Par: RFI
En Afghanistan, les électeurs étaient appelés à voter, samedi 14 juin, pour élire le successeur d’Hamid Karzaï. Un scrutin sensible qui se déroulait sous la menace des talibans. 150 attaques ont ainsi provoqué la mort de 106 personnes à travers le pays, sans que les insurgés ne parviennent véritablement à enrayer le second tour de cette présidentielle afghane qui oppose le favori Abdullah Abdullah à Ashraf Ghani.
Avec notre correspondant à Kaboul, Joël Bronner
Dès la fermeture des bureaux de vote, les partisans du scrutin afghan ont affiché leur satisfaction. La commission électorale s’est félicitée de ce qu’elle a immédiatement qualifié de « succès ». Une analyse partagée par le ministre de l’Intérieur, pour qui les forces de sécurité afghanes ont prouvé qu’elles étaient « capables d’assurer la sécurité du pays ». « Il y a eu des victimes dans nos rangs, mais l’ennemi n’a pas réussi » à faire dérailler le processus électoral, a-t-il déclaré samedi dans las soirée.
D’après les premières estimations, la participation tournerait autour de 50 %, soit proche de celle du 1er tour. Des millions d’électeurs afghans se sont en effet rendus aux urnes, bravant ainsi les menaces d’attaques de la part des talibans, qui ne reconnaissent pas la légitimité de ce scrutin. Une élection qui s’est déroulée du coup sous haute sécurité. Les rues de la capitale Kaboul étaient par exemple quasiment désertes à l’exception des policiers et des militaires qui les quadrillaient.
La question sensible des tentatives de fraude
Les premiers résultats de cette présidentielle afghane seront annoncés début juillet. D’ici là, la question sensible des tentatives de fraude risque à nouveau de se poser. Les deux candidats se sont pourtant prononcés vigoureusement lors de leur campagne contre de telles pratiques. « Nous ne voulons pas bénéficier d’un seul bulletin frauduleux » avait ainsi martelé Abdullah Abdullah, tout comme son adversaire Ashraf Ghani, qui affirmait qu’il fallait « empêcher, éviter, et décourager la fraude ».
Le chef de la mission de l’ONU en Afghanistan leur avait d’ailleurs lancé un avertissement sévère, pour éviter que l’élection ne soit décrédibilisée comme l’avait été celle de 2009. Jugée alors massivement favorable au camp Karzaï, elle avait entraîné l’abandon d’Abdullah Abdullah de la course à la présidence. Mais l’ex-ministre des Affaires étrangères, grand favori de ce scrutin, semble bien, quoi qu’il arrive, sur le point de prendre sa revanche.
La Maison Blanche, qui a salué cette journée comme étant « un pas en avant significatif » pour la démocratie du pays, a d’ailleurs insisté sur le travail des commissions élctorales dans les semaines à venir pour légitimer le vote.