CENTRAFRIQUE : NON AUX DÉRIVES ANTI- DÉMOCRATIQUES !
DES INTIMIDATIONS INADMISSIBLES
Nous avons appris, avec stupeur, qu’une horde de partisans du MCU (Mouvement Cœurs Unis) parti du Président de la République, avait envahi l’entrée principale du ministère des Affaires Étrangères ! Son but ? Demander la tête de Charles-Armel Doubane, son responsable.
Ce qui lui est reproché, c’est de n’avoir pas souhaité, comme d’ailleurs beaucoup de Centrafricains, s’associer aux festivités du 1er décembre 2018 célébrant l’indépendance du pays. Il ne lui paraissait pas raisonnable, à juste titre – que ce soit sur le plan moral, émotionnel ou humain – de se livrer à des agapes indécentes alors que des victimes étaient sacrifiées par des barbares d’un autre temps. Comment festoyer à l’heure où des Centrafricains sont massacrés par des hordes de rebelles fanatisés ? Où les ¾ du pays sont occupés par des groupes armés, soutenus par des mercenaires et adeptes de la partition du pays ?
Si elle se confirmait, cette information constituerait une atteinte grave aux libertés publiques, en particulier à la liberté de s’exprimer, dans un pays qui devrait être uniquement préoccupé par la recherche de la paix, dans un pays où la population est menacée de famine, ne survivant que grâce à l’aumône internationale.
Il semblerait que le groupe qui manifestait devant les grilles du ministère des Affaires Étrangères était manipulé par le Premier ministre en personne, Simplice Sarandji, le nouveau maître de Bangui après la destitution de Karim Meckassoua, l’ex-président de l’Assemblée Nationale. A n’en pas douter, les dérives sont dues aux membres trop zélés d’un parti présidentiel instrumentalisé.
LA LIBERTE D’EXPRESSION DOIT ETRE GARANTIE A TOUT INSTANT
Tout citoyen centrafricain dispose du droit inaltérable à s’exprimer dans le respect de la démocratie. Ceux des Centrafricains et des partis de l’opposition qui ont voulu exercer leur droit de critique citoyenne, ne doivent pas être considérés comme des opposants farouches au président Touadera. Car seules, les expressions à caractère diffamatoire, injurieux, haineux ou raciste tombent sous le coup de la loi.
L’initiative de cette manifestation inadmissible anti- Doubane ne vient certainement pas du chef de l’État. Mais de ses militants trop zélés. Croyant aider et protéger celui qu’ils soutiennent, ils sont, en fait, en train d’abimer l’image du président, au risque de le faire passer pour un autocrate. Le chef de l’État devrait mieux encadrer ses partisans, pour les empêcher de faire n’importe quoi.
Sinon, à l’approche des prochaines élections présidentielles, nous risquerions d’assister à une chasse aux sorcières absolument détestable, ce qui ne serait pas bon pour l’image du pays, ni pour celle de son président.
JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI
(07 décembre 2018)
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