samedi, novembre 16, 2024
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Français libérés au Burkina: la prise de risques en question

 

 

Les deux otages français libérés par les forces spéciales au Burkina Faso, dans une opération qui a coûté la vie à deux militaires, effectuaient un safari au Bénin avant de se faire enlever, posant des questions sur la prise de risques de touristes. Voici ce que l’on sait:

A quel endroit se trouvaient-ils?

Patrick Picque et Laurent Lassimouillas effectuaient une séjour touristique au Bénin, dans le parc de la Pendjari, l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest, qui s’étend dans le nord du Bénin sur 5.000 km/2 le long de la frontière avec le Burkina Faso.

Attendus dans la soirée du 1er mai au lodge où ils séjournaient, ils ne sont jamais revenus. Le cadavre de leur guide béninois, Fiacre Gbédji, très abîmé, a été retrouvé le 4 mai dans le parc, laissant de plus en plus craindre un enlèvement.

Ils seront libérés une semaine plus tard, dans la nuit du 9 au 10 mai, par les forces spéciales françaises en même temps qu’une Sud-Coréenne et une Américaine qui étaient captives depuis 28 jours. Deux soldats français ont perdu la vie dans l’opération.

Etait-ce une zone dangereuse?

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a jugé que les deux touristes avaient pris des “risques majeurs” en se rendant dans une “zone considérée depuis pas mal de temps comme une zone rouge”, c’est-à-dire “formellement déconseillée”.

L’un des deux ex-otages, Laurent Lassimouillas, a concédé samedi, à leur retour en France, qu’ils auraient dû “prendre davantage en compte les recommandations de l’Etat”.

Le Bénin, longtemps épargné par le terrorisme, faisait figure de havre de paix en Afrique de l’Ouest, où prolifèrent les groupes armés. Mais la menace jihadiste venue du Sahel plane de plus en plus sur les pays riverains du Sud.

Le parc de la Pendjari, limitrophe du Burkina, est placé le 10 décembre par le quai d’Orsay en zone rouge, mais seulement le long de la frontière. Le reste du parc est au même moment classée sur une bonne partie orange (“déconseillée sauf raison impérative”), dont la zone du “Pendjari Lodge” où les Français séjournaient.

Le lodge n’a été placé en zone rouge qu’après le rapt, le 10 mai. Le ministère des Affaires étrangères diffuse alors une nouvelle carte et des consignes mentionnant explicitement le parc de la Pendjari.

“La carte change le 10 mai, compte tenu de cette séquence (l’enlèvement) et d’une meilleure compréhension de ce qu’il s’est passé. Le parc passe alors intégralement en rouge”, a confirmé à l’AFP Eric Chevallier, directeur du Centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay.

Mais, souligne le responsable, même s’il ne s’agit que d’une zone orange, cela signifie qu’elle est “déconseillée sauf raison impérative”. “Or le tourisme n’en fait pas partie”, rappelle-t-il.

Une incursion en zone risquée ?

Il semble de plus que les touristes français se soient rendus en véhicule tout-terrain dans une zone plus proche de la frontière bukinabè, elle alors classée en zone rouge, a indiqué à l’AFP un responsable d’African Parks Network (APN), l’ONG gestionnaire de la Pendjari, sous couvert de l’anonymat.

“Ils ont séjourné au Penjari Lodge. Ils ont fait leur safari avec leur guide dans une zone frontalière entre le Bénin et le Burkina”, a indiqué cette source.

Le lieu de l’enlèvement des otages n’est pas officiellement connu mais M. Chevallier a indiqué que leur voiture et le chauffeur tué ont été retrouvés tout près de la frontière, “en zone rouge”.

Quel effet a le classement en zone rouge?

Le classement en zone rouge n’entraîne aucune interdiction. Les agences de voyages françaises “n’organisent pas de voyages dans les zones rouges ni oranges”, a déclaré à l’AFP le représentant des agences de voyages françaises, Jean-Pierre Mas.

Mais rien n’empêche un touriste français de s’y rendre par ses propres moyens. Ainsi, les guides locaux continuent à y effectuer des safaris.

“Le fait que la zone ait été mise en alerte rouge signifiait pour nous qu’il y avait un risque à s’y aventurer avec les touristes”, explique à l’AFP Adamou Akpana, président de l’Union des guides et transporteurs de touristes de la Penjari.

Mais “le parc n’a pas fait d’interdiction formelle”, ajoute-t-il. “Malgré l’alerte, nous la fréquentions mais avec plus d’attention et de précautions.”

Jean-Yves Le Drian n’exclut pas de “durcir la réglementation”, ce qui pourrait se traduire par le passage de plus de zones orange en rouge, afin de dissuader les voyageurs de s’y rendre.

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Avec AFP

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