Centrafrique : Les allemands créent un Centre de formation agropastorale à Bangui
Ce lundi 29 octobre 2018, 100 jeunes désœuvrés et ceux issus des populations déplacées internes entrent en formation sur le site agropastoral de Ngoulékpa sis à côté de l’aéroport international Bangui Mpoko. Initiative de l’Ong allemande Welt HungerHilfe (WHH). En prélude au lancement de cette formation, le Coordonnateur pédagogique du Centre, M. Alexis M’Betigaza, assisté de M. Martinien Wandoukou, Responsable du département Ressources humaines et administration de WHH, a présidé l’ouverture technique du centre, le 15 octobre dernier en présence des autorités locales et de M. Olivier Mathurin Beledet, Directeur d’enseignement technique et de la formation professionnelle, représentant son ministre.
« Formation professionnelle agricole pour jeunes personnes sans emploi et jeunes personnes déplacées internes dans la région de Bangui, préfecture OmbellaMpoko, RCA », telle est l’intitulé du projet initié par l’Ong WHH. Il s’agit plus globalement de contribuer à la stabilisation sociale et économique des jeunes sans emploi et des jeunes personnes déplacées internes (PDI), afin de réduire la migration et la criminalité. De manière spécifique, cette formation vise à (1) ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes et les jeunes ayant perdu l’intérêt de se joindre à des groupes criminels armés ; (2) améliorer considérablement le très faible niveau d’éducation et de formation en théorie et en pratique et ; enfin (3) renforcer les capacités des jeunes diplômés à gagner leur vie par leurs propres moyens.
Dès l’ouverture technique du centre, Alexis M’Betigaza, le Coordonnateur pédagogique a rappelé les motivations de la création de ce Centre de formation agropastoral : « l’initiative est née de la préoccupation toujours profonde de l’Ong allemande WHH d’appuyer les jeunes désœuvrés centrafricains au sortir de la crise que le pays a connue, de pouvoir acquérir des compétences à travers de petits métiers ». Il a précisé par ailleurs qu’un test est organisé, il y a un mois suite auquel 100 jeunes ont été sélectionnés. « Ce sont principalement des résidents, ainsi que des personnes déplacées internes, y compris ceux venus d’autres villes du pays. Ces jeunes sont repartis en quatre filières, à savoir le Maraichage, l’Aviculture, la Pisciculture et l’Apiculture », a-t-il indiqué.
Il est prévu que la formation soit alternée (théorie et pratique). Sur un effectif global de 160 stagiaires au recrutement final, 100 devront être internés sur place sur le site. D’ailleurs le site est équipé de deux bâtiments de deux salles de cours chacun et des salles d’exercice ; un dortoir de 100 places ; dix toilettes ; un réfectoire ; un magasin et le bloc administratif. En outre, cent hectares de terres sont disponibles pour les travaux pratiques des différentes filières. Pour la pisciculture en particulier, les étangs sont déjà confectionnés et prêts à l’usage.
La formation offerte au Centre de Ngoulépka devra, au finish, déboucher sur la mobilisation de l’auto-assistance et le renforcement de la résilience ; au niveau national, un appui structurel au Ministère de l’Agriculture et du développement rural ; au niveau local, un appui à la Fédération des Maraîchers. En plus, le centre contribuera également à la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD), en particulier les ODD 1, 2, 4, 5, 8 et 16.
A l’ouverture technique du site, M. Joël Presley Donassé, Secrétaire général de la Mairie de Bimbo 3 a témoigné toute sa gratitude à l’Ong allemande WHH pour l’investissement fait dans la formation des jeunes de sa localité. A notre micro, l’autorité locale situe l’intérêt d’une telle initiative : « C’est une fierté et un réel plaisir d’accueillir ce joyau dans notre localité. Parce que cela fait partie des réponses appropriées à nos problèmes. Vous n’êtes pas sans ignorer que la crise qui a secoué notre pays n’a épargné Bimbo3, surtout la jeunesse estimée à plus de 60 000 sur une population totale de 80 000 habitants. La plupart de cette jeunesse est sans emploi et exposée à la délinquance. C’est justement en cela que se justifie notre satisfaction et toute notre fierté de voir nos jeunes désœuvrés être outillés aux petites métiers qui participent de leur autonomisation financière. Les options retenues par l’Ong WHH sont toutes prometteuses, vues les potentialités agropastorales que regorge notre pays », s’est-il réjoui.
A en croire ce dernier, tout sera mis en œuvre pour assurer la protection des infrastructures ainsi que la pérennisation de l’initiative. « Désormais, il nous revient à nous autorités locales de veiller à la protection de ce patrimoine. Un travail de sensibilisation va être fait dans l’immédiat à l’endroit des chefs de groupements et de quartiers de notre localité, et aussi à l’endroit des stagiaires eux-mêmes, ainsi que les populations environnantes, en vue de considérer ce Centre de formation comme étant leur propre bien », a-t-il noté.
Notons qu’avant la crise, le pays disposait de 19 Centres ruraux d’éducation et de formation (CREF). Ces centres offraient des cours de formation professionnelle d’une durée de 6 mois certifiés par le Ministère de l’agriculture et du développement rural. Malheureusement à ce jour, aucun de ces centres ne fonctionne. Dans le cadre du projet lancé par WHH, il est prévu de reprendre le cadre structurel des anciens CREF. Les curricula et le matériel didactique utilisés à l’époque sont actuellement sous révisions pour déterminer s’ils pourront être utilisés pour le nouveau centre. Le projet initié par WHH prévoit une série de formation d’une durée de six mois chacune.
WHH est présente en RCA depuis 2015 et a fait ses preuves aux côtés du Ministère de l’Agriculture et du développement rural, à travers la redynamisation de l’Institution centrafricain de la recherche agronomique (ICRA), ainsi que le système de production de semences améliorées. Sur le site de Ngoulékpa, un marché, une école primaire et un collège sont à mettre à l’actif de cette Ong allemande.
Par : Fred Krock, CNC.