samedi, décembre 21, 2024
AccueilActualitésActualités en CentrafriqueLa dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au...

La dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au milieu de la misère

La dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au milieu de la misère

 

Firmin Ngrebada devant sa résidence à la citée de belle vue dans le septième arrondissement de Bangui, illustrant l'article sur La dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au milieu de la misère
Firmin Ngrebada devant sa résidence à la citée de belle vue dans le septième arrondissement de Bangui

 

 

Éditorial de Dr. Alain Nzilo.

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 Le contraste est saisissant dans les rues de Bangui. D’un côté, une population qui s’enfonce chaque jour davantage dans la précarité. De l’autre, une classe dirigeante qui affiche sans vergogne les signes extérieurs d’une richesse soudaine acquise depuis 2016.

 

L’histoire de la RCA semble désormais se diviser en deux périodes distinctes : avant et après 2016. Non pas que la pauvreté soit nouvelle dans ce pays meurtri par des décennies de conflits. Mais jamais le contraste n’a été aussi saisissant entre l’opulence ostentatoire des uns et le dénuement croissant des autres. En quelques années seulement, le paysage urbain de Bangui s’est transformé de façon stupéfiante. Les villas luxueuses poussent comme des champignons dans certains quartiers privilégiés comme le quartier présidentiel de Boy-Rabe et de Bellevue, tandis que la majorité de la population peine à se nourrir une fois par jour.

Chambre luxueuse de Marcel Djimasse avec lit sculpté, tableau de singe et salon adjacen, illustrant l'article sur La dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au milieu de la misère
Le ministre Marcel Djimasse affiche son train de vie fastueux sur Facebook, provoquant des réactions mitigées des centrafricains

 

Cette métamorphose fulgurante de la fortune des gouvernants défie toute logique économique. Comment expliquer que des fonctionnaires et des élus, y compris les membres du gouvernement et ceux de la présidence de la République, aux salaires pourtant bien connus, puissent soudainement acquérir un train de vie digne des émirs du Golfe ? Les 4×4 rutilants qui sillonnent les rues défoncées de la capitale racontent, à leur manière, l’histoire d’un enrichissement aussi spectaculaire que suspect.

 

Le plus révoltant dans ce tableau déjà sombre est sans doute l’impudeur avec laquelle s’affiche cette richesse mal acquise. Alors que 71% des Centrafricains vivent sous le seuil de pauvreté, que l’accès aux soins et à l’éducation reste un luxe pour la majorité, certains membres de la classe dirigeante semblent prendre un malin plaisir à exhiber leur prospérité soudaine. Les fêtes somptueuses, les voyages ostentatoires et les dépenses somptuaires sont devenus le quotidien d’une caste qui semble avoir perdu tout sens de la décence.

 

Cette dérive éthique de la classe politique n’est pas seulement moralement condamnable. Elle constitue une menace réelle pour la stabilité d’un pays qui peine encore à panser les plaies de la guerre civile. Comment maintenir la cohésion sociale quand une poignée de privilégiés s’accapare les richesses nationales avec une telle impunité ? Comment prêcher la réconciliation quand l’injustice sociale atteint de tels sommets ?

Évariste Ngamana avec son nouveau véhicule V8, illustrant l'article sur  La dérive éthique de la classe dirigeante centrafricaine : le faste au milieu de la misère
Évariste Ngamana avec son nouveau véhicule V8

 

Le plus inquiétant est peut-être la paralysie des institutions censées lutter contre ces dérives. La Haute Autorité chargée de la Bonne Gouvernance, pourtant inscrite dans la Constitution de 2016, semble frappée de cécité sélective face à ces signes extérieurs de richesse inexpliqués. Les mécanismes de contrôle, théoriquement mis en place pour prévenir l’enrichissement illicite, ressemblent de plus en plus à une façade destinée à rassurer les bailleurs de fonds internationaux.

 

Cette faillite éthique au sommet de l’État n’est pas sans conséquence sur le tissu social centrafricain. La rupture du contrat moral entre gouvernants et gouvernés alimente un dangereux cocktail de frustrations et de ressentiments. Dans un pays où les tensions communautaires restent vives, l’émergence d’une classe de nouveaux riches issus du pouvoir fait planer le spectre d’une nouvelle explosion sociale.

 

Le plus dramatique est peut-être l’impact de cette situation sur la jeunesse centrafricaine. Quel message envoyons-nous aux nouvelles générations quand la réussite sociale semble indissociable de la corruption et du népotisme ? Comment construire un État de droit quand ceux-là mêmes qui sont censés incarner la loi s’en affranchissent avec une telle désinvolture ?

 

L’interpellation de Maître Mboli-Goumba pose finalement une question existentielle pour l’avenir de la République centrafricaine. Au-delà du bonheur individuel, c’est la possibilité même d’un destin commun qui est en jeu. Comment bâtir une nation quand une minorité privilégiée semble vivre dans un monde parallèle, déconnecté des souffrances quotidiennes de la majorité ?

 

La réponse à cette question ne peut être que politique. Il est urgent de restaurer les mécanismes de contrôle et de reddition des comptes. L’enrichissement illicite des élites politiques n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’une gouvernance défaillante qu’il est encore temps de corriger. À condition toutefois que la société centrafricaine dans son ensemble se mobilise pour exiger le retour à une éthique de la chose publique. Le bonheur des Centrafricains en dépend.

 

Corbeaunews Centrafrique

Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21

Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com

 

Cliquez sur ce lien pour vous Abonnez à la chaine WhatsApp de Corbeau News Centrafrique

Invitation à suivre la chaine du CNC

 

Cliquez sur ce lien pour intégrer nos groupes  WhatsApp :

CNC Groupe 3

4

Groupe Infos 

 

Rappelons que dans les deux premiers groupes, seuls les administrateurs publient des contenus. Et c’est réservé uniquement aux articles du CNC.

 

 

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments