DÉCLARATION
Centrafricaines, Centrafricains,
Mes Chers compatriotes, de l’intérieur du pays comme ceux vivant à l’étranger, Je suis le Professeur gaston Mandata N’Guerekata.
Vous le savez, ce jour 23 septembre 2022, la Cour constitutionnelle a déclaré l’inconstitutionnalité du décret mettant en place le comité chargé de la rédaction d’une nouvelle Constitution, stoppant ainsi les velléités d’une présidence à vie que certains voulaient offrir à M. Faustin Archange Touadera.
Il s’agit d’une décision courageuse, historique, qu’il faut saluer.
Voilà pourquoi je tiens à adresser mes vives et chaleureuses félicitations à l’ensemble des juges de la Cour constitutionnelle qui ont bravé les intimidations, les menaces de mort ainsi que les manœuvres les plus abjectes des nervis à la solde du pouvoir pour dire le droit au nom du peuple centrafricain. Leur professionnalisme et patriotisme seront célébrés par de nombreuses générations à venir.
Je voudrais tout particulièrement rendre un hommage appuyé à la présidente de la Cour constitutionnelle, le Professeur Danielle Darlan, qui a su trouver les ressources nécessaires pour se dresser contre l’infamie.
J’éprouve un immense respect pour le courage du peuple centrafricain dans son ensemble et des organisations composant les Forces vives de la nation qui ont démontré que la vérité est du côté de ceux qui résistent devant l’injustice et toutes formes d’arbitraires et d’exactions.
Mes Chers Compatriotes,
Au-delà des considérations purement juridiques, au-delà de nos préoccupations immédiates, au-delà des soucis qui sont les nôtres, de nombreux Centrafricains aux prises avec les difficultés sociales et économiques s’interrogent. Ils ne comprennent pas que ceux qui dirigent l’État ont décidé, de leur propre chef, de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Je n’y comprends rien, et vous non plus ! Car en décidant de s’engager dans l’aventure et la tricherie de la nouvelle Constitution qui allait abréger les mandats en cours, les tenants du pouvoir ont voulu nous entrainer vers des lendemains incertains.
C’est dire que la décision de la Cour constitutionnelle traduit une chose que certains parmi nous savaient déjà : notre pays est entre de mains peu expertes, dont l’unique préoccupation est de jouir des privilèges du pouvoir et contre le bien-être des populations.
En vue de mobiliser toutes nos forces pour la seule cause qui vaille, à savoir le développement de notre pays, et ne plus gaspiller nos énergies à tenter de déjouer les manœuvres des tenants du pouvoir qui n’ont pas encore renoncé à leur forfaiture, nous devons tirer les conséquences éthiques de cette situation : M. Touadera n’a plus vocation à demeurer à la tête de l’État. Il a perdu toute légitimité, se rendant coupable de parjure en raison de la violation de son serment. Dans nos sociétés modernes, ceux qui commettent des peccadilles ou des larcins sont poursuivis et condamnés, à plus forte raison quelqu’un qui méprise les institutions républicaines et le fondement son pouvoir. Enseignant, je crois à la vertu pédagogique de la sanction.
C’est le sens de l’appel au sursaut patriotique que nous avons lancé le 18 juin dernier. Parce que, et vous le savez, avec ce régime inique qui s’emploie à détruire les acquis démocratiques obtenus de hautes luttes par les Centrafricains, nous avons certes perdu la bataille de l’éthique ainsi que de la morale, mais nous n’avons pas encore perdu la guerre du patriotisme et de la fierté nationale. Notre pays est riche de ses enfants, femmes et hommes, épris de dignité, attachés à l’esprit national. Ces femmes et ces hommes doivent se lever comme un seul corps pour envisager l’avenir dans l’unité retrouvée. Un autre leadership est possible.
Je lance à nouveau un vibrant appel à l’unité et à la mobilisation de toutes les forces positives pour exiger la mise en place des institutions véritablement républicaines.
Vive la République centrafricaine éternelle ; Vive l’unité nationale.
Je vous remercie.
Fait le 23 septembre 2022
Pr. Gaston Mandata N’Guerekata