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Procès de l’attaque de Ndélé : Les audiences de la CPS révèlent l’ampleur des crimes commis….

Procès de l’attaque de Ndélé : Les audiences de la CPS révèlent l’ampleur des crimes commis….

 

Un juge spécial en robe rouge et toque rouge lit un document officiel au micro de la Cour pénale spéciale de Bangui, lors du procès dans l'attaque de Ndélé
Le juge de la Section d’assises de la Cour pénale spéciale lors d’une audience dans le procès Ndélé I. CopyrightCPS

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 La Cour pénale spéciale (CPS) poursuit ses audiences dans l’affaire dite “Ndélé I”, où quatre accusés répondent de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis le 29 avril 2020 au marché de Ndélé, à 654 kilomètres au nord-est de Bangui. Le procès révèle les tensions ethniques qui ont ensanglanté cette localité.

 

L’audience du 4 novembre : La partie civile expose le contexte des événements de l’attaque de Ndélé…

 

Le lundi 4 novembre 2024, la Cour pénale spéciale (CPS) a repris ses audiences dans l’affaire opposant le Procureur spécial à Azor Kalite et ses co-accusés. Me Jean-Louis Sylvestre Wango-Gbolo, avocat de la partie civile, a présenté le contexte historique des événements survenus dans le Nord-Est de la République centrafricaine, particulièrement les dissensions entre les communautés Goula et Rounga au sein du Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC).

 

Me Albert Panda, également avocat des victimes, a rapporté les résultats d’une mission de dix jours à Ndélé. “Plus de 600 personnes souhaitent se constituer partie civile, ce qui démontre l’impact considérable de ce conflit sur la population”, a-t-il déclaré. L’avocat a souligné que l’attaque du marché résultait d’une riposte Goula, planifiée après l’assassinat du Général Issa Issaka. Les assaillants, identifiables par leurs foulards jaunes, ont été appréhendés avec un important arsenal militaire.

 

L’audience du 5 novembre : Le décès d’un avocat suspend le réquisitoire

 

La séance du 5 novembre devait être consacrée au réquisitoire du Parquet spécial. Le Procureur spécial adjoint Alain Ouaby-Bekai a commencé par rappeler l’intervention éclairante du Professeur Bernard Simiti sur le contexte socioculturel dans la préfecture de Bamingui-Bangoran. Cependant, l’annonce du décès de Me Germain Goito, avocat au barreau centrafricain, a interrompu l’audience, conformément aux usages du barreau.

 

L’audience du 6 novembre : Un réquisitoire détaillé du Parquet spécial

 

Le Parquet spécial a déployé une argumentation méthodique par la voix de trois substituts. Le Substitut international Bassein Chawky a défini juridiquement les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le Substitut Romaric Kpangba s’est concentré sur les preuves matérielles, notamment l’arsenal de guerre saisi. Il a insisté sur le caractère civil de la cible et l’absence d’armement des victimes.

 

Le Substitut Alain Tolmo a détaillé la responsabilité individuelle des accusés. Le Parquet a requis 30 ans d’emprisonnement contre Azor Kalite et 20 ans contre Charfadine Moussa, Antar Hamat et Wodjonodrogba Oscar Oumar.

 

L’audience du 7 novembre : La défense conteste les preuves

 

Me Marius Bangati, avocat de Oumar Oscar Wodjonodrogba, a ouvert les plaidoiries de la défense. Après avoir présenté ses condoléances aux victimes, il a contesté la validité des procès-verbaux et critiqué la requalification verbale des charges par le Parquet. L’avocat a souligné qu’aucun témoin n’avait formellement identifié son client sur les lieux du crime.

 

L’audience du 8 novembre : La défense évoque l’aide aux victimes

 

Me Claudine Bagaza, défendant Antar Hamat, a replacé les événements dans le contexte sociopolitique marqué par la prolifération des groupes armés. Elle a présenté son client comme un artisan minier sans formation militaire, soulignant que neuf témoignages attestaient de son aide aux personnes en difficulté pendant les événements.

 

La partialité du Procureur Alain Tolmo  mise en cause par la communauté Goula

 

Des sources proches des accusés, s’exprimant sous couvert d’anonymat auprès de notre rédaction, dénoncent ce qu’elles qualifient de “conflit d’intérêts” concernant le Substitut du Procureur Alain Tolmo. Ces allégations s’inscrivent dans le contexte des anciennes rivalités entre communautés dans la région de Ndélé.

 

“Le Substitut Tolmo, d’origine Sara Kaba, ne peut être impartial dans ce dossier. Sa communauté s’était alliée aux Rounga lors des affrontements contre les Goula”, affirme un proche des accusés qui requiert l’anonymat pour des raisons de sécurité. D’autres sources évoquent des liens présumés entre le magistrat et Abdoulaye Meskine, un chef rebelle Sara Kaba actuellement détenu au Tchad.

 

Des propos menaçants auraient même été tenus à l’encontre de l’accusé Azor Kalite, selon ces mêmes sources. Toutefois, ces allégations n’ont pu être vérifiées de manière indépendante par notre rédaction.

 

Contacté par Corbeau News, le bureau du Procureur spécial n’a pas souhaité commenter ces accusations, rappelant simplement que “la justice suit son cours dans le strict respect des procédures”.

 

Ces tensions soulignent la complexité du processus judiciaire dans un pays où les appartenances ethniques continuent de peser sur les relations sociales. La Cour pénale spéciale, dont le mandat est précisément de dépasser ces clivages pour établir une justice équitable, se trouve ainsi aux prises avec ces défis.

Un procès historique

 

Cette affaire constitue un test majeur pour la CPS, juridiction hybride créée en 2015 pour juger les crimes internationaux commis en RCA depuis 2003. Le procès se déroule dans un contexte où Ndélé, située à 654 kilomètres au nord-est de Bangui, tente de panser ses plaies après des années de violences intercommunautaires. Le verdict attendu pourrait marquer un tournant dans le processus de justice transitionnelle centrafricain.

 

Les audiences révèlent la complexité des dynamiques locales qui ont conduit à ces violences, entre rivalités ethniques et luttes de pouvoir au sein des groupes armés. Au-delà des responsabilités individuelles des accusés, ce procès met en lumière les défis de la reconstruction du tissu social dans une région profondément meurtrie par les conflits.

 

Par Alain Nzilo

 

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