Le gouvernement de la République : des ministères au service de la paix ou du chaos ?  Une plongée dans les secrets du pouvoir avec Elie Oueifio

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Le gouvernement de la République : des ministères au service de la paix ou du chaos ?  Une plongée dans les secrets du pouvoir avec Elie Oueifio

 

Le gouvernement de la République : des ministères au service de la paix ou du chaos ? Une plongée dans les secrets du pouvoir avec Elie Oueifio
Le Premier ministre centrafricain, Félix Moloua devant les élus de la Nation, ce 24 août 2022. CopyrightprimatureRCA

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Imaginez un pays où les ministères seraient les phares dans la tempête, des balises pour guider un peuple égaré vers des rivages plus calmes. En République centrafricaine (RCA), on pourrait rêver que ces bastions du gouvernement soient les gardiens d’une paix si souvent promise, si rarement tenue. Pourtant, à force de promesses fanées et de lendemains qui déchantent, une question s’impose, tenace, presque insolente : ces ministères, sont-ils des bâtisseurs d’harmonie ou des apprenants sorciers du désordre ?

 

Elie Oueifio, dans son livre au titre qui cogne ,  Quand la politique des mains tendues du président Touadéra soulève des interrogations et réflexions,  ne mâche pas ses mots : « Le gouvernement, cet ensemble de départements ministériels animés par des ministres sous la conduite d’un premier ministre technocrate et gestionnaire, a pour vocation essentielle de traduire toutes les orientations ou encore les visions d’un chef d’État en des objectifs généraux ». Mais entre la théorie et la pratique, le fossé s’est creusé, béant, avalant espoirs et illusions. Alors, partons en exploration dans ce labyrinthe de pouvoir, pour démêler si ces ministères servent la lumière ou sèment les ténèbres.

 

L’appel d’une mission : tisser la paix dans le tissu national

 

À l’origine, un gouvernement, c’est une machine à rêves concrets, un atelier où les idées d’un leader prennent chair. En RCA, sous Faustin Archange Touadéra, ce rêve s’est drapé d’une étoffe particulière : la politique des « mains tendues », une main ouverte vers la réconciliation d’un peuple fracturé par des années de tumultes. Oueifio y voit une étincelle divine, presque une prière : « La politique des mains tendues est une institution de Dieu », écrit-il, puisant dans les Écritures une vision où le pardon devient ciment. Les ministères, dans ce tableau, devaient être les artisans de ce grand œuvre, des peintres d’une fresque où la paix remplacerait le sang.

 

Prenez le ministère de l’Administration du territoire : il devait jouer les entremetteurs, rallier les villages oubliés, les provinces esseulées, comme une vieille tante qui remet la famille autour de la table. Celui des Affaires étrangères, lui, portait l’ambition de tendre des ponts au-delà des frontières, pour ramener les exilés dans le giron national. Et le ministère de la Justice ? Un architecte, chargé de dessiner les fondations légales d’une paix équitable, sans rancunes ni règlements de comptes. Avec un Premier ministre à la barre, maître d’ouvrage rigoureux, ces rouages auraient dû faire chanter une mélodie d’unité. Mais la partition s’est vite égarée.

 

Quand les rouages grincent : des ministères en déroute

 

Hélas, les ministères centrafricains ont trop souvent troqué leurs habits de lumière pour des haillons de discorde. Oueifio, avec son scalpel d’observateur, tranche dans le vif : « Le manque de dynamisme et d’actions intégrées du gouvernement » a tout fait basculer. Depuis l’arrivée de Touadéra en 2016, les équipes se sont succédé – de Sarandji à Ngrebada –, mais une même ombre plane : celle d’un favoritisme qui ronge. « La coterie », comme l’appelle l’auteur, a pris les rênes, plaçant des fidèles plutôt que des capables, des tambours de clan plutôt que des voix de raison.

 

Le résultat ? Une litanie de faux pas. Les ministres, au lieu de sillonner les routes poussiéreuses pour écouter les plaintes des villageois, préfèrent les tapis rouges et les micros de la capitale. Oueifio s’indigne : « La timidité des membres du gouvernement à aller vers les populations à la base » trahit leur mission. Pendant ce temps, des gadgets comme les « organes de soutien au régime » pullulent, crachant des slogans creux et des appels à la division, loin de l’élan rassembleur des mains tendues. Le ministère de la Justice, qui aurait pu apaiser les cœurs en posant des balises de réconciliation, s’est mué en marteau, frappant les opposants avec des sentences brutales – peines de mort, travaux forcés à perpétuité – qui attisent les braises au lieu de les éteindre. Quant à l’Administration du territoire, elle laisse les provinces à l’abandon, proies des seigneurs de guerre et des pillards.

 

Le prix de l’errance : un chaos qui s’enracine

 

Quand les ministères s’égarent, c’est tout un peuple qui paie la facture. Oueifio dresse un constat qui serre la gorge : « Les populations ne peuvent pas librement aller au champ, à la pêche ni à la chasse ». Cette phrase, simple, dit tout : un gouvernement qui ne protège pas laisse ses enfants à la merci du vent mauvais. L’insécurité, la faim, le désespoir se sont installés, nourris par des ministères qui, au lieu de coordonner une symphonie de paix, jouent chacun leur propre cacophonie.

 

Pire, cette dérive a fissuré la foi des Centrafricains en leur État. Les ministères, autrefois vus comme des refuges, sont perçus comme des repaires d’opportunistes. Oueifio pointe du doigt des « brigades de mort (requins), d’intimidations et de répressions », des monstres nés dans l’ombre des institutions, qui terrorisent là où elles devraient rassurer. Cette méfiance a ouvert un gouffre : le peuple se replie, les dirigeants s’isolent, et le chaos s’enracine, offrant un banquet aux groupes armés et aux vautours étrangers. Le rêve des mains tendues s’effiloche, victime d’un gouvernement qui a oublié son chant premier.

 

Réécrire la partition : des ministères pour la paix

 

Mais tout n’est pas perdu. Elie Oueifio, dans sa colère lucide, ne se contente pas de déplorer : il tend une boussole. Pour que les ministères redeviennent des flambeaux de paix, il faut d’abord les purger de leurs poisons. « Choisis parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité », clame-t-il, citant Moïse comme un écho intemporel. Exit les courtisans, place aux bâtisseurs : des ministres choisis pour leur savoir-faire, pas leur serment d’allégeance.

 

Ensuite, il faut les remettre en mouvement. Oueifio rêve de ministères qui battent le pavé, qui vont au-devant des gens, là où la vie palpite encore malgré tout. Des caravanes dans les provinces pour écouter, comprendre, agir, plutôt que des cortèges inutiles à Bangui. Le ministère de la Justice, lui, doit troquer le bâton pour l’olivier, offrant l’amnistie comme un pont vers la réconciliation, pas comme une faiblesse. Et pour que tout tienne, l’Inspection générale d’État doit sortir de sa torpeur, veiller au grain, s’assurer que chaque rouage tourne dans le bon sens – celui de la paix, pas du désordre.

 

Notons que les ministères centrafricains sont à la croisée des chemins : ils peuvent rester des moulins à vent, brassant du chaos au gré des ambitions mesquines, ou devenir des moulins à eau, irriguant un pays assoiffé de paix. Elie Oueifio nous met face à ce choix, avec une plume qui gronde et espère à la fois. Les mains tendues de Touadéra ne prendront vie que si les ministères se réveillent, se dépoussièrent, et se souviennent qu’ils sont là pour le peuple, pas pour les puissants. La RCA mérite mieux qu’un gouvernement qui vacille : elle mérite des phares qui brillent, même dans la nuit la plus noire. À nous de rallumer la flamme.

 

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