Par Lucie Sarr
Bangui, 17 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Réunis pour leur première assemblée plénière de l’année 2022, les évêques de Centrafrique ont publié, un message daté du 14 janvier.
Après avoir, pour sa première assemblée plénière annuelle, eu des moments de prière et d’échanges avec les autorités centrafricaines, l’épiscopat de ce pays a publié, un message daté du 14 janvier. Dans ce texte, les neuf évêques et archevêques de ce pays d’Afrique centrale sont revenus sur l’importance du Synode sur la synodalité.
« À la suite du Christ, l’Église a fait de la synodalité sa façon habituelle de vivre et d’exercer sa mission dans le monde, ont-ils notamment écrit. Les conciles œcuméniques représentaient un exemple éloquent de cette expression ecclésiale lorsque des idées contraires menaçaient la foi de l’Église et son unité ». Et d’expliciter le but du synode : « Pour cette fois, il [le pape] veut écouter chaque baptisé en tant que sujet actif de l’évangélisation ».
Situation sociopolitique du pays
S’intéressant à la vie sociopolitique de la République centrafricaine, la Conférence des évêques a dénoncé « des sorties médiatiques et des campagnes de désinformation visant à ternir l’image et la réputation » du pays et à « maintenir les tensions conflictuelles au mépris de la souveraineté de l’État Centrafricain ».
« Cette situation vise à marginaliser et à isoler notre pays sur le plan diplomatique et international et cause un grand dommage économique dans le partenariat avec les institutions financières internationales qui soutiennent l’économie fragile de la République centrafricaine », ajoute-t-elle.
Aux yeux des évêques de ce pays, les ressources y sont abusivement exploitées par « des étrangers avec la complicité de certains compatriotes ». « La dégradation et la destruction de notre environnement sont effrayantes, s’alarment-ils également. Nous appelons de tous nos vœux que la transparence soit faite autour des conventions entre la Centrafrique et les partenaires et pays étrangers ».
L’épiscopat centrafricain s’est, par ailleurs, exprimé sur la question du Dialogue républicain souhaité par le président Faustin Archange Touadera et censé réunir les forces vives de la nation autour d’une même table. Il s’inquiète notamment du retrait de plusieurs responsables politiques et s’interroge « sur l’impact réel d’un tel exercice politique dans la recherche d’un retour à la paix, à la concorde et à la réconciliation nationale ». Tout en exprimant le vœu ardent que ce dialogue soit inclusif, il prévient que ces concertations ne doivent pas « non plus devenir une patente pour l’impunité ». « Il n’est pas question de sacrifier les exigences de la justice sur l’autel du politique », insiste-t-il.
Crise des valeurs morales
Les évêques centrafricains se sont enfin inquiétés de la crise des valeurs morales. « La corruption, l’enrichissement illicite, la gabegie, l’incompétence et le manque de déontologie professionnelle dans certains services de l’État, l’abus d’autorité et l’injustice, sont autant de symptômes qui traduisent et mettent à grand jour la crise de valeurs morales fondamentales » citent-ils fustigeant, par la même occasion, le comportement d’« adultes véreux [qui], forts de leur stature et position sociale, profitent » de la naïveté des enfants et les « exploitent à des fins sexuelles, hypothéquant ainsi leur jeunesse et leur avenir ».
Cette déclaration a aussi été l’occasion pour la conférence épiscopale centrafricaine, de décrier l’absence de cours d’éducation civique et morale qui étaient autrefois dispensés dans les établissements scolaires du pays.
Par Lucie Sarr