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– Message de vœux du Conseil pour la Protection des Populations et du Patrimoine de l’Est (C3PE) –

une foule de la population en débandade IMG_28mars2018113330

 

Le président,

Mes chers compatriotes,

J’ai l’insigne honneur de m’adresser aujourd’hui à vous au nom de notre association dénommée « Conseil pour la protection des populations et du patrimoine de l’Est » (C3PE) que je préside et qui compte depuis peu dans le paysage sociopolitique de notre pays.

C’est ainsi qu’elle s’est assignée comme objectif principal de participer à la vie citoyenne et à la vitalité de notre jeune démocratie en étant toujours attentive au bien-être de nos populations, à l’unité de notre nation et à la sauvegarde de l’intégrité territoriale de notre république.

Avant d’aborder les questions qui intéressent, au plus haut point, la vie de notre nation, permettez-moi, en cette période charnière, de vous présenter mes vœux de bonne et heureuse année 2020.

Notre attention va principalement à l’endroit de nos frères et sœurs qui vivent, depuis quelques années, dans la terreur, le stress quotidien et la misère dans les territoires occupés. Je n’oublie pas les nombreux compatriotes déplacés et réfugiés dans les pays voisins dans des campements de fortune.

Notre compassion pour vous est grande.

Nous pensons, plus particulièrement, à nos frères et sœurs de Bambouti, qui souffrent davantage le martyr car, depuis trois mois, soumis à la menace permanente d’assaillants.

Je pense, également, à ceux vivant dans les autres territoires occupés : de Paoua à M’boki en passant par Kaga-Bandoro, Batangafo, Bambari, Alindao, Kembet, Gambo, Bangassou, Rafaï, Dembia, Zemio, Obo, Djema, Bria, Birao.

Je vous souhaite mes vœux les plus sincères et les plus chaleureux.

Mes chers compatriotes,

Au seuil de cette année et de cette décennie qui s’amorcent, nous nous devons de dresser un bilan sans complaisance des évènements douloureux qu’a connu et que connaît encore aujourd’hui notre pays avant d’essayer de tracer des perspectives, qui intègreront notre cadre de travail et de réflexions au cours des années à venir. C’est pourquoi, en ma qualité de responsable de notre organisation, j’invite chacune et chacun d’entre vous à y prendre part activement. A deux-a fortiori à plusieurs- l’on est toujours plus performant.

Mes chers compatriotes,

Comme vous pouvez le mesurer, 2019 comme les années précédentes, a été une année particulièrement lourde en évènements douloureux pour nos populations en général et encore davantage pour les populations de nos provinces, qui ont subi et continuent de subir, impuissamment et de façon stoïque, les affres de cette guerre imposée, depuis plusieurs années déjà, à notre pays.

Retenons, sans plus tarder, que dès le mois de janvier 2019, la ville de Bakouma, ville minière, située dans la préfecture du M’Bomou, a dû faire face aux assauts meurtriers de groupes armés, entrainant l’assassinat de son sultan le regretté Mbari et de son frère, qui ont tenté de porter secours aux populations. A la suite de ces évènements malheureux, nous avions immédiatement demandé au gouvernement d’intervenir pour protéger les populations civiles et même d’ériger, le moment venu, un monument afin d’immortaliser la mémoire de nos valeureux disparus, qui ont sacrifié leur vie pour le sauvetage de la vie de leurs concitoyens. C’est-à-dire-pour la bonne cause.

Au mois de mai, les localités de Lemouna, de Bohong et de Koundili dans la préfecture de l’Oum- pende ont également dû payer un lourd tribut du fait de ces groupes armés, qui essaiment le territoire national.

Au mois de juin de la même année, c’est au tour du village de Zangba, localité située dans la préfecture de la Basse-Kotto, de subir les attaques d’une violence inouïe de la part d’hommes lourdement armés, occasionnant au passage la mort de ses populations et de plusieurs de ses notables.

Les populations de la préfecture de la Ouaka voisine n’en ont pas été épargnées. Loin s’en faut. Ils continuent de subir- au moment où nous mettons sous presse- les raids tout aussi meurtriers de forces non conventionnelles. Avec à la clé, comme vous pouvez l’imaginer, de nombreuses pertes en vies humaines, des blessés, des personnes déplacées et des destructions de biens matériels.

C’est peu de dire qu’à ce jour, ses populations continuent, à leur corps défendant, d’être harcelées et mises sous pression quotidiennement.

Depuis le mois d’octobre, les villes de Birao, de Tissy et d’Amdafock dans la préfecture de la Vakaga sont le théâtre de violents combats entre groupes armés enregistrant, à n’en point douter, de nombreuses pertes en vies humaines au sein de la population civile.

Fin octobre, les autorités sous-préfectorales de la localité de Bambouti dans la préfecture du Haut- Mbomou, se sont vues purement et simplement chasser de leurs administrations par des assaillants, qui y ont substitué leur propre mode de gestion. Avec tous les abus que cela comporte.

Fin novembre, ce sont les populations de la ville de Zemio dans le Haut-Mbomou, qui ont été surprises, un beau jour, par l’invasion de ces mêmes groupes armés, qui y ont installé une de leurs places fortes.

Enfin, pour compléter le tableau, à la fin du mois de décembre dernier, en plein préparatif des festivités de fin d’année, c’est au tour de notre capitale Bangui de se faire entendre parler d’elle. Le marché du quartier du km5, considéré comme le poumon commercial du pays, a vu s’affronter des commerçants et des membres de milices d’auto défense, qui sous prétexte de sécurisation de ces commerçants, organisent en réalité leur racket en leur imposant une taxation illégale, échappant au contrôle de nos services fiscaux. Ces affrontements ont fait-au bas mot- une cinquantaine de morts et de nombreux blessés graves. Sans compter les innombrables destructions de biens matériels.

Cette comptabilité macabre et de pertes matérielles n’est malheureusement pas exhaustive.

Au vu de ce bilan peu élogieux pour notre pays- et c’est un euphémisme-, nous souhaitons que le gouvernement fasse un état des lieux exhaustif de la situation dans nos villes et villages et de procéder, le cas échéant, à une indemnisation des victimes de ce conflit tout en privilégiant les actions tendant au retour des personnes déplacées et des réfugiés.

Il conviendrait d’assurer concomitamment, à ces actions prioritaires, une prise en charge psychologique des victimes de ce conflit afin de prévenir ou, au moins, réduire les cas de traumatismes. Surtout pour notre jeunesse.

Sur le plan sécuritaire, nous proposons que notre pays continue d’approfondir ses relations de coopération militaire avec nos partenaires traditionnels et la communauté internationale afin de doter notre système de défense et de sécurité collectives de moyens capables de lui permettre d’assurer sa mission de protection et de sécurisation de nos populations et du territoire national.

C’est ici le lieu de rappeler solennellement qu’il est temps de mettre fin à cette habitude et pratique détestables qui consistent, souvent, à faire appel à certaines forces étrangères- qui loin d’aider à la stabilisation de notre pays- contribuent à la complexification de la donne sur le terrain en se conduisant souvent en véritables forces d’occupation. En ennemis de notre peuple.

Sur le plan économique et social, nous nous félicitons de l’assistance multiforme de la communauté internationale, qui n’a jamais cessé d’être au chevet de notre pays. C’est ainsi que le 30 mai 2019, le conseil d’administration de la banque mondiale a approuvé l’octroi à la RCA d’une aide additionnelle dénommée « Londo + » d’un montant de 100 millions de dollars afin de porter secours aux sinistrés et de financer la création d’activités en faveur des plus démunis.

Dans cette optique, l’association internationale de développement (IDA) a recommandé à notre gouvernement de mettre à la disposition des structures locales une enveloppe destinée à financer des travaux à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO). Projet capable d’embaucher jusqu’à plus de 5 millions de personnes sur l’ensemble du pays. Il s’agit d’embauches journalières. Notre organisation avait proposé au gouvernement d’associer les populations concernées à la mise en œuvre de ce projet intégrateur.

Nous rappelons que cette aide ne doit pas être instrumentée à des fins de campagne électorale dans le cadre des élections majeures à venir. Car, c’est un droit consenti gracieusement par la banque mondiale à destination des plus faibles.

Aussi, notre organisation restera-elle vigilante quant au bon usage de ce financement.

Mes chers compatriotes,

Notre inquiétude pour vos vies reste grande.

Notre seule arme, à ce jour pour vous défendre, est- à chaque fois d’appeler l’attention des autorités et de la communauté internationale sorts. C’est pourquoi, une fois de plus, je vous invite à nous rejoindre pour défendre nos intérêts et faire valoir nos droits.

Nos actions n’ont d’autre but que de servir les intérêts supérieurs de notre pays que nous avons reçu en héritage. Nous nous mobiliserons afin de trouver les voies et moyens pour soulager les souffrances des populations en ayant constamment présent à l’esprit la satisfaction de leurs besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner et s’instruire.

Que Dieu bénisse la RCA.

Fait à Bangui le, 07 janvier 2020

Pour le Conseil pour la protection des populations et du patrimoine de l’Est, Son président,

Guillaume Kelley-Himey ROOSALEM-HETAN

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