Bangui, République centrafricaine, vendredi 07 août 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Les réseaux sociaux ont connu une croissance significative au cours de ces dix dernières années. Selon le site DataReportal, le nombre total d’utilisateurs des réseaux sociaux a passé le cap des 3,96 milliards d’utilisateurs dans le monde cette année, soit plus de 51% de la population mondiale.
L’accès aux nouvelles technologies facilite l’accessibilité des jeunes aux plateformes numériques. Continent très jeune, l’Afrique enregistre l’un des plus fort taux de croissance au cours de ces dernières années. En effet, selon une étude réalisée par Hootsuite et l’agence de communication WE ARE Social, sur une population totale de plus de 1,32 milliard d’habitant, le continent africain compte :
– 1,08 milliards d’individus qui possèdent un Smartphone ;
– 453,2 millions d’individus utilisent internet et 217,5 millions actifs sur les réseaux sociaux.
Avec la démocratisation du Smartphone en Afrique et l’accessibilité aux réseaux sociaux, la consommation de l’information n’a jamais été aussi importante. Initialement conçu pour : faciliter les échanges, maintenir le lien social, disposer de l’information sans délais, partager gratuitement des connaissances et provoquer les rencontres professionnelles, les réseaux sociaux ont de nombreux apports positifs dans le domaine social et professionnel. Mais ces plateformes sociales sont de plus en plus détournées de leurs usages par une jeunesse qui les utilise sans prendre conscience des risques. Alors, il est important de souligner les zones d’ombres qui se dessinent chaque jour auprès des jeunes générations.
Créative, ambitieuse et curieuse, la jeunesse africaine a rapidement su intégrer et redessiner l’emploi des réseaux sociaux dans son quotidien. Alors qu’elle cherchait un espace où elle peut pleinement s’exprimer, les réseaux sociaux ont répondu présent. Mais avec l’absence de modération et de charte éthique, les langues se délient, les discours haineux s’intensifient, la violence se vulgarise et les fausses informations se multiplient. Fake-News, diffamation, cybercriminalité, cyber-harcèlement, constituent un véritable fléau.
Le succès des réseaux sociaux auprès des jeunes s’explique par le syndrome FOMO (Fear of missing out) qui touche 80% des utilisateurs. Ce dernier révèle la crainte de rater quelque chose sur les réseaux. La volonté d’informer sur tout et n’importe quoi pousse les utilisateurs à ne pas faire la distinction entre le domaine de la vie publique et la vie privé. En exposant ainsi des photos, des vidéos intimes et en évoquant des sujets sensibles, ils sont souvent à l’origine de dérives qui pourraient être préjudiciables pour leur futur d’un point de vue juridique.
Comme le Sénégal et la Côte-d’Ivoire, des cadres juridiques sur l’utilisation des réseaux sociaux et de l’internet deviennent indispensables pour permettre aux utilisateurs d’avoir un comportement responsable et adéquat sur les réseaux sociaux et internet. C’est pour cette raison qu’il est important de les sensibiliser, de les éduquer sur l’utilisation des médias et réseaux sociaux. La Centrafrique, avec l’association des blogueurs centrafricains (ABCA), a lancé en 2018 une campagne de sensibilisation pour lutter contre les fausses informations et les propos haineux qui empêchent la cohésion sociale centrafricaine sur les réseaux sociaux. L’ABCA propose également d’éduquer les utilisateurs sur les bonnes pratiques du web notamment des réseaux sociaux. Toujours d’actualité, cette campagne de sensibilisation a été appuyée par la MINUSCA ainsi que par de nombreux journalistes centrafricains. Depuis le 1er août de cette année, le pays a vu naître officiellement le CJCLD, le Consortium des Journalistes Centrafricains dans la Lutte Contre la Désinformation. Ce regroupement de journalistes professionnels a pour objectif de lutter contre la diffusion et la propagation des Fake News au sein des médias d’informations et de sensibiliser les lecteurs aux dangers de la désinformation. Ces initiatives salutaires se doivent d’être répétées sur l’ensemble du continent.
En attendant, il en va de la responsabilité de chacun de faire attention à ce qui est publié sur internet. Pour cela il faut se poser les bonnes questions : Est-ce que l’information que je partage est saine ? L’information est-elle importante ? Et surtout : Est-ce que j’accepte les conséquences de mon message ?
Par Adama Bria
Corgeaunews