Morila : une mine d’or pour financer Africa Corps ?
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Le gouvernement malien vient de boucler le rachat de la mine d’or de Morila située à 150 km au sud-est de Bamako. Cette nationalisation à bas coût va lui permettre d’engranger des recettes supplémentaires pour financer ses projets politiques et sécuritaires. Parmi les bénéficiaires directs : les mercenaires d’Africa Corps (ex-Wagner).
Le dernier obstacle juridique a été levé le 20 novembre, quand la société locale Entreprise Générale Traoré et Frères SARL (EGTF) a retiré la plainte qu’elle avait déposée fin mai contre les compagnies minières australiennes Firefinch et Morila SA qui avaient cessé d’exploiter cette mine en 2022. EGTF poursuivait les deux entreprises pour des impayés liés à des services de sous-traitance fournis pour l’extraction de l’or. Montant de la facture : 12,84 milliards FCFA, soit 21,26 millions de dollars américains (M$). Sans accord entre les parties, le gouvernement ne pouvait pas entrer en possession, via la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA), de la mine d’or que le propriétaire, Morila SA, avait cédé début mai pour un dollar symbolique à la SOREM. En devenant officiellement propriétaire de ce gisement aurifère, Bamako devrait en tirer de substantiels bénéfices. En effet, la mine fournit de l’or depuis 21 ans et son potentiel est estimé à au moins 160 000 onces (4,536 tonnes) par an, soit 427,4 M$ de revenus par an (265,3 milliards FCFA) jusqu’en 2030. Cette acquisition s’inscrit dans la droite ligne de la réforme du code minier promulgué en août 2023. Sous le poids des règles plus strictes pour les exploitants étrangers, ces derniers sont contraints de céder leurs mines, parfois à vil prix et après de fortes pressions. Pour ne pas avoir voulu céder aux demandes très exigeantes de Bamako, le PDG du groupe australien Resolute Mining, Terence Holonan, et de deux ses cadres ont été incarcérés le 8 novembre. Ils ont été remis en liberté le 20 novembre, après que la société a payé 80 M$ aux autorités maliennes pour résoudre un différend fiscal et a promis de payer 80 M$ supplémentaires dans les mois à venir.
Prise de guerre
Car l’État malien a besoin d’argent. De beaucoup d’argent : Non seulement pour lutter contre une inflation croissante (6,6% en octobre 2024), pour éponger son déficit budgétaire (3,9%) mais aussi pour éradiquer l’insécurité alimentaire qui touche 1,5 million de personnes, notamment dans les zones de conflit. Bamako a besoin d’argent (et d’or) pour payer les mercenaires d’Africa Corps qui lui coûte très cher : environ 10 M$ par mois, 120 M$ par an, pour une efficacité qui reste encore à démontrer. Une partie de cette rémunération pourrait être payée directement en or. L’appétit de la société militaire privée (SMP) russe pour les ressources naturelles et pour le métal jaune en particulier n’est pas à négliger. En effet, selon plusieurs sources maliennes, la SMP russe a repris rien qu’en 2023 au moins trois mines au sud de Bamako : Balandougou, à environ 20 kilomètres de la frontière avec la Guinée; Koyoko, un site d’or à proximité du Cercle de Kangaba; et un troisième site près de Yanfolila. En février dernier, Africa Corps était présent à la mine d’Intahaka, le plus vaste site d’orpaillage artisanal du nord du Mali, à une quarantaine de kilomètres de Gao pour officialiser à cette prise de guerre. Cette soif de l’or a poussé le gouvernement à engager un bras de fer avec le géant canadien, Barrick Gold, qui exploite le site aurifère le plus productif du pays, Loulo-Gounkoto. Le 26 novembre, quatre employés de cette entreprise ont été arrêtés en attendant que Barrick Gold verse « 500 M$ de taxes et impôts impayés »…De quoi déjà financer quatre années de présence russe au Mali.
(*)Le Mali est le troisième producteur d’or en Afrique. La production annuelle est de 66,5 tonnes, représentant 70 % des exportations, 25 % des recettes fiscales, 10 % du Produit intérieur brut (PIB) et plus de 500 milliards de FCFA de contribution au budget d’État.
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