AFP / Corbeau News Centrafrique
Un semblant de calme était revenu samedi à Bangui après quatre jours de violents affrontements, alors qu’une rencontre entre la présidente de la transition Catherine Samba Penza et des responsables anti-balaka laissait espérer une “décrispation”.
La tension restait néanmoins palpable dans la ville quadrillée par les forces nationales et internationales –françaises, européennes et onusiennes–, même si les armes, entendues jusque tard dans la nuit dans les quartiers nord, se sont tues.
Le bilan des affrontements de la nuit n’était pas connu. Les violences –les pires depuis fin août– qui ont agité la capitale centrafricaine depuis mardi soir ont fait au moins 10 morts, dont un Casque bleu pakistanais, et de nombreux blessés.
Des accrochages étaient cependant toujours signalés à Gobongo, à une dizaine de kilomètres au nord du centre de Bangui.
“Les habitants fuient en direction de la colline pour se mettre à l’abri des tirs” échangés entre des soldats de la Minusca, la force de l’ONU, et les anti-balaka, ces miliciens majoritairement chrétiens qui avaient lancé la chasse aux musulmans au début de l’année, a déclaré un témoin à l’AFP.
Point positif de la journée: les chauffeurs de taxis ont mis fin à leur grève. Ils protestaient contre la mort d’un des leurs, tué mercredi par des musulmans. Mais la reprise du travail ne sera que progressive faute de carburant, les stations-service étant fermées et certaines rues étant toujours impraticables.
Par prudence, la plupart des Banguissois préféraient rester chez eux.
“Tout le monde a peur des détonations, des crépitements, surtout que ça tire n’importe comment, n’importe où et n’importe quand”, explique un juriste à Bangui, Ernest Kangba. “Tout s’arrête, on est cloitré et quand on veut relever la tête, ça repart!”
– Liaisons aériennes perturbées –
Conséquence des récents événements: le trafic civil a été perturbé à l’aéroport de la capitale, proche des quartiers les plus touchés par les affrontements.
Royal Air Maroc a décidé de suspendre ses vols en provenance de Casablanca en raison de la “situation d’instabilité” à Bangui. Ils devraient reprendre dès le “retour à la normale”, a précisé la compagnie marocaine, l’une des rares à desservir la Centrafrique.
Celui-ci pourrait intervenir “dimanche ou lundi si la situation s’améliore”, a-t-on précisé de source militaire française, insistant sur le fait que l’aéroport n’a pas été officiellement fermé.
En attendant, l’équipe centrafricaine de football, qui a disputé un match amical jeudi contre le Maroc à Marrakech –et qu’elle a perdu 4 à 0– n’a pas pu rentrer au pays.
Le retour au calme pourrait être facilité par la rencontre, samedi matin, entre la présidente de la transition centrafricaine Catherine Samba Panza et des responsables des miliciens anti-balaka.
“Il est apparu lors de la rencontre de la présidente avec les anti-balaka qu’il y a eu des malentendus. Aujourd’hui, ont peut dire que sa rencontre avec les anti-balaka a permis de commencer à lever ces malentendus”, a relevé la porte-parole de la présidence, Marie Antoinette Montaigne Moussa.
“On peut s’attendre à ce que la décrispation arrive progressivement dans les prochains jours, et que le pays retrouve un peu de répit, pour que le peuple commence à vivre et à vaquer à ses occupations”, a-t-elle ajouté.
De source proche des anti-balaka, ces derniers ont été “bien reçus” par la présidente à laquelle ils ont transmis cinq revendications majeures, souvent très éloignées des position de Mme Samba Penza.
S’ils n’exigent plus directement la démission de la présidente, ils réclament celle du gouvernement, la libération de leurs responsables actuellement sous les verrous, l’arrêt de la traque de leurs hommes, la réintégration de leurs membres qui ont été révoqués de la fonction publique et l’application de l’accord de fin des hostilités signé à Brazzaville en juillet.
En réaction à des meurtres attribués à des musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des anti-balaka, mardi et mercredi dans les quartiers nord de la capitale centrafricaine puis jeudi dans le centre. Des affrontements violents ont opposé ces hommes aux troupes étrangères déployées en ville.
© 2014 AFP