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Ethiopie : Des manifestations tournent à l’affrontement ethnique

Bangui (Republique Centrafricaine) 27 oct. 2019 00:44

Celui qui vient d’être récompensé du prix Nobel de la paix a réagi pour la première fois aux affrontements qui secouent son pays. Abiy Ahmed, le premier ministre éthiopien, a dénoncé samedi « une tentative de provoquer une crise ethnique et religieuse ». Il a averti que cette crise « pourrait encore s’aggraver si les Ethiopiens ne s’unissent pas ». Les violences ont éclaté mercredi dans la capitale du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avant de se répandre dans toute la région d’Oromia. Les partisans d’un activiste controversé, Jawar Mohammed, sont descendus dans les rues, brûlant des pneus, érigeant des barricades et bloquant les routes dans plusieurs villes. Vendredi, le bilan des heurts s’élevait à 67 morts, dont cinq policiers. Le responsable de la police dans l’Etat d’Oromia a souligné que la plupart des victimes avaient perdu la vie lors « d’affrontements opposant des civils entre eux », et non à l’occasion de l’intervention des forces de l’ordre. Jawar Mohammed, un ancien allié du Premier ministre Jawar Mohammed, le fondateur du média d’opposition Oromia Media Network (OMN), est en fait un ancien allié du Premier ministre réformateur Abiy. Tous deux appartiennent à la communauté oromo, le groupe ethnique le plus nombreux en Ethiopie. Les relations entre les deux hommes se sont récemment détériorées, Jawar Mohammed ayant publiquement critiqué plusieurs réformes d’Abiy Ahmed, allant même jusqu’à accuser le Premier ministre de vouloir « instaurer une dictature ». Ce dernier a été récompensé du prix Nobel en tant qu’artisan d’une réconciliation spectaculaire avec l’ex-frère ennemi érythréen. Il est aussi le père de réformes susceptibles de transformer en profondeur l’Ethiopie, longtemps livrée à l’autoritarisme. Mais la légalisation de groupes dissidents et l’amélioration de la liberté de la presse ont également permis une expression plus libre des tensions intercommunautaires et des nationalismes ethniques. Pour ses détracteurs, Jawar Mohammed incite, lui, à la haine ethnique. Il a notamment accusé à de nombreuses reprises les Tigréens de réprimer toute opposition et de marginaliser les Oromo, son ethnie, la plus importante d’Ethiopie. Les Tigréens, qui ne constituent plus que 6 % de la population, ont longtemps disposé d’un pouvoir sans commune mesure avec leur importance numérique. Le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF) a été à l’origine de la chute en 1991 du régime militaro-marxiste et a dominé jusqu’en 2018 la coalition depuis lors au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). Le ministère de la Défense a annoncé vendredi le déploiement de militaires dans sept zones où la situation restait particulièrement tendue.

Avec 20Minutes

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