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Centrafrique : les en dessous du blocage de l’initiative de Paix de l’Union africaine.

De gauche à droite, le Président de la Commission de l'Union africaine et le Président Faustin Archange Touadera en septembre 2018 à Bangui. Photo AFP
De gauche à droite, le Président de la Commission de l’Union africaine et le Président Faustin Archange Touadera en septembre 2018 à Bangui. Photo AFP

 

 

Centrafrique : les en dessous du blocage de l’initiative de Paix de l’Union africaine.

 

 

 

Bangui (RCA) / CNC – Dans un contexte géopolitique assombri sur fond de tension entre le gouvernement centrafricain et les partenaires internationaux, le Premier ministre a été interpellé par les élus de la nation où un débat contradictoire a eu lieu ce mercredi 12 décembre dans l’hémicycle de  l’Assemblée nationale autour du  blocage de l’initiative de paix de l’Union africaine. Le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji, dans sa déclaration devant les députés de la nation, rejette la responsabilité de ce blocage sur l’Union africaine qui semble ne pas jouer le jeu franc avec le pouvoir de Bangui. Or, d’après notre enquête sur le dossier, les choses ont l’aire de dire le contraire. Décryptage…

 

Alors que le Président de la Commission de l’Union africaine, le diplomate tchadien Moussa Fakir, lors de sa dernière rencontre avec le Président Faustin Archange Touadera le mardi 18 septembre 2018, se disait satisfait de son entretien d’une heure, qui a porté sur  la sécurité et la paix dans le pays, a-t-il précisé sans pour autant soulever devant la presse les divergences de points de vue avec le chef de l’État autour du blocage de l’initiative de paix portée par son Institution.

Alors que devant les députés de la nation, le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji  a déclaré pour sa part que  seulement sur deux-points, à savoir le lieu et la date du pourparler,  que l’Union africaine peine à lui répondre. Et c’est évidemment sur ces deux points que  les choses sont bloquées autour de fameuse initiative de l’Union africaine.

Une bande explication qui a irrité certains députés, dont Martin Ziguélé, du parti MLPC à s’interroger :

«….. Ce sont les questions de lieu, de l’envoyé spécial et du budget. Est-ce que, c’est pour ces questions de nomination d’un envoyé spécial et du lieu que les Centrafricains méritent de continuer à mourir par dizaines ou par centaines ? ». 

 

L’Union africaine, une organisation boudée par le Président Touadera

 

Fin septembre à New York, le Président Touadera avait affirmé devant le Conseil de sécurité que la médiation pour une paix en Centrafrique relevait de l’Union africaine.

Sachant pertinemment que lui et son entourage ne veulent pas entendre parler de la Commission de l’Union africaine qu’ils considèrent à la solde du Président tchadien Idriss Deby. le Président Touadera tente par ce jeu diplomatique de faire endormir debout ses collègues-chefs d’État qui l’ont pressé à s’impliquer davantage pour la paix dans son pays, notamment avec l’initiative de paix de l’Union africaine.

Pour le Président Touadera, le Président de la Commission de l’Union africaine, Monsieur Moussa Fakir, ancien chef de la diplomatie tchadienne au moment du renversement du pouvoir de Bozizé dont il fut Premier ministre  en 2012 par la Séléka, est tout aussi coupable comme le Président Deby du crime grave qui a touché le pays.

À cet effet, son implication dans la résolution de la crise qu’il a lui-même participé à son déclenchement est une insulte vis-à-vis de sa personne en particulier et en général au peuple centrafricain.

 

Difficile choix du facilitateur

 

Devant les députés de la nation ce mercredi 12 décembre, le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji a déclaré que le récent facilitateur nommé par l’Union africaine ne correspond pas aux critères de moralité  définis par le chef de l’État centrafricain Faustin Archange Touadera. Du coup, son choix n’a pas été retenu par Bangui.

Entre temps, ce fameux facilitateur n’est autre qu’un diplomate africain avec un nom à connotation musulmane que Bangui qualifie de trop partial.

D’après nos informations, dernièrement, celui-ci a violemment échangé des mots avec le Président Touadera au téléphone. Des mots peu courtois et des noms d’oiseaux  sont sortis dans la bouche de l’un comme de l’autre. Ce qui a d’ailleurs poussé le chef de l’État à bouder son choix comme facilitateur, c’est-à-dire celui qui va diriger le débat.

En outre, le Président Touadera souhaite qu’on lui propose au moins 3 noms qu’il va lui-même choisir un comme le prochain Facilitateur.

 

Difficile choix d’un pays organisateur

 

Si la capitale centrafricaine Bangui avait été proposée par le chef de l’État Faustin Archange Touadera pour accueillir le pourparler de paix avec les groupes armés sous l’initiative de l’Union africaine, le FPRC, tout comme le MPC ont catégoriquement boudé ce choix. Ils préfèrent un autre pays africain que la Centrafrique.

Entre temps, selon le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji, 3 pays ont été proposés à l’Union africaine : Soudan, Gabon et la Guinée Équatoriale.

En attendant la réponse de l’Union africaine, certains groupes armés commencent à réfléchir s’il était mieux pour eux de se déplacer au Gabon, en Guinée Équatoriale ou au Soudan à cause du repassage surpris de la Cour Pénale Internationale.

Ainsi, le choix de Soudan parait mieux pour eux, sachant que le Président Deby lui aussi préfère le Soudan comme pays organisateur de ces pourparlers de paix.

 

Amnistie ou pas des seigneurs de guerre…

 

Si tout le monde sait que la question de l’amnistie ou pas des seigneurs de guerre serait le premier point de blocage durant les débats de l’initiative de paix de l’Union africaine, elle divise aussi la Communauté internationale et certains chefs d’État de la CEEAC.

Le Président Idriss Deby, tout comme Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, considère que l’amnistie des seigneurs de guerre serait la meilleure voie pour un retour définitif de la paix dans le pays. Tandis que Bangui et d’autres partenaires internationaux comme la France, États-Unis, y compris les Nations Unies préfèrent par contre que la question de l’amnistie ne doive pas être à l’ordre du jour lors des pourparlers de l’Union africaine.

Pour  certains observateurs nationaux par contre, amnistie ou pas, les crimes contre l’humanité et crime de guerre ne sont pas amnistiables, autrement dit ils ne peuvent pas être amnistiés sur le plan international.  « L’imprescriptibilité des crimes de guerre et crimes contre l’humanité est affirmée dans des traités internationaux et à aucun moment, dans aucun traité, on parle de leur amnistie. En d’autres termes, c’est une loi nationale qui confère une amnistie et non un traité. Et les lois ne sont pas supérieures aux traités. Un pays peut amnistier son criminel de guerre qui circulera librement sur son territoire, mais la justice d’un autre pays peut le cueillir bonnement en vertu de l’imprescriptibilité, ou de inoubliabilité pour être plus littéraire, de ces crimes conférés dans un traité qu’il a ratifié ». Affirme à CNC un diplomate africain.

Certes, certains criminels vont bénéficier de cette mesure si elle est approuvée et votée au parlement, mais beaucoup vont aussi se retrouver devant la justice internationale pour les crimes  de guerre qu’ils auraient commis. C’est le cas de Ngaïssona et Yekatombe déjà dans les mailles de la justice internationale et bien d’autres qui vont les rejoindre, quels que soient les casques et botes portées.

 

« … Si tu participes, tu reviendras bec dans l’eau… »

 

Pour beaucoup des Centrafricains, l’initiative de paix de l’Union africaine  n’est plus à l’ordre du jour, d’autant plus que le pouvoir de Bangui, en tête le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji, qui voit derrière une menace pour son poste, tente par tous les moyens de freiner l’avancée des choses.

Alors que le conseiller politique occulte du Président Touadera, le pédagogue Jean Serge Ouafio alias waramontè, dans une de ses déclarations faites sur les ondes, a déconseillé formellement au Président Faustin Archange Touadera de participer aux pourparlers de l’Union africaine qu’il considère comme « Gabon bi », allusion faite à l’accord de Libreville en 2012 avec les Séléka qui avait contraint le Président d’alors François Bozizé à céder une bonne partie de ses prérogatives à un Premier ministre choisi par l’opposition démocratique. Sarandji s’attendait également à la suite logique.

« …si tu participes à ces pourparlers de l’initiative de l’Union africaine, tu reviendras bec dans l’eau comme Bozizé en 2012 », a-t-il déclaré à la radio.

Dialogue ou pas dialogue, à chacun son destin. Les affaires pour les uns et le cauchemar pour les autres.  À suivre…

 

CopyrightCNC.

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