Démocratie en Afrique : le retour des années de plomb, selon Martin Ziguelé
Bangui, 25 septembre 2023 (CNC) – La Journée Internationale de la Démocratie, célébrée chaque année le 15 septembre, nous offre l’occasion de réfléchir profondément sur l’état actuel de la démocratie en Afrique, une question cruciale pour l’avenir de notre continent. Dans ce contexte, les récentes déclarations de Martin Ziguélé, ancien Premier Ministre centrafricain et leader politique chevronné, suscitent une attention particulière. Il souligne à juste titre que l’Afrique a connu une période de transition démocratique après des décennies de régimes de parti unique, mais que ces avancées sont désormais menacées par une résurgence des coups d’État militaires et des manipulations politiques.
Les années 1990 ont été une époque marquante pour l’Afrique, avec la montée en puissance des mouvements démocratiques. Des “conférences nationales souveraines” ont été organisées dans de nombreux pays africains, débouchant sur la mise en place de régimes de transition démocratique et d’élections libres. Cela a permis à de nombreux pays de vivre plusieurs alternances démocratiques et de voir émerger une société civile plus active.
Cependant, les progrès ont été inégaux et les défis persistants. Les élections ont souvent été entachées de fraudes, les dirigeants ont cherché à prolonger leur mandat par des révisions constitutionnelles opportunistes, et la gouvernance a souffert de dysfonctionnements croissants dans de nombreux pays. Les partis politiques, censés être les gardiens de la démocratie, ont parfois été manipulés pour servir les intérêts des dirigeants au pouvoir.
La situation est contrastée en Afrique. Certains pays, tels que le Sénégal, le Nigeria, la Tanzanie et le Botswana, ont réussi à maintenir des transitions démocratiques pacifiques et à réaliser des progrès significatifs dans le bien-être de leur population. Cependant, au cours des deux ou trois dernières années, une série de coups d’État militaires a secoué le continent, renversant des dirigeants démocratiquement élus. Les prétextes de ces coups d’État sont souvent les mêmes : mauvaise gouvernance politique, économique et sécuritaire.
Ce retour en force des coups d’État militaires est préoccupant. Les juntes militaires qui prennent le pouvoir ne font que masquer des pratiques politiques autoritaires et antidémocratiques. Elles portent atteinte à la stabilité socioéconomique et politique de l’ensemble de l’Afrique. Un exemple criant est le coup d’État au Niger, où le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, est retenu en otage par des militaires. Le refus courageux de Bazoum de signer sa démission est un acte de résistance contre la déstabilisation de la démocratie.
Face à cette menace croissante pour la démocratie en Afrique, que pouvons-nous faire concrètement ? Martin Ziguelé souligne que les démocrates et progressistes du monde entier doivent s’unir pour mettre fin à cette spirale de coups d’État militaires et de manipulations constitutionnelles. La solidarité internationale envers les mouvements démocratiques en Afrique doit être active et militante.
La démocratie est essentielle pour la paix et la justice sociale en Afrique. Elle oblige les dirigeants élus à rendre compte de leurs actions et à travailler dans l’intérêt général. Les défis de sécurité et de développement auxquels l’Afrique est confrontée ne peuvent être résolus par des régimes autoritaires, mais par des forces politiques progressistes et républicaines qui s’appuient sur la participation des citoyens.
En cette Journée Internationale de la Démocratie, le message de Martin Ziguélé est clair : l’avenir de la démocratie en Afrique est en danger, et il est de notre devoir en tant que démocrates et progressistes de lutter pour la sauvegarde de cette précieuse valeur. Les aspirations démocratiques des peuples africains méritent d’être respectées, et la solidarité internationale envers ces aspirations est plus que jamais nécessaire.
Par Alain Nzilo
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