le combat acharné de Laurent Ragba Foutour contre le sultan de Ndélé pour récupérer son terrain confisqué illégalement
Bangui, CNC. À 67 ans, Laurent Ragba Foutour, réfugié centrafricain au Tchad, s’engage dans un bras de fer juridique contre la mairie de Ndélé, sa ville natale. Ce différend, qui porte sur la propriété d’un terrain au cœur de la cité, expose les défis complexes de la gouvernance locale et des droits fonciers en République centrafricaine. L’affaire dévoile les tensions entre les initiatives de développement privées et les actions des autorités municipales, dans un contexte national encore marqué par l’instabilité.
Laurent Ragba Foutour : un parcours dédié au développement local.
Né le 3 mars 1956 à Alliou, un village proche de Ndélé, Laurent Ragba Foutour, juriste de formation, spécialisé dans le droit humanitaire au Pays-Bas, a consacré une grande partie de sa vie au développement de sa région natale. En 1994, il fonde l’Association pour le Développement de la Zone Villageoise (ADZV), une structure reconnue officiellement par les autorités centrafricaines.
“J’ai un plan de développement pour la masse paysanne. J’ai beaucoup œuvré dans le Bamingui-Bangoran et dans la Vakaga”, explique M. Ragba Foutour. Il évoque notamment son implication dans la création de postes de santé et d’écoles dans plusieurs localités.
Parmi ses réalisations, il mentionne un projet de reboisement d’une valeur de 108 millions de francs CFA. “J’ai investi à partir de mon bolot [mes propres moyens] tous les postes de santé, les hôpitaux et les écoles. Les infrastructures que vous voyez en briques jusqu’au niveau de l’abattoir à Domindou, c’est un projet que j’ai monté”, affirme-t-il.
Un conflit foncier avec monsieur Laurent Ragba Foutour au cœur de Ndélé.
Le différend actuel concerne un terrain situé au rond-point des Martyrs à Ndélé. M. Ragba Foutour assure en être le propriétaire légitime et présente une autorisation d’installation datée du 10 avril 1995 pour étayer ses dires.
En mai 2016, il propose d’y établir un marché pour les commerçants soudanais. “J’ai demandé à monsieur Alkhali Ahmat, délégué des Soudanais, d’organiser le marché sur ma parcelle, par amour et par pitié pour les frères soudanais qui ne trouvaient pas d’emplacement pour leur marché”, explique-t-il.
Cependant, la situation prend une tournure inattendue. Selon M. Ragba Foutour, la mairie de Ndélé a pris le contrôle du terrain en janvier 2017 pour y installer un marché, sans son accord. Il dénonce “des décisions unilatérales” prises “en temps de crise”, qu’il considère comme “préjudiciables”.
Une demande de compensation financière de monsieur Laurent Ragba Foutour.
Dans plusieurs courriers adressés aux autorités de Ndélé entre janvier et avril 2017, M. Ragba Foutour réclame une compensation financière pour l’utilisation de son terrain. Il demande “5 millions de francs CFA par mois sur 6 mois, soit 30 millions de francs CFA” pour la saison commerciale des commerçants soudanais.
Face à l’absence de réponse, il a porté l’affaire devant la justice. “J’ai formulé une demande de saisine conservatoire en justice, j’ai payé les frais”, indique-t-il. Il affirme également avoir saisi la Cour de Justice de la CEMAC à N’Djamena.
Des craintes pour sa sécurité.
Réfugié au Tchad depuis 2014, M. Ragba Foutour exprime des inquiétudes quant à sa sécurité s’il devait retourner à Ndélé. Il évoque des “menaces” et une situation tendue avec les autorités locales.
“Quand je vais [à Ndélé], c’est des menaces. J’étais allé juste pour une visite de courtoisie, visiter ma fille, visiter mon neveu”, raconte-t-il à propos d’un récent séjour en juin. Il affirme que sa présence à Ndélé avait provoqué de nouvelles actions sur le terrain contesté.
Laurent Ragba Foutour appelle à l’intervention de la MINUSCA.
Dans ce contexte, M. Ragba Foutour sollicite l’intervention de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). Il a tenté de contacter les responsables de la mission à Ndélé pour exposer sa situation.
“Je tiens à m’entretenir, c’est-à-dire à nous faire écouter par voix buccale de tout ce qui m’est entouré”, déclare-t-il dans un message adressé à un responsable de la MINUSCA. Il espère que la mission onusienne pourra jouer un rôle de médiation dans ce conflit.
Un différend révélateur des défis de gouvernance.
Cette affaire expose les difficultés de gouvernance et de gestion foncière en République centrafricaine, en particulier dans les villes secondaires comme Ndélé. Elle pose une fois de plus des questions sur la sécurisation des droits de propriété, la gestion des espaces publics et les relations entre les autorités locales et les acteurs privés du développement.
Le cas de M. Ragba Foutour témoigne également de la situation précaire des réfugiés centrafricains au Tchad. “On glince les dents, on n’a pas de travail, le Tchad ne donne pas du travail au réfugié, on n’est pas assisté”, témoigne-t-il.
En attendant une décision de justice, ce différend reste une source de tension à Ndélé. Il rappelle l’importance d’une gouvernance transparente et d’un système judiciaire efficace pour résoudre les conflits fonciers et maintenir la cohésion sociale dans les villes centrafricaines.
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