Le gouvernement centrafricain envisage d’interdire l’importation de produits surgelés sur le territoire centrafricain

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Le gouvernement centrafricain envisage d’interdire l’importation de produits surgelés sur le territoire centrafricain

 

Le gouvernement centrafricain envisage d’interdire l’importation de produits surgelés sur le territoire centrafricain
Des mercenaires russes du groupe Wagner faisant leur course dans le super marché Bangui Mall au centre-ville de Bangui

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Dans une volonté de protéger sa population et de renforcer son autonomie alimentaire, le gouvernement centrafricain, via le ministère du Commerce et de l’Industrie, étudie actuellement des mesures visant à interdire ou strictement réguler l’importation de produits surgelés sur son territoire. Une décision qui pourrait impacter le marché national, mais aussi relancer les filières de production du pays.

 

Le contexte est clair. Les autorités pointent du doigt les risques sanitaires liés aux produits importés, souvent mal conservés ou issus de circuits opaques. Poissons surgelés d’Asie, poulets brésiliens ou plats préparés européens inondent les marchés de Bangui à des prix défiant toute concurrence. Mais ces produits, parfois stockés dans des conditions douteuses, font craindre des contaminations microbiologiques ou l’usage de conservateurs non conformes. À cela s’ajoute une volonté politique : renforcer l’autonomie alimentaire dans le cadre du Plan national de développement économique 2025-2030.

 

Prenons l’exemple du poisson. Les tilapias ou capitaines pêchés dans l’Oubangui ou sur les côtes nationales se vendent à des prix exorbitants, parfois cent fois supérieurs à ceux des poissons surgelés importés. Même constat pour le poulet, incontournable lors des fêtes. Les volailles nationales, élevées à petite échelle, peinent à rivaliser avec les cargaisons de cuisses congelées venues d’Europe ou d’Amérique du Sud, qui représentent 60 % du marché selon les estimations douanières. Une interdiction des importations pourrait-elle doper ces filières locales ? Possible, mais pas certain.

 

Car la production nationale montre ses limites. Actuellement, elle ne couvre que 40 % des besoins en protéines animales du pays. Les éleveurs de Boali ou les pêcheurs de l’Oubangui, bien que déterminés, manquent d’infrastructures, de chaînes de froid fiables et de financements pour augmenter leurs rendements. Si les importations venaient à cesser brutalement, le risque de pénurie serait réel. Les prix des produits nationaux, déjà 30 à 50 % plus élevés, pourraient flamber, aggravant l’insécurité alimentaire pour les ménages modestes.

 

Un spécialiste centrafricain en sécurité alimentaire, basé à Bangui, tempère : « L’idée est louable, mais sans un plan d’investissement massif dans les abattoirs, les unités de transformation et les réseaux de distribution, la transition sera chaotique ». Les importateurs, de leur côté, dénoncent une mesure qui violerait les accords commerciaux de la CEMAC et menacent de porter l’affaire devant les instances régionales.

 

Pourtant, des opportunités existent. Une régulation stricte des importations pourrait créer des emplois dans l’élevage, la pêche et l’agroalimentaire national. À condition, toutefois, que le gouvernement anticipe. Une politique bien calibrée, avec des subventions aux producteurs et des campagnes pour promouvoir les produits frais, pourrait combler le vide laissé par les surgelés importés. Mais une improvisation hâtive, sans vision à long terme, risque de provoquer l’inverse : inflation galopante, rupture d’approvisionnement et grogne sociale.

 

Les autorités promettent une consultation publique d’ici fin mai 2025, ainsi qu’un fonds de soutien aux producteurs locaux, financé par des taxes sur les importations restantes. Le ministère de la Santé, lui, annonce un renforcement des contrôles qualité pour garantir la sécurité des produits nationaux. Mais le calendrier reste flou, et la capacité de l’État à coordonner ces efforts interroge.

 

L’ambition est séduisante : protéger la santé des Centrafricains et bâtir une économie alimentaire souveraine. Mais sans une préparation rigoureuse, le rêve d’autosuffisance pourrait se transformer en cauchemar inflationniste. Le poisson de l’Oubangui et le poulet de Boali ont du potentiel, mais sont-ils prêts à nourrir tout un pays ? Rien n’est moins sûr….

 

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