Centrafrique : Paoua, dans la fiévreuse attente d’un assaut des anti-balaka
Bangui, le 13 juillet 2017
Par : Gisèle MOLOMA, CNC
L’étau se resserre autour de la ville de Paoua où des centaines voire des milliers des miliciens anti-balaka de Boazou, Bocaranga et de Koui se dirigent vers le village Gouzé, situé à environ 20 km de Paoua et tenu par les elements de la coalition RJ-séléka depuis plus de six mois. En rassemblement militaire à environ 5 kilometre de Gouzé, instructions reçues et données aux hommes : Prendre la ville de Paoua et éliminer tous les musulmans comme à Bangassou, Alidao et Zémio.
Même si la ville de Paoua centre, n’est pas encore attaquée, elle abrite déjà les combattants séléka et anti-balaka venus de loin et se provoquent. Les villages avoisinants Paoua, sont déjà occupés par ces bandes de criminels de la séléka-RJ et anti-balaka.
D’après certains habitants de Paoua joints par la Rédaction, la population craint une attaque à tout moment, mais ne cède pas à la panique. Les marchés tournent comme à l’accoutumée et les boutiques ont ouvert leurs portes. Mais ce sont les camions, les véhicules et les motos qui ne rentrent plus à Paoua via Bozoum.
D’après les habitants de la ville de Bozoum, tous mouvements vers Paoua sont interdits par les anti-balaka. Histoire de ne pas trahir leur position aux éléments de RJ-Séléka à Gouzé. « J’ai été intercepté et contraint de repartir sur Bozoum hier soir au milieu de la brousse après Tali par les anti-balaka qui venaient de Bocaranga » nous a fait savoir ce matin un commerçant qui voulait se rendre sur sa moto à Paoua. Tali, pour nos lecteurs, c’est une ville de moins de 10 000 habitants située à parité égale en kilométrage « 60-60 » entre Bozoum et Paoua.
Contacté par CNC, un fonctionnaire de Bozoum, affirme, sous l’anonyma,t que les miliciens anti-balaka ont dit avoir reçu l’ordre de faire vaciller le pouvoir du président Touadéra en s’en prendrant non seulement aux sélékas mais aussi à tous les musulmans et à tous les fonctionnaires militaires ou civils, employés locaux ou expatriés des ONG internationales.
Cette information se concrétise dans le comportement et mode opératoire qu’adoptent ces miliciens anti-balaka d’après plusieurs témoins joints par CNC. « Après le braquage des policiers et gendarmes de la ville, tous les fonctionnaires, y compris ces forces de l’ordre, rapatrient femmes, enfants et bagages à Bangui » nous lancent des chauffeurs en provenance de Bozoum et contactés par la Rédaction.
Pour les habitants de Bozoum et villages environnants, c’est la peur d’une action éventuelle de représailles de l’échec des actions des anti-balaka sur Gouzé qui domine toutes les conversations. Certains passent déjà les nuits en brousse et les jours en ville. « Le jour, on s’informe, on se parle, mais la nuit, qui peut t’informer ? C’est pourquoi je passe les nuits au champ pour éviter des surprises » rapporte un jeune de Bozoum.
Rappelant que Paoua est une ville cosmopolite où vivent chrétiens et musulmans et est, jusqu’alors, épargnée des affrontements intercommunautaires. Ce qui n’est pas du goût de certains clients de la Cour Pénale Spéciale qui ne veulent pas entendre parler de la paix et de la justice et poussent de ce fait leurs parents, face à l’incapacité et l’inactivisme du gouvernement Sarandji et de la faiblisse de la MINUSCA, à mettre le pays à feu et à sang.
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