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CENTRAFRIQUE : LES RELATIONS RUSSO-CENTRAFRICAINES DEMANDENT A ÊTRE CLARIFIÉES

CENTRAFRIQUE : LES RELATIONS RUSSO-CENTRAFRICAINES  DEMANDENT A ÊTRE CLARIFIÉES

 

 

 

 

 

 

 

Bangui, le 02 juin 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

LES CENTRAFRICAINS DOIVENT ÊTRE INFORMES

Une certaine opacité entoure le retour en force de la Russie en Centrafrique. Il faut la dissiper, de façon à couper court à toutes les rumeurs qui risquent de jeter un voile de soupçon sur les nouvelles relations qui se sont établies entre les deux pays.

          Car il faut prendre garde de ne pas transférer en Centrafrique la guerre froide est-ouest. Les Occidentaux ne voient pas d’un bon œil le retour de l’influence russe au centre du continent. C’est une intervention militaro-économique que le pays des Tsars a mise à la disposition du pays des Bantous. Les Nations-Unies ont même suspendu partiellement l’embargo-injuste- sur les armes à destination de la République Centrafricaine pour permettre aux Russes d’intervenir avec leurs soldats et leurs armes.

 

L’APPEL AUX RUSSES DU PRÉSIDENT TOUADERA EST LÉGITIME

Aucun président d’une République souveraine, désarmée et menacée par des séditieux qui veulent la disloquer, ne peut assister sans rien faire à l’écroulement de son pays. La situation chaotique qui prévalait – et prévaut encore – ne laisse aucun doute sur le sombre avenir d’une République en déliquescence. La France et les forces internationales impliquées en Centrafrique se sont montrées, jusqu’ici, incapables de ramener la paix et de protéger les populations. C’est surtout inacceptable de la part de la France qui, en dépit des accords de défense signés avec la RCA, a réduit drastiquement ses forces dans le pays, abandonnant ainsi la Centrafrique alors qu’elle est menacée de dislocation par des mercenaires assassins, assoiffés de pouvoir.

          Mis au pied du mur, le président Touadera se devait donc de solliciter d’autres puissances étrangères. Ce sont les Russes qui ont été les premiers à répondre positivement.

 

 

MAIS A QUELLES CONDITIONS ?

          La France qui a une responsabilité particulière à l’égard de la Centrafrique, devrait soutenir cette nouvelle donne. Et travailler avec les Russes pour sortir le pays de l’instabilité sanglante. 

          Cependant, la prudence doit être de mise. La rencontre des Russes avec la coalition des ex-Sélékas n’a pas pu se faire sans l’accord du président Touadera. Si c’est pour une médiation, pour amener les rebelles à la table des négociations, pour rechercher la paix, nous ne pouvons qu’applaudir. Mais tout doit se faire dans une transparence irréprochable, aux conditions fixées par le pouvoir légitime centrafricain. Il faut en informer les Centrafricains et solliciter leur avis.

          Si, en revanche, la rencontre a d’autres motifs, on est en droit de s’interroger et de s’inquiéter.

 

LE MOMENT EST VENU DE SOMMER LES EX-SELEKAS DE DÉPOSER LES ARMES

Les Russes sont là avant tout pour aider les autorités centrafricaines à mettre fin à la guerre. Pas en bradant le pays. Il n’est pas à vendre. Les autorités centrafricaines doivent traiter d’égal à égal avec les Russes. Selon un dicton : « la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne ». Mais ce n’est pas parce qu’un tiers plus puissant vole à votre secours que vous devez vous soumettre à ses desideratas.

          Les armes russes et les soldats centrafricains récemment formés sont les moyens qui manquaient au gouvernement pour accomplir ses missions régaliennes. Le temps est donc venu de sommer les ex-Sélékas de déposer leurs outils de mort. Le retour des Russes en Centrafrique, en ces temps terriblement incertain pour le pays des Bantous, doit permettre au pays de se remettre militairement debout. Leur aide doit faire surgir une nouvelle aube de paix et de réconciliation nationale. 

 

LES AUTEURS DE CRIMES DE GUERRE ET DE CRIMES CONTRE LHUMANITÉ NE BÉNÉFICIERONT DAUCUNE IMPUNITÉ

On a l’impression d’assister ces temps-ci à des messes basses ignominieuses qui permettraient d’amnistier les criminels de guerre. Certains signes ne trompent pas. Par exemple, le déplacement des Russes à Kaga-Bandoro pour rencontrer les ex-Sélékas. Qu’a-t-on promis secrètement aux rebelles pour qu’ils rejoignent la table des négociations ? Quelles concessions inacceptables leur a-t-on faites ?

          En aucun cas, les Centrafricains n’accepteront que leurs bourreaux bénéficient d’une quelconque impunité. Elle serait totalement indécente.

 

PS : DES BARBOUZES A L’ŒUVRE EN CENTRAFRIQUE ?

          Dans un entretien à France 24, la chaîne d’information internationale, le président Touadera a accusé deux Français d’œuvrer à la déstabilisation de la République Centrafricaine.

          Un des deux individus aurait été en contact avec des chefs de l’ex- Séléka pendant le drame du KM5. Cette barbouze serait un habitué des coups fourrés en Afrique. Si ces accusations s’avèrent, la situation serait extrêmement grave. Des explications devraient être demandées aux autorités françaises.

          L’individu aurait-il agi pour son propre compte, en mercenaire au service des ex-Sélékas, ou pour celui de la France ? Dans ce cas, ce serait une action effroyablement inamicale.

          Décidément, on peut dire que l’arrivée des Russes en Centrafrique perturbe gravement les relations franco-centrafricaines.

                                                                                                                                               JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(01 juin 2018)

 

 

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