Paoua : la police transforme la carte nationale d’identité en source de racket
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Paoua, chef-lieu de la préfecture de Lim-Pendé, récupérer une carte nationale d’identité déjà validée et imprimée est devenu un nouveau moyen pour le commissariat de police d’extorquer de l’argent aux citoyens. Après avoir payé tous les frais requis pour obtenir leur document, les habitants doivent encore verser 2 000 FCFA pour le retirer, une exigence imposée par le commissaire adjoint et le commandant du corps urbain.
La carte nationale d’identité, un processus coûteux pour les citoyens
Obtenir une carte nationale d’identité en Centrafrique n’est pas une tâche simple, et encore moins gratuite. À Paoua, les habitants doivent d’abord payer plusieurs frais avant que leur demande ne soit prise en compte :
- 2 000 FCFA pour la photo,
- 3 000 FCFA pour les frais administratifs, • 6 000 FCFA pour la fabrication de la carte.
Au total, chaque demandeur débourse au minimum 11 000 à 12 000 FCFA avant que son dossier ne soit envoyé à Bangui, où la carte est produite par la société libanaise Almadina avant d’être retournée à Paoua pour distribution aux intéressés.
Jusqu’ici, les citoyens acceptaient ces dépenses, malgré leur impact sur des familles vivant déjà dans des conditions précaires. Mais une fois la carte disponible à Paoua, la police a trouvé une nouvelle manière d’imposer des paiements supplémentaires et racketter massivement la population.
Les policiers, qui sont d’ailleurs des racketteurs professionnels, exigent une nouvelle somme pour la distribution
Pendant neuf mois, une équipe envoyée par la société libanaise Almadina a travaillé sur place à Paoua pour accélérer la délivrance des cartes nationales d’identité. Une fois leur mission terminée, ces agents sont repartis à Bangui après 9 mois passés sur place, laissant les cartes imprimées au commissariat de police afin qu’elles soient remises aux demandeurs, sans frais supplémentaires.
Mais au lieu de distribuer les documents comme prévu, le commissaire adjoint et le commandant du corps urbain ont imposé un paiement obligatoire de 2 000 FCFA pour chaque carte. Les habitants qui refusent ou qui ne peuvent pas payer se voient tout simplement refuser leur document, bien qu’ils aient déjà réglé tous les frais au moment de la demande.
“C’est du vol pur et simple. J’ai déjà payé tout ce qu’ils demandaient pour la carte, et maintenant, ils veulent encore 2 000 francs pour me la remettre”, dénonce un habitant excédé.
Cette situation provoque une vague de colère à Paoua, où les citoyens se sentent piégés par un système qui leur extorque de l’argent à chaque étape du processus.
Un système de racket qui profite aux policiers
Dans un pays où la corruption gangrène les services administratifs, ces pratiques ne surprennent plus. À Paoua comme ailleurs, à l’exemple de Bocaranga ou Bambari, certains policiers utilisent leur position pour transformer des services publics en opportunités de racket de la population, et ce, sans même la honte.
Les habitants n’ont d’autre choix que de céder, car sans carte nationale d’identité, ils ne peuvent pas accomplir des démarches essentielles :
- Inscription aux examens scolaires,
- Obtention de documents administratifs,
- Accès à certains services bancaires,
- Justification de leur identité lors des contrôles routiers ou des vérifications policières.
Dans une ville où la majorité des citoyens vivent avec moins de 750FCFA par jour, ces 2 000 FCFA supplémentaires représentent une charge insoutenable. Certains préfèrent renoncer à leur carte plutôt que de subir une nouvelle ponction injustifiée.
Une pratique qui se répète partout
À Bangui comme en province, les abus de la police ne sont pas nouveaux. À chaque étape d’une procédure administrative, il y a toujours un agent pour exiger des frais non officiels, qui s’ajoutent aux coûts déjà élevés des documents officiels.
Les habitants de Paoua, résignés, savent qu’ils n’ont que peu de recours. Se plaindre auprès des autorités locales revient souvent à parler dans le vide. Les policiers impliqués dans ces affaires continuent d’exercer leur fonction en toute impunité, renforçant le sentiment d’injustice et de mépris de la population.
Malgré les dénonciations, aucune action n’a été engagée contre le commissaire adjoint et le commandant du corps urbain de Paoua, qui continuent de se servir de leur position pour imposer leurs propres règles à la population.
Les citoyens livrés aux policiers charognards
Face à cette situation, les habitants se sentent abandonnés par l’État, qui ne fait rien pour les protéger contre ces abus. Beaucoup estiment que la police en Centrafrique est devenue une institution dédiée à l’enrichissement personnel plutôt qu’à la protection des citoyens.
“Que ce soit pour un simple document ou pour éviter d’être embarqué sans raison, il faut toujours payer. Si tu ne donnes pas, ils t’ignorent ou ils t’inventent un problème”, explique un commerçant de Paoua.
Cette situation pousse de plus en plus de Centrafricains à éviter toute interaction avec les forces de l’ordre, considérées comme des prédateurs plutôt que comme des garants de la sécurité.
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