Publié par: Corbeau News Centrafrique:
Les heurts ont été très violents les 19 et 20 août, à Bangui, entre les militaires français et des groupes armés. Des grenades ont été lancées. Qu’en est-il de vos blessures ?
Tevai Teamo : Une grenade a tapé au niveau de ma jambe droite. Des éclats ont frappé toute ma jambe, du pied jusqu’à la cuisse. Je ne peux plus marcher pour le moment mais, après six jours d’hospitalisation, j’ai déjà des séances de kiné. J’espère retrouver ma mobilité. Je ne connais pas encore la date de ma sortie.
Que s’est-il passé ?
Dans un quartier musulman de Bangui, le 20 août, des groupes manifestaient depuis plusieurs heures, notamment contre la présence des militaires français. Ils bloquaient l’accès à l’arrondissement et on ne pouvait plus patrouiller. Ils avançaient et on reculait, jusqu’à ce qu’on ne recule plus. Ils étaient armés de grenades, de barres de fer et même de Kalachnikov. J’ai été le premier blessé. J’ai vu le mec dégoupiller la grenade et la lancer vers moi. De là, tout le monde a tiré.
Dans notre section, cinq hommes ont été blessés dont un autre Tahitien, le caporal-chef Edgar Renvoyé. Il a été touché à la cuisse gauche. Il a été hospitalisé à l’hôpital de Percy [hôpital militaire à Clamart, NDLR] mais il est sorti à présent. Sur place, nous avons été évacués rapidement. Juste sur notre position, il y a eu plusieurs morts du côté des groupes armés. J’ai été rapatrié en France le soir même.
Quelle était votre mission à Bangui ?
J’étais en mission avec Eufor-RCA [force opérationnelle dirigée par l’Union européenne en République centrafricaine, NDLR], engagée avec les Espagnols, les Italiens, les Polonais et les Géorgiens, pour un mandat de six mois. Cela faisait cinq mois que j’étais là-bas.
Avez-vous été sur d’autres conflits au cours de votre carrière ?
Je suis militaire depuis onze ans. Je suis allé notamment au Kosovo, au Liban, en Côte d’Ivoire et, bien sûr, en Centrafrique. L’armée m’a fait grandir. Je suis parti de Tahiti, j’avais à peine 18 ans. Je voulais m’engager, trouver un emploi stable et voyager. L’année prochaine, je passe un examen pour monter en grade. C’est la première fois que je suis blessé, mais je connais les dangers, bien évidemment. J’ai des copains qui ont été blessés et d’autres tués, comme dernièrement au Mali.
Propos recueillis par La Dépêche de Tahiti