Niger : entre discours souverainistes et réalité politique
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Alors que les discours souverainistes continuent de gagner du terrain au Niger, la réalité politique éloigne les autorités d’une plus grande autonomie tant arborée par celles-ci.
Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani est à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Le général souhaite rendre le Niger pleinement souverain, capable de décider de ses orientations politiques, économiques et diplomatiques sans subir des pressions extérieures. Cependant, le Niger se trouve à un carrefour difficile où ses ambitions souverainistes se heurtent à des réalités économiques et sécuritaires complexes. Le pays est contraint de renouer de nouveaux partenariats avec des puissances étrangères.
Une dépendance économique et sécuritaire renouvelée
Inauguré le 1er novembre 2023, le plus long oléoduc d’Afrique permet d’acheminer du pétrole brut des gisements du sud-est du Niger jusqu’au Bénin. Ce pipeline à été construit avec l’aide de la société chinoise West African Oil Pipeline (Wapco), qui en a été le maître d’œuvre. La société chinoise assure dorénavant la sécurité de cet oléoduc qui subit des attaques régulières depuis 2024. Ainsi, l’entièreté des exportations de pétrole nigérien dépend de la société chinoise. Tout comme l’extraction de cet or noir, assuré par la China National Petroleum Corporation (CNPC), une société pétrolière appartenant à l’État chinois. En 2022, les autorités nigériennes estimaient que les exportations de pétrole brut devraient « générer le quart du PIB du pays » et « à peu près 50 % des recettes fiscales du Niger ». Cependant, la diplomatie nigérienne, jugée agressive par certains, a privé le pays des importants revenus que le commerce de pétrole devait générer en 2024.
En effet, le Bénin a refusé d’embarquer le pétrole brut nigérien dans son port après que le Niger ait refusé de rouvrir leur frontière commune en février 2024. Les autorités nigériennes accusent le Bénin de servir de base arrière à des « terroristes » et de vouloir déstabiliser le pays. Ce que démentent fermement les autorités béninoises. Cet isolement diplomatique a de graves conséquences sur l’économie nigérienne. Le pays fait face à une inflation historique de plus de 15 %. Si elle demeure ainsi, l’extrême pauvreté pourrait toucher près de 50 % de la population nigérienne en 2026. Cette inflation est due au fait que 80 % du fret destiné au Niger transite par les ports béninois. Le pouvoir d’achat diminue et le peuple nigérien souffre. En quête de souveraineté, le Niger fait face à une grave crise économique qui le pousse à envisager de nouveaux partenariats avec de nouvelles puissances étrangères. De plus, le Niger fait face à une recrudescence de la menace terroriste sur son territoire. Cette insécurité a de graves conséquences sur les activités économiques du pays, notamment l’agriculture.
Plusieurs groupes armés dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’État islamique et Boko Haram prospèrent au Niger, notamment dans la zone des « trois frontières ». Les autorités nigériennes ont mis en place une nouvelle coopération sécuritaire avec la Russie pour tenter de faire face à la menace terroriste grandissante. Du matériel et des instructeurs militaires russes sont fournis aux forces armées nigériennes (FAN). Les premières livraisons ont eu lieu le 10 avril et le 4 mai 2024. Les instructeurs militaires envoyés par la Russie sont des mercenaires d’Africa Corps (anciennement Wagner). Le groupe paramilitaire russe est accusé d’exactions contre des civils dans tous les pays où il opère. Au Mali, depuis décembre 2022, les mercenaires russes ont « exécuté sommairement et fait disparaître de force plusieurs dizaines de civils », comme l’affirme l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch.
Le Niger se trouve dans une situation complexe où ses aspirations souverainistes se confrontent à des réalités économiques et sécuritaires incontournables. Bien que les autorités nigériennes souhaitent renforcer l’autonomie du pays, les défis internes comme l’inflation et la menace terroriste croissante poussent le Niger à rechercher de nouveaux partenariats étrangers. Ces partenariats, bien qu’opérés dans l’optique de renforcer la souveraineté du pays, entraînent de nouvelles dépendances, notamment dans les secteurs stratégiques du pétrole et de la sécurité.
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