La justice introuvable : quand les bourreaux des femmes centrafricaines narguent leurs victimes
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
À l’entrée du tribunal de grande instance de Bangui, Clarisse serre dans sa main une plainte déposée il y a deux ans. Elle vient encore une fois vérifier si son dossier avance. Son agresseur, elle le croise chaque jour au marché. Il sourit en la voyant, sûr de son impunité. “Il sait que rien ne lui arrivera”, murmure-t-elle, la rage au cœur. “Ici, violer de femmes centrafricaines coûte moins cher qu’un sac de manioc.”
Dans les couloirs de la justice centrafricaine, les dossiers de violences basées sur le genre s’empilent, jaunissent et finissent par disparaître. À Bangui comme dans les provinces, le même scénario se répète : les plaintes des femmes centrafricaines s’accumulent, les victimes s’épuisent, et les bourreaux continuent leur sinistre besogne.
“J’ai arrêté de compter les femmes centrafricaines qui abandonnent”, confie Maître Sylvie Namkoisse, avocate spécialisée dans les droits des femmes. “Elles viennent pleines d’espoir, mais après des mois de procédures sans fin, de rendez-vous reportés, de dossiers ‘égarés’, elles finissent par baisser les bras. La justice les viole une seconde fois“.
À Bambari, le tableau est encore plus sombre. Le tribunal ne fonctionne qu’avec des juges intérimaires. Les victimes doivent parfois marcher des kilomètres pour déposer plainte, pour s’entendre dire que “le magistrat n’est pas là aujourd’hui”. Pendant ce temps, les violences sur les femmes centrafricaines continuent, se banalisent, deviennent presque normales.
“On nous dit d’aller en justice”, s’indigne Pauline, responsable d’une association de femmes à Bria. “Mais quelle justice ? Celle qui demande de l’argent aux victimes ? Celle qui perd les dossiers ? Celle qui laisse les criminels acheter leur liberté ?” Sa voix tremble de colère contenue.
Les chiffres sont accablants. Sur les milliers de cas de violences basées sur le genre recensés chaque année, à peine une poignée aboutit à des condamnations. Dans certaines régions, les femmes centrafricaines ont même arrêté de porter plainte, convaincues que c’est peine perdue.
Pourtant, des lueurs d’espoir persistent. À Bouar, un collectif d’avocates bénévoles accompagne gratuitement les victimes. À Bangui, des magistrats et avocates engagés tentent de faire bouger les lignes, malgré les pressions. “C’est un combat de chaque instant”, confie l’un d’eux sous couvert d’anonymat. “Mais chaque fois qu’un agresseur est condamné, c’est une victoire pour toutes les femmes“.
Le chemin vers une justice équitable reste long. Mais les femmes centrafricaines n’ont plus le choix : soit elles continuent de se battre pour leurs droits, soit elles acceptent de vivre dans la peur perpétuelle. “Nos filles nous regardent”, rappelle Clarisse en quittant le tribunal. “Si nous abandonnons aujourd’hui, qui les protégera demain ?”
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