Bangui (République centrafricaine) – 28 sept. 2019 18:17
Une « maison de l’horreur » à très grande échelle. Le Nigeria a découvert avec effroi vendredi l’existence d’une école coranique à Kaduna (dans le norddu pays), où plus de 300 jeunes, dont de nombreux mineurs, étaient victimes de torture et de viol, avant d’être secourus par la police. Lors d’une descente menée jeudi soir dans une maison du quartier de Rigasa, la police de Kaduna a découvert plus de 300 élèves et étudiants de « nationalités différentes » enfermés et enchaînés.
Les responsables de l’établissement les faisaient vivre dans « des conditions inhumaines et dégradantes sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser » pédagogiquement, a expliqué le porte-parole de la police locale. Le propriétaire de l’établissement et ses six assistants ont été arrêtés.
Une « chambre de torture »
« Nous avons trouvé une centaine d’étudiants, dont des enfants de 9 ans à peine, enchaînés dans une petite pièce, dans le but de les corriger et de les responsabiliser », a déclaré le responsable de la police. « Les victimes ont été maltraitées. Certaines d’entre elles ont déclaré avoir été violées par leurs professeurs », a-t-il ajouté. La police a également trouvé une « chambre de torture », où des élèves étaient suspendus à des chaînes et battus lorsque les enseignants estimaient qu’ils avaient commis une faute.
Le raid policier a été lancé à la suite de plaintes répétées de voisins qui se doutaient que quelque chose d’anormal se passait à l’intérieur de l’école. Les enfants secourus sont montés par dizaines dans des minibus pour être conduits dans un stade municipal avec leurs affaires personnelles, puis dans un camp près de l’aéroport. La police doit encore procéder à des vérifications et établir leurs identités afin de retrouver et prévenir leurs proches.
Les parents « horrifiés »
L’école, ouverte il y a une dizaine d’années, hébergeait des étudiants amenés par leur famille pour leur apprendre le Coran, et mais surtout pour remettre dans le droit chemin ceux considérés comme des petits délinquants, ou consommateurs de drogues. Les parents de certaines victimes originaires de Kaduna, convoqués par la police, ont dit avoir été « choqués et horrifiés » quand ils ont vu l’état de leurs enfants, car ils n’avaient aucune idée de ce qu’ils vivaient. « Ils n’étaient pas autorisés à entrer dans la maison pour voir ce qui se passait, les enfants étaient amenés à l’extérieur pour les rencontrer un bref instant », a précisé la police.
Le nord du Nigeria, majoritairement musulman, accueille un grand nombre de « maisons de correction » plus ou moins formelles dispensant un enseignement religieux strict, en l’absence de structures publiques.
Avec AFP
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