afin d’assurer ses charges régaliennes.
“L’imbroglio ukrainien”
Si toutes les tentatives n’ont pu lever le blocus, la chronique de la guerre en Ukraine est venue renforcer la pression internationale sur Bangui. La Russie sous le poids de nombreuses sanctions économiques ne serait en mesure de soutenir économiquement son allié centrafricain qui se bat avec les hautes vagues.
Sur le plan militaire, les renseignements américains signalent depuis un certain temps le rapatriement de nombreux mercenaires Russes vers l’Europe de l’Est. Et selon certains analystes, la Russie opterait pour une concentration de ses forces militaires et économiques afin de faire face à l’offensive des Occidentaux qui menacent son influence. Du coup, le retrait presqu’en catimini des combattants Russes, sans communication officielle du gouvernement centrafricain témoigne, on ne peut plus clair le malaise qui pourrait friser dans un futur très proche l’axe Bangui-Moscou.
Alors que sur le terrain de la guerre en Europe, la Russie n’en a pas encore fini avec ses détracteurs, doit-on s’attendre à son retrait définitif mais progressif de la Centrafrique ? Cette question n’est guère fortuite, et c’est la suite des événements qui pourra bien nous édifier.
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