L’AES lance ses outils médiatiques : quid de la liberté de la presse au Sahel ?

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L’AES lance ses outils médiatiques : quid de la liberté de la presse au Sahel ?

 

L’AES lance ses outils médiatiques : quid de la liberté de la presse au Sahel ?
Alhamdou Ag ILYENE , ministre malien de la communication, de l’économie numérique et de la modernisation de l’administration

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Du 27 au 29 décembre, une rencontre s’est tenue à Bamako, réunissant entre autres les ministres de la Communication et des technologies de l’information et de la communication de l’AES pour le lancement d’une « plateforme numérique ». Pourtant la liberté dans ces pays n’a jamais été aussi entravée.

 

Créée lors du premier sommet de l’AES le 6 juillet, la Confédération AES travaille depuis à l’élaboration de ses outils de communication et d’information. Avec la création de sa propre plateforme numérique, constitué d’une Web TV, d’une chaîne TV et d’une radio, il s’agit d’assurer un journalisme « officiel » « fiable » et « patriotique ». Le 30 décembre, le logo est déjà dévoilé : sous un bandeau rouge, clamant fièrement « Confédération des États du Sahel », trois étoiles représentant les trois pays de l’AES surplombent un baobab encadré par un soleil. Au pied du baobab, les silhouettes réunies symbolisent probablement l’union des populations des pays de l’AES. La devise « Un Espace, un Peuple, un Destin » apparaît sous le logo. Selon les déclarations de Alhamdou Ag ILYENE, ministre malien de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration, ce nouveau dispositif permettra de « faire face à une guerre informationnelle », « consolider le capital confiance » et « rassurer la population ». Ces déclarations sont diffusées sur la chaîne malienne ORTM. La plateforme numérique deviendrait un outil de lutte contre la désinformation et un moyen d’appuyer le crédit de la Confédération de l’AES auprès des communautés transnationale et internationale….

 

Le contrôle de l’information en ligne de mire ?

La contribution des médias dans « la favorisation du dialogue entre les autorités, la société civile et les citoyens afin de garantir la transparence, la participation et la réussite de l’AES » est fortement soulignée lors du symposium du 26 novembre dernier à Niamey. Il a regroupé des journalistes maliens, nigériens et burkinabés, sous la présidence de Sidi Mohamed Raliou, ministre nigérien de la Communication, des Postes et de l’Économie numérique. Pourtant, depuis la prise de pouvoir par les militaires, d’innombrables abus sont commis à l’encontre des journalistes dans les pays de l’AES. Les professionnels des médias ont vu leur liberté grandement diminuée.

Récemment, la chaîne de télévision malienne Joliba TV News fait l’objet d’une sanction par la Haute autorité de la communication (HAC), et cesse de tourner le jour même où Sidi Mohamed Raliou rappelle l’importance de la transparence journalistique lors du Symposium. La chaîne est suspendue pendant six mois. Les causes de cette décision sont les doutes émis par l’homme politique Issa Kaou N’Djim concernant « la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso ». Ce qui provoque le mécontentement des autorités burkinabés, qui réclament une sanction contre le média. Issa Kaou N’Djim est condamné à un an de prison ferme pour « offense commise publiquement envers un chef d’État étranger », et à payer une amende d’un million de francs CFA. En juin, les journalistes burkinabés Atiana Serge Oulon, Kalifara Seré et Adama Bayala sont enlevés. Des informations révèlent plus tard qu’ils ont été engagés de force par l’armée. Un quatrième journaliste, Alain Traoré, enlevé en juillet par des hommes prétendant appartenir à l’Agence nationale de Renseignement, est toujours porté disparu. Il avait mis en place une chronique satirique, « Ça va ça ne va pas », qui parle notamment de la gouvernance de la nation.

Ce recul de la liberté de la presse est un sujet discuté à tous les niveaux. « Le coup d’État de juillet 2023, suivi de l’adoption par la junte de mesures liberticides, a fait chuter le Niger (80e) de 19 places. La situation n’est guère reluisante au Burkina Faso (86e) avec une perte de 28 places, ainsi qu’au Mali (114e). », affirme Reporters Sans Frontières (RSF) dans son classement sur la liberté de la presse 2024.

En mettant en place ce nouvel outil médiatique, l’objectif est clair : le contrôle de l’information. Il reste donc à savoir si cet évènement profitera aux journalistes de ces pays. Ce qui est, en attendant, est que ces derniers doivent pouvoir mener à bien leur mission d’informer sans crainte d’une quelconque punition.

 

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