Douala: la guerre des fabricants de cercueils bat son plein

Publié le 31 août 2014 , 5:15
Mis à jour le: 31 août 2014 5:15 pm

Publié par: Corbeau News Centrafrique.

Le secteur a connu ces dernières années un développement rapide au nom de la lutte contre la pauvreté.New-Bell, un quartier chaud de la capitale économique, Douala. Vendredi, 1 août 2014, il est midi. La vie suit son court normal, avec le va-et-vient des hommes, qui s’entremêlent au bruit des motos et taxis. Un quartier certes devenu célèbre grâce à sa proximité avec la prison centrale. Mais, New-Bell est avant et surtout connu comme le quartier général des fabricants de cercueils. Ce qui fait de lui une particularité. Ici, on dénombre près de quinze sites de fabrication et le travail n’est pas au ralenti. Un nombre qui s’est accru au fil des ans car: «on ne dénombrait que deux points de fabrication ici, mais depuis 1992 avec la création de l’hôpital de district, des nouveaux points ont poussés », confie Pierre BAKOP un habitant du quartier.

 

La guerre des fabricants des cercueils bat son plein à Douala

Qu’est ce qui peut pousser les hommes à une activité aussi particulière ? Jean Claude NJOUTSA est fabricant, il explique : « je suis comptable de formation, j’ai travaillé à la société camerounaise de sculpture (SOCASEF), en 2000, la société a fermé les portes, ayant fait un stage quelques années plus tôt à la société camerounaise d’assistance funéraire, j’ai alors décidé de me consacrer uniquement sur ce secteur question de gagner ma vie». Frédéric KEMTCHO, quant à lui est menuisier de formation, mais spécialiste des meubles il parle ici des raisons de sa conversion : « je faisais avant dans la fabrication des meubles et je pouvais passer des mois sans vendre, ayant une famille à nourrir, il fallait bien que je trouve quelque chose, je me suis alors converti en fabricant de cercueil». Plus qu’une industrie en pleine gestation, les fabricants se livrent au travail avec acharnement, ils produisent tous les modèles de cercueil ( poisson, rectangulaire etc…), soit, sous commande ou en exposition vente, ceci parfois, au bonheur de certaines familles en détresse. Il y en a pour toutes les bourses.

EFFET BANAL

Malgré ces multiples raisons les menuisiers des cercueils, ne font pas bonne presse au sein de la société. Ils exercent leur métier à ciel ouvert, dans les grandes artères de la ville et sans inquiétude. Paulin TCHATCHE est étudiant en sociologie à l’université de Douala, voici ce qu’il pense: «d’une manière cachée, les fabricants de cercueils encouragent la mort, car sil n’y a pas de décès, ils ne peuvent pas vendre». Ainsi, entre le non respect des normes et le souci de se faire de l’argent les menuisiers des cercueils s’en défendent. Selon Frédéric KEMTCHO, ils ne transforment que du bois : ”nous n’encourageons pas la mort. De toute façon, si vous ne voyez pas un cercueil dans la rue, vous verrez surement un corps. Entre l’emballage et le contenu qu’est ce qui fait le plus peur ? Le contenu je pense», s’exclame ce dernier.

Cependant, les fabricants de cercueils réalisent quand même la mauvaise influence de la pratique de leurs activités sur les usagers et s’accordent même à dire que c’est une gangrène. Jean Claude NJOUTSA déclare : « le cercueil est devenu comme des habits qu’on fabrique et expose partout qu’on le veut ou pas, c’est devenu une tare». Un cri lancé donc au pouvoir public en vu, de réglementer le secteur comme cela se fait ailleurs, notamment au Ghana ; car ce qui les chicane un peu, c’est un problème de statut social.

 

 

Par: Armand-Rodolphe DJALEU pour AfriquePresse

 

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