Diplomatie ou propagande  de Balalou ? Le rôle ambigu de Touadera dans la crise gabonaise

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Diplomatie ou propagande  de Balalou ? Le rôle ambigu de Touadera dans la crise gabonaise

 

Diplomatie ou propagande de Balalou ? Le rôle ambigu de Touadera dans la crise gabonaise

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement centrafricain, Maxime Balalou, n’a pas lésiné sur les superlatifs pour célébrer le rôle du président Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro dans la résolution de la crise gabonaise.

 

Qualifiant l’élection de Brice Oligui Nguema de succès diplomatique et vantant la “dynamique stratégique” de la RCA au sein de la CEAC, Balalou a peint un tableau flatteur d’un président Touadéra en “leader incontesté” de l’Afrique centrale. Mais derrière cette rhétorique triomphaliste, une question se pose : s’agit-il réellement d’une prouesse diplomatique ou d’une opération de propagande visant à polir l’image d’un régime aux abois face à ses propres défis internes ?

 

Une médiation glorifiée, mais aux contours flous

 

Maxime Balalou a insisté sur le rôle de Baba Kongoboro comme “facilitateur” de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEAC) dans la transition gabonaise, soulignant une transition bouclée en 18 mois, contre les 24 prévus. Cette rapidité, selon lui, témoigne d’une “volonté politique” exemplaire et d’une diplomatie centrée sur la “légitimité régionale” et la “souveraineté des peuples”. Pourtant, le ministre reste étrangement vide en détails. Quelles actions concrètes Touadéra a-t-il entreprises ? Quels compromis a-t-il négociés ? Quels étaient les enjeux spécifiques qu’il a su débloquer ? La transcription de Balalou se contente d’éloges vagues, sans jamais préciser le contenu des “plusieurs démarches” ou des “rencontres” évoquées.

 

Cette opacité est troublante. Si la RCA a véritablement joué un rôle pivot, pourquoi ne pas fournir des exemples tangibles ? L’absence de transparence suggère que l’apport de Touadéra pourrait être exagéré, voire marginal, et que la véritable dynamique de la transition gabonaise repose davantage sur des acteurs internes ou d’autres partenaires régionaux. En comparaison, les médiations dans des crises comme celles du Mali ou du Burkina Faso, bien que controversées, ont souvent été documentées avec des détails sur les pourparlers, les concessions et les pressions exercées. En RCA, on nous demande d’applaudir une victoire sans voir le match.

 

Un miroir aux alouettes pour détourner l’attention

 

Le zèle de Balalou à glorifier l’engagement de Touadéra au Gabon semble d’autant plus suspect qu’il intervient dans un contexte de crises internes aiguës en République centrafricaine. À Zemio, les affrontements du 30 avril, 1 et 2 mai  entre les soldats FACA, appuyés par les mercenaires russes et les casques bleus contre les miliciens Azandé, ont causé, en moins d’une semaine,  des pertes humaines et des déplacements massifs, démontrant l’incapacité persistante du gouvernement à sécuriser l’est du pays. À Haut-Mbomou, les tensions avec les milices et les accusations d’ingérence étatique alimentent un climat d’instabilité. Sur le plan électoral, la révision des listes électorales, vantée par Balalou comme une avancée, est entachée de doutes sur son accessibilité et sa fiabilité avec des noms de Lionel Messie, des stars nigériens et autres remplis sur ces listes électorales.

 

Dans ce contexte, l’insistance sur le “triomphe” gabonais ressemble à une diversion. En mettant en avant Touadéra comme un artisan de la paix régionale, le gouvernement cherche-t-il à faire oublier ses échecs domestiques ? La rhétorique de Balalou, qui évoque un président “renforçant l’image de la RCA” et faisant du pays un “pôle de stabilité”, contraste cruellement avec la réalité d’un État fragilisé par l’insécurité, la pauvreté et les tensions politiques. Cette opération de communication semble conçue pour redorer le blason d’un régime en quête de légitimité, alors que les Centrafricains attendent des solutions concrètes à leurs problèmes quotidiens.

 

Une diplomatie au service de l’image personnelle

 

Un autre aspect problématique des déclarations de Balalou est la personnalisation extrême du succès gabonais autour de Touadéra. En le présentant comme un “leader incontesté” et un “homme de paix”, le ministre réduit la diplomatie centrafricaine à une entreprise de culte de la personnalité. Cette approche marginalise les institutions nationales et régionales, comme la CEAC elle-même, et ignore le rôle potentiel d’autres acteurs, qu’il s’agisse des diplomates centrafricains, des partenaires internationaux ou des Gabonais eux-mêmes. En outre, l’accent mis sur la “souveraineté des peuples” semble ironique venant d’un gouvernement qui, à Haut-Mbomou, rejette les revendications locales au nom du “monopole de la violence” de l’État.

 

Cette focalisation sur Touadéra pousse à s’interroger sur les motivations réelles de son engagement au Gabon. Était-ce une véritable volonté de stabiliser la sous-région ou une opportunité de se positionner comme un acteur incontournable sur la scène africaine ? Dans un continent où les transitions post-coup d’État sont souvent sources de tensions (comme au Tchad ou en Guinée), la RCA aurait pu tirer des leçons pratiques pour renforcer ses propres institutions démocratiques. Au lieu de cela, Balalou préfère vanter une “nouvelle approche politique” sans expliquer comment elle pourrait s’appliquer à la RCA, où les échéances électorales à venir risquent de redoubler les divisions.

 

Une leçon mal apprise pour l’Afrique

 

Balalou appelle à tirer des “leçons” de la crise gabonaise pour l’Afrique, mais son discours élude les véritables défis du continent : la fragilité des institutions, la dépendance aux interventions étrangères et la récurrence des transitions militaires. En célébrant le Gabon comme un modèle, il passe sous silence les critiques internationales sur la légitimité du processus électoral ayant porté Oligui Nguema au pouvoir. Cette omission est révélatrice : le gouvernement centrafricain semble plus intéressé par une success story à revendiquer que par une réflexion critique sur les dynamiques des transitions autoritaires.

 

De plus, l’idée que la RCA, un pays en proie à des conflits armés et à une gouvernance précaire, puisse servir de “pôle de stabilité” en Afrique centrale est presque pathétique. Balalou affirme que les Centrafricains doivent être “fiers” de cette réussite, mais combien d’entre eux, confrontés à l’insécurité et à la hausse du coût de la vie, partagent cet enthousiasme ? La baisse des prix du carburant, annoncée dans la même conférence, est jugée insuffisante par la population, et les promesses de justice contre les “ennemis de la paix” sonnent creux face à l’impunité persistante dans les zones de conflit.

 

Un écran de fumée diplomatique

 

Le rôle de la RCA dans la crise gabonaise, tel que dépeint par Maxime Balalou, est moins une prouesse diplomatique qu’un exercice de propagande destiné à magnifier l’image de Faustin-Archange Touadéra. En l’absence de détails concrets sur sa contribution, l’emphase sur son leadership régional apparaît comme une tentative de masquer les failles d’un gouvernement débordé par les crises internes. Les Centrafricains méritent mieux qu’un récit héroïque déconnecté de leur réalité. Plutôt que de s’autoproclamer champion de la stabilité africaine, le régime de Touadéra ferait mieux de s’attaquer aux défis qui minent la cohésion nationale, de Zemio à Haut-Mbomou , et de garantir des élections transparentes. La diplomatie véritable commence par la crédibilité chez soi….

 

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