Bangui, 29 nov. 21 (Corbeaunews – Centrafrique ) – A Bangui, des voix s’élèvent pour dénoncer la libération de l’ex-rebelle. Accusé de crimes contre l’humanité, il devait comparaître devant la Cour Pénale Spéciale.
Depuis vendredi (26 novembre), la justice pour les victimes de l’UPC (l’Union pour la Paix en Centrafrique), l’un des plus redoutables groupes armés rebelles de la RCA traverse une période difficile avec la libération de son numéro 2, Hassan Ali Bouba poursuivi pour crimes de guerre par la Cour pénale spéciale. Le Dr Jean-Bruno Malaka, porte-parole de la Cour pénale spéciale ne cache pas sa surprise : “A notre grande surprise, ce jour 26 novembre 2021, lorsque l’équipe qui devrait extraire sieur Bouba pour le présenter devant cette chambre d’instruction a été empêchée manu militari d’avoir accès au suspect.”
Autre suprise : Hassan Ali Bouba, qui a rejoint le pouvoir en 2017 et qui est actuellement ministre de l’Élevage, n’a pas été limogé, malgré son arrestation. Son nom figure même sur la liste des ministres invités à prendre part, le 1 décembre, à des offices religieux à l’occasion de la fête d’indépendance de la Centrafrique.
Autant d’indices qui font planer des soupçons sur les intentions réelles du gouvernement. Les Centrafricains interrogés sont déçus et en colère :
“Il s’agit d’un acte aussi ignoble qu’inadmissible qui met notre pays au ban de la communauté internationale. Et en même temps qu’il envoie un message clair à la communauté nationale à savoir que jamais la justice ne sera rendu aux victimes centrafricaines et je précise quand même qu’il pèse sur Hassan Ali Bouba, les présomptions graves de crimes contre l’humanité.”
“Qui est le garant de la loi et des institutions si ce n’est que le président de la République, ils sont donc complices et auteurs de cette orchestration-là. Tout entrave à l’administration de la bonne justice n’est pas la bienvenue dans un Etat de droit.”
Entre justice et impunité
Les organisations de défense des droits de l’homme sont elle aussi indignés par cette libération surprise. “Le gouvernement de la République Centrafricaine est à la croisée des chemins, entre justice et impunité“, a déclaré Elise Kippler, directrice adjointe du programme international de la justice à Human Right Watch. “Le gouvernement doit clairement soutenir sans détour son retour en détention, étant donné que la justice a été réclamée à plusieurs reprises par le peuple centrafricain pour qu’elle puisse être rendue.”
Les juges nationaux et internationaux continuent aussi de subir des pressions dans l’exercice de leur métier. Nombreux sont ceux qui estiment par ailleurs que la libération de Hassan Ali Bouba aura des conséquences socio-politiques si le gouvernement actuel ne clarifie pas sa position dans ce dossier.
Avec DW