L’Armée Centrafricaine à l’Épreuve de la Politique : Leçons et Perspectives, selon Élie Ouéifio, Ancien Ministre

Publié le 6 juin 2024 , 5:12
Mis à jour le: 6 juin 2024 10:36 am

L’Armée Centrafricaine à l’Épreuve de la Politique : Leçons et Perspectives, selon Élie Ouéifio, Ancien Ministre

 

Les soldats FACA du septième b bataillon d'infanterie territoriale (BIT-7)
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Élie Ouéifio, ancien ministre, décrit l’évolution de l’armée centrafricaine, autrefois un symbole de fierté nationale, aujourd’hui en proie à la politisation et à la déstabilisation. Son analyse offre un regard approfondi sur les défis rencontrés et les perspectives pour une armée républicaine et forte, détachée des influences politiques néfastes.

 

L’armée centrafricaine, fondée en 1961 sous la direction du capitaine Jean Bedel Bokassa, a connu des heures de gloire entre les années 1961 et 1972. Bokassa, ancien officier de l’armée française, a rapidement structuré cette institution selon des principes militaires stricts et une éthique rigoureuse, conférant à l’armée centrafricaine une réputation de discipline et d’efficacité. Cette période a vu la création de structures de formation et l’émergence de soldats respectés et compétents, solidifiant la confiance du peuple centrafricain envers son armée.

 

Mais avec le temps, l’armée centrafricaine est devenue progressivement otage des jeux politiques. La politisation de cette institution a débuté sous Bokassa, mais s’est intensifiée sous les régimes successifs. Les chefs d’État comme David Dacko, André Kolingba, Ange Félix Patassé, François Bozizé, Michel Djotodia, Catherine Samba-Panza et Faustin Archange Touadéra ont tous, à divers degrés, contribué à l’utilisation de l’armée à des fins politiques.

 

Sous le régime de Bokassa, l’armée bénéficiait encore d’une certaine autonomie, malgré les premières incursions politiques. David Dacko, lors de son second mandat, a commencé à utiliser l’armée pour consolider son pouvoir, mais c’est surtout sous Kolingba que l’armée a vu son rôle transformé en outil politique, avec des nominations et promotions influencées par des considérations tribales et politiques.

 

Le régime de Patassé a marqué un tournant décisif dans la politisation de l’armée. Utilisant les forces armées pour réprimer l’opposition et protéger son pouvoir, Patassé a encouragé un climat de méfiance et de division au sein de l’institution militaire. Les effets de cette politisation se sont aggravés sous Bozizé, où l’armée a été utilisée pour combattre les rébellions internes, souvent avec des interventions directes du pouvoir exécutif dans les affaires militaires.

 

Avec l’arrivée de Michel Djotodia, la situation a empiré. La dissolution de l’armée nationale et son remplacement par des milices rebelles a non seulement affaibli l’institution mais a aussi plongé le pays dans une crise sécuritaire sans précédent. Catherine Samba-Panza, qui lui a succédé, a tenté de réformer l’armée, mais ses efforts ont été entravés par des tensions politiques internes et des ressources limitées.

 

Faustin Archange Touadéra a hérité d’une armée fragmentée et profondément politisée. Sous son régime, l’armée centrafricaine a continué de subir l’influence de factions politiques et de groupes armés, notamment avec l’implication des mercenaires étrangers, rendant difficile toute tentative de réforme structurelle et de professionnalisation de l’armée.

 

Élie Ouéifio, dans son analyse, souligne la nécessité urgente de dépolitiser l’armée centrafricaine. Il appelle à une réforme profonde visant à restaurer la discipline, l’éthique et la neutralité de cette institution. Pour Ouéifio, la survie et la stabilité de la Centrafrique passent par une armée républicaine, dédiée exclusivement à la protection du peuple et à la défense du territoire national.

 

Il propose plusieurs pistes de réformes, inspirées par des modèles d’armées étrangères qui ont réussi à maintenir leur intégrité face aux défis politiques. Il cite l’exemple de l’armée de la République démocratique du Congo sous Mobutu, qui a su rétablir la discipline et la confiance malgré des débuts tumultueux. Ouéifio note que Mobutu a évité la politisation en insistant sur la formation des cadres et en maintenant l’armée en dehors des luttes politiques internes.

 

Un autre modèle inspirant est l’armée angolaise, qui a réussi à reformer ses forces armées en instaurant des lois strictes sur l’âge d’enrôlement, la durée du service militaire et la formation continue des soldats. Cette approche a permis de créer une armée disciplinée et patriote, capable de défendre la nation contre les menaces internes et externes.

 

Ouéifio souligne également l’importance d’un leadership fort et visionnaire pour mener ces réformes. Il appelle les dirigeants centrafricains à s’inspirer des principes de gouvernance établis par Dieu, en mettant en avant la justice, l’intégrité et le service au peuple comme fondements de la gestion militaire.

 

Il insiste sur la nécessité de créer un cadre légal et institutionnel qui protège l’armée de l’ingérence politique. Cela inclut la mise en place d’un système de promotion basé sur le mérite et non sur l’affiliation politique, la formation continue des soldats et des officiers pour renforcer leurs compétences professionnelles et éthiques, et l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires pour prévenir la corruption et la démotivation.

 

Enfin, Ouéifio conclut en affirmant que la restauration de l’armée centrafricaine en tant qu’institution républicaine est essentielle pour la paix, la sécurité et le développement de la Centrafrique. Il appelle à une mobilisation collective, tant au niveau national qu’international, pour soutenir ces réformes et assurer un avenir stable et prospère pour le peuple centrafricain.

 

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