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Les coulisses de la crise de Birao

patrouille mixte fsi minusca à Birao en décembre 2019 par la minusca
patrouille mixte fsi minusca à Birao en décembre 2019. CopyrightMinusca.

 

Bangui (République centrafricaine ) – Si la présence de COVID-19 en République centrafricaine semble défrayer la chronique et parait occuper tout l’espace médiatique national, il n’en demeure pas moins vrai que certains dossiers brûlants puissent retenir l’attention. Il y a, entre autres dossier, le buzz sur la main invisible du patron de la Banque centrale en Centrafrique, Ali Chaïbou dans le regain de tensions qui rongent la paisible population de Vakaga en général, et celle de Birao en particulier, depuis ces derniers temps.

 

En effet, depuis début septembre 2019, la ville de Birao située à quelque 1067 km de Bangui à l’extrême nord-est du pays, naguère havre de paix au temps forts de la crie centrafricaine, a été plongée dans une crise sans précédent. Visiblement, il s’agit d’affrontements fratricides entre les communautés locales, notamment d’un côté, des ethnies Goula, Rounga et Haoussa se réclamant du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC), et de l’autre côté, les Kara qui se présentent comme étant du rang du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ). Ces deux mouvements ex-rebelles, faut-il le rappeler, sont dirigés respectivement par Nourredine Adam et Gilbert Toumou-Déa.

Dans cette guerre fratricide qui se poursuit malheureusement vers la localité de Ndélé, ce sont des dizaines de milliers de Centrafricains de ces localités qui sont frappés de plein fouet, alors que l’on dénombre, à en croire les chiffres officiels, des centaines de braves hommes et femmes massacrés. A ce jour, Birao pleure encore ses morts, malgré l’accalmie qui revient peu à peu dans la localité. Les déplacés vivent encore le cauchemar sur les sites de fortune.

C’est dans ce contexte que le buzz sur la personne du Directeur national actuel de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) pollue l’environnement socio-politique et sécuritaire du pays. A en croire les informations, Ali Chaïbou serait l’un des têtes pensantes de la crise de Birao sans prouver en quoi exactement il a pu contribuer à la dégradation de la situation sécuritaire dans sa propre localité d’origine.

Le danger d’une telle visée est que le DN de la BEAC occupe une place stratégiquement sensible en termes d’image de la République centrafricaine, surtout à une période charnière où le pays rentre dans une phase de reconstruction post-conflit et qu’il a grand besoin de l’aide de la communauté internationale. Pourtant, toute l’attention devrait se focaliser sur les vrais enjeux sous-régionaux de l’heure qui se recentrent sur la présidence de la COBAC qui devrait revenir cette année, selon le principe de la rotation, à la République centrafricaine. Histoire pour les autorités et le peuple centrafricain de porter leur choix élitiste sur un digne fils du pays pour représenter la RCA à ce poste. Ce qui porte à croire qu’à l’approche de cette échéance, les vieux démons entendent mettre toute la batterie en marche, en vue tout simplement de créer la diversion autour de l’essentiel et faire échouer le pays.

Quant au feuilleton Ali Chaïbou, et de mémoire, ce n’est pas une première que des poux soient cherchés sur le crâne nu de ce dernier. L’on se souviendra que lorsqu’il était question de prendre le successeur de Simplice Mathieu Sarandji à la Primature, le nom de ce fils du pays a déjà fait le buzz dans les média. Pourtant, ses actions sociales très saluées à Birao auprès de la population, ponctuées par le fort soutien à la réussite des festivités du 1er Décembre, etc. n’avaient comme seule justification : qu’il est ressortissant de Birao.

D’ailleurs, le DN de la BEAC est lui-même le Président de l’Association des ressortissants de la Vakaga, donc normal de poser des actes positifs, soit au nom de l’Association, soit en son nom comme fils de Vakaga. D’ailleurs bientôt, la Loi sur la décentralisation sera votée par l’Assemblée nationale – Loi qui donne plein pouvoir au développement local qui passera inéluctablement par la mobilisation des filles et fils de chaque région du pays.

L’on se pose donc la question, en quoi un tel postulat devrait faire assimiler le DN de la BEAC aux groupes armés. Peut-être qu’il s’agit de tout simplement de lancer une pierre sur une mangue mure, notamment sur un fils du pays qui entend apporte du positif pour l’épanouissement de ses concitoyens. Dans le cas contraire, seul l’avenir en dira plus.

 

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