Rédigé par Elvis Mattador
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC)
Bangui (CNC) – Encore une preuve que la diplomatie centrafricaine se porte très mal sous l’ère Faustin Archange Touadera. Au fort des grandes tensions politiques et géopolitiques qui secouent le pays, la chaîne TV5 Monde a bien voulu accorder une tribune à celle qui se trouve être la cheffe de la diplomatie centrafricaine. Ultime occasion pour le pays de Boganda de briller et d’expliquer avec méthode sa position face au conflit Russie-Ukraine si diligence communicationnelle était. Comme à ses habitudes, Sylvie Baipo Témon, “étrangère aux affaires étrangères”, a brillé par une impertinence qui ne dit pas son nom. Et pour causes ?
Face aux questions pourtant simplistes du journaliste de TV5 Monde, Sylvie Baipo Témon a brillé par la stratégie de l’évitement.
Première question : Quelle est la position de la République centrafricaine par rapport au conflit russo-ukrainien, lorsqu’on sait que la Russie est une alliée stratégique du régime de Bangui sur le plan de la défense, et surtout qu’il y eut des manifestations à Bangui en faveur de la Russie ?
La rossignol de la maison des champignons effleure, pour ne pas dire balbutie, renvoyant son locuteur à revisiter les principes du Droit International Humanitaire ; ce qui est bien loin d’être la tasse de thé des autorités de Bangui qui les viole (les principes du droit international humanitaire) allègrement, avec la complicité des FACA et des mercenaires du groupe Wagner.
En outre, Sylvie cache très mal le manque de courage des autorités de Bangui à assumer le flirt avec la Russie. Cela se justifie par les feintes à demi-mot où on envoie les badauds dans la rue chanter la gloire de la Russie, alors qu’il existe des canaux diplomatiques officiels pour marquer son soutien au pays des Tsars.
De quoi la diplomatie centrafricaine a-t-elle donc peur ?
La réponse est simple. Avec les preuves patentes de son engagement avec la Russie, le compte à rebours est donc prêt à être lancé. Les conséquences se font déjà sentir au pays de Boganda. Les caisses de l’État sont vides. La France a suspendu son importante aide budgétaire, laquelle représentait une grande moitié du budget centrafricain. L’UE est sur la même longueur d’ondes. Il y a risque d’arriérés de salaire à l’horizon. Qui plus est, la position de la diplomatie américaine concernant les pays africains qui soutiennent la Russie s’avère donc dangereuse pour cet État fragile qu’est la Centrafrique. Les sanctions pourraient être économiques, politiques, diplomatiques.
A défaut de jouer au rétropédalage ou à l’équilibriste, la diplomatie centrafricaine préfère l’évitement. Qu’en pensera la Russie, lorsqu’on sait qu’à Bamako, les positions sont clairement assumées. “Le discours et la méthode” de René Descartes n’est pas le propre de la cheffe de la diplomatie centrafricaine, caissière de son état.
Deuxième question : Plainte de la commission des Droits de l’Homme de l’ONU par rapport aux entraves faites aux enquêteurs, et déclaration de l’ONU tenant le gouvernement centrafricain responsable des violations des droits de l’homme commises par Wagner dans le pays.
Sylvie Baipo Témon joue ici à la stratégie de l’accusé-accusateur. La bonne dame renvoie la balle à l’ONU. Elle l’accuse de n’avoir pas su résoudre la crise en Centrafrique. Qui plus est, l’étrangère aux affaires étrangères tient la réthorique chérie des princiers de Bangui : “La crise centrafricaine ne date pas de 2021.
Il y a aussi eu entre-temps des violations”. Une manière de dire si les groupes armés ont tué, violé, qui est Wagner pour ne pas faire autant ? Qui sont les FACA pour ne pas faire de même. Une réthorique entièrement irresponsable et indigne d’un État dit des droits de l’homme. Sylvie Baipo Témon légitime en quelque sorte les crimes graves commis par Wagner en Centrafrique, ignorant que la justice internationale a encore dans son filet Ngaissona, Mokome et Rombhot.
A entendre la dame, Wagner peut continuer à tuer, violer et égorger. Il n’y aura pas justice pour les victimes. Encore plus, la justice centrafricaine n’est pas prête à punir ses nouveaux amis. Voilà comment, au regard des principes qui gouvernent le monde, Sylvie Baipo Témon enterre le régime de Touadera, et annihile surtout l’image que la Communauté Internationale peut se faire de ce pays.
A la fin de son intervention, aucun plaidoyer comme on voit dans les sorties médiatiques de certains diplomates à travers le monde. De 2018 à 2022, la République centrafricaine a accueilli la pire ministre des affaires étrangères. Aucune action forte pour porter le pays aux oripeaux des idées et des concepts. Aucune action pour marquer la diplomatie culturelle et sportive du pays. Aucune action pour imposer le pays au niveau des instances internationales. Aucun partenariat diplomatique conclu pour lutter contre l’enfoncement du pays. Des balades touristiques, tout pour les balades touristiques. Ce n’est pas sa faute pourtant, ancienne de BNP Paribas, Sylvie est juste une étrangère aux affaires étrangères.
En pensant au bradage des passeports diplomatiques sous sa gouverne, ne doit-on pas penser que la rossignol est passée “d’étrangère aux affaires étrangères” à “étrangère aux affaires étranges” (affaires louches) ? C’est à voir…
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