Des prisons en tant qu’unités de production : un potentiel inexploité
Bangui, 04 juillet 2023 (CNC) – Les prisons, souvent considérées comme de simples lieux de détention, pourraient-elles également jouer un rôle dans la production ? C’est la question qui a motivé une formation organisée par la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine) à Bangui, jeudi et vendredi derniers, à laquelle ont participé une vingtaine d’agents pénitentiaires venant de Bangui et des provinces.
L’objectif de cette formation était d’enseigner aux agents les compétences et techniques nécessaires pour assurer une gestion comptable efficace des unités de production dans les prisons de la République centrafricaine (RCA). L’idée sous-jacente était de rendre la production carcérale rentable afin d’assurer une répartition équitable des ressources.
Michel Gabriel-Zité, chef de projet réformes pénales internationales, explique : « Dans le cadre des politiques de réinsertion sociale et professionnelle des condamnés au sein des établissements pénitentiaires, la MINUSCA a investi plusieurs centaines de millions de francs ces cinq dernières années pour créer des unités de production. Cependant, ces unités ne sont pas toutes opérationnelles. Les retours que nous avons du terrain ne sont pas encourageants. Certaines d’entre elles ne fonctionnent plus, tandis que celles qui fonctionnent encore le font de manière inefficace. »
L’une des principales raisons est la lutte contre la sous-alimentation carcérale. L’idée était de former les détenus à l’élevage de chèvres, avec pour objectif d’obtenir un nombre suffisant de bêtes pour améliorer l’alimentation au sein des établissements pénitentiaires. Il ne s’agissait pas seulement de produire en vue de la vente, mais plutôt de favoriser l’autoconsommation. En cas de surplus, la vente des produits aurait permis de réinjecter des fonds pour soutenir l’activité. Malheureusement, si les sommes récoltées n’ont pas été utilisées à cette fin, il est compréhensible qu’au bout de quelques années, ces ateliers de production soient amenés à fermer.
Natasha Clarisse Ndotiyanga, contrôleuse pénitentiaire, a participé à cette formation de deux jours et estime qu’elle sera désormais en mesure de mieux gérer ces activités. « Auparavant, nous menions ces activités sans réelle structure. Si nous effectuons un travail de qualité, cela réduira les charges de l’État. Si certaines activités ne fonctionnent pas normalement, c’est souvent par manque de connaissances. Désormais, nous disposons des outils nécessaires pour bien gérer ces activités. La création d’une ménagerie, d’une pisciculture, d’un élevage de poulets de chair, d’une bergerie et de nombreux autres domaines de production constitue aujourd’hui les secteurs d’activité au sein des établissements pénitentiaires en Centrafrique. Si ces unités sont bien gérées, cela facilitera une meilleure prise en charge des détenus en RCA. »
Il est donc clair que les prisons de la RCA ont un potentiel inexploité en termes de production. La formation dispensée par la MINUSCA aux agents pénitentiaires constitue une première étape cruciale pour améliorer la gestion de ces activités. En permettant une utilisation plus efficace des ressources et en favorisant l’autoconsommation, ces unités de production pourraient non seulement contribuer à l’autonomie financière des établissements pénitentiaires, mais aussi améliorer les conditions de vie des détenus. Il reste à espérer que les leçons apprises lors de cette formation seront mises en pratique et que les prisons de la RCA connaîtront une véritable transformation en tant qu’unités de production fonctionnelles et bénéfiques pour tous.
Par Anselme Mbata
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