A l’instar de nos ressources naturelles tant convoitées, la République centrafricaine est très riche en partis politiques. Certains partis politiques n’existent que de nom et ne se limitent qu’au cercle familial, tandis que d’autres qui animent la galerie n’ont même pas de compte bancaire mais tire le diable par la queue.
Lors des dernières échéances électorales groupées, l’Agence Nationale des Élections (ANE), organe légal de gestion des opérations électorales avait enregistré un nombre exorbitant dans l’ordre d’une trentaine de candidatures aux présidentielles. Au lendemain du premier tour des scrutins, certains partis politiques qui ne représentent que leurs propres silhouettes communément appelés « le collectif des 0% » ou les « opportunistes électoraux », toujours en quête du bonheur, de privilèges, des avantages matériels et sociaux se sont lancés dans « l’opération séduction » en signant des alliances contre-nature avec le candidat en ballotage favorable en vue de partager la gestion de la chose publique.
Ces opportunistes, prédateurs électoraux sont souvent caractérisés par leur fragilité politique et n’osent pas prendre des risques de s’essouffler politiquement pendant la mandature en s’opposant au pouvoir établi.
Ainsi, pendant la mandature, le fou du roi se comporte avec extravagance comme le roi lui-même. A la veille des prochaines échéances électorales qui sonneront le glas de l’inventaire et sanctionneront très certainement le bilan, des défections avec une saveur de divorce négocié ou non s’enregistre en cascade. Des alliés d’hier sont devenus par la force des choses des opposants aujourd’hui reconfigurant ainsi le paysage politique centrafricain par le changement de casquette.
Quelle hypocrisie ?
Dans l’incompréhension, l’ambiguïté totale, le citoyen lambda doté d’une curiosité incomparable s’interroge :
Les partis et leaders politiques frondeurs de la majorité présidentielle sont-ils comptables du bilan calamiteux du pouvoir ? Quel est l’apport politique des partis politiques alliés au pouvoir établi ? Peut-on considérer ces alliés politiques démissionnaires de traîtres ou de héros ? Pourquoi le limogeage d’une personnalité politique alliée du pouvoir fait de lui systématiquement un opposant ? Faut-il légiférer sur la transhumance politique et l’appartenance ou non à la majorité présidentielle ? Ces alliances politiques spontanées résultent-elles simplement d’une déclaration politique ou étaient-elles formellement signées ?
Dans les deux cas, quels sont les termes et les conséquences juridiques de ces alliances contre-nature ? Ces alliances étaient-elles exclusivement un tremplin pour lutter contre le chômage politique de l’intersaison ?
Au delà de toutes spéculations, que dire des alliances conclues avec les groupes armés non conventionnels ? Étaient-elles simplement un deal pour favoriser sa future réélection ? Pour finir, peut-on rêver la tenue d’une élection crédible, transparente dans des conditions sécuritaires actuelles ?
Rappelons-nous que le territoire national est occupé à hauteur de 80% par les groupes armés non conventionnels qui ne cessent d’augmenter leur capacité de nuisance, les forces armées nationales et les forces de sécurité intérieure ne sont déployées que sur le tiers (1/3) du territoire national et qu’avec les derniers événements meurtrier de Birao, la probabilité de levée de l’embargo sur les armes s’amincit. Au delà de toutes considérations politiques et partisanes, ces partis et personnalités politiques alliés du pouvoir sont tous en embuscade en attendant le passage ravageur de l’ouragan ou du typhon. Ce qui choque ou offusque la morale et l’éthique, c’est qu’ils n’ont jamais honte ni de valeurs à défendre devant l’histoire et les générations futures. La dernière sortie médiatique avec un relent de divorce consommé du Président du MLPC qui est un fervent et indéfectible allié du pouvoir est une aubaine pour le pouvoir de prendre conscience de son illusion, de son auto-satisfaction, de se poser les bonnes questions et de créer collégialement avec les forces vives de la nation les conditions nécessaires à la tenue d’une élection crédible, transparente, acceptable et surtout dans le délai constitutionnel.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 6 septembre 2019.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.