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CENTRAFRIQUE : LA RÉPUBLIQUE S’EST RENVERSÉE SOUS LE POIDS DES DÉRAPAGES POLITIQUES.

Manifestation des jeunes du mouvement des patriotes centrafricains à Bangui le 17 février 2020. CopyrightCNC

 

Bangui, République centrafricaine, lundi 7 septembre 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Depuis la conférence de Berlin de 1885 consacrée au découpage ou au partage de l’Afrique entre les puissances coloniales, notre chère nation a hérité d’une carte topographique bien définie avec des frontières limitrophes. Cette carte devenue un patrimoine commun qui mérite toutes protections s’est depuis lors renversée par le poids d’incessants dérapages politiques sous le regard ébahi des protecteurs de la mémoire des participants à la conférence de Berlin. Le renversement de la carte délimitant notre territoire démontre que la démocratie centrafricaine fonctionne à l’envers de tout ce qui est normal car traditionnellement et à travers le continent, c’est l’opposition qui organise des manifestations contre le pouvoir mais en Centrafrique c’est tout simplement l’inverse.

 

C’est dans cette logique qu’une marche pourtant interdite par le ministre de la sécurité publique a été organisée malgré tout par la milice politique du pouvoir fondue en plateforme « galaxie 3003 » qui regroupe des leaders d’association et des organisations non gouvernementales favorables au pouvoir pour protester contre des présumées opinions émises par le président d’un parti politique légalement constitué par dessus parlementaire et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle. A l’issue de cette marche interdite, un mémorandum a été remis au deuxième vice président de l’assemblée nationale représentant le bureau de l’institution du peuple, mémorandum dans lequel les manifestants réclament avec autorité assortie d’un ultimatum synonyme d’une mise en demeure, la levée immédiate et sans condition de l’immunité parlementaire du député garantie par l’article 67 de la constitution et sa traduction devant les tribunaux pour injures à l’endroit du peuple centrafricain.

Au demeurant, cette milice politique avait facilité l’accès aux médias d’Etat à leurs sbires pour lancer des appels à la violence et l’incitation à la haine sous le regard regard complice et impuni du Haut Conseil de la Communication (HCC) qui démontre par la même occasion la faiblesse de l’institution sensée réguler et sanctionner les dérapages. Par ailleurs, il urge de rappeler que depuis le début de l’affaire dite « Mouton », la ligne éditoriale de notre tribune politique hebdomadaire qui se veut objective et impartiale s’est refusée de la commenter car elle estime que l’essentiel des préoccupations du peuple suffisamment meurtri est ailleurs. Étonné par ce qui s’apparente sans réserve à de la manipulation politique et électorale, le citoyen lambda s’interroge :

Pourquoi ces mutualisations d’énergies n’ont-elles pas été utilisées pour réclamer la levée de l’embargo, l’arrestation des seigneurs de guerre, le redéploiement de l’autorité de l’état ou même seulement pour rendre hommage à nos morts ? En guise de curiosité, qui finance les activités de cette plateforme « galaxie 3003 » ? Que représente cette milice politique sur l’échiquier politique et sur l’architecture juridique nationale pour oser sommer les élus de la nation ? Une association politique a t-elle le droit de réclamer la levée de l’immunité d’un parlementaire en lieu et place des institutions judiciaires ? Les parlementaires vont-ils se permettre de statuer sur un mémorandum qui est l’aboutissement d’une marche interdite par les pouvoirs publics ? Quels sont exactement les faits reprochés au président de l’URCA ? Ces supposés faits sont-ils constitutifs d’une infraction pénale ? Qu’ont-ils fait de la célèbre notion de présomption d’innocence qui est un principe fondamental garanti par l’article 4 de la constitution du 30 mars 2016 ? En outre, comment une marche citoyenne qui est interdite par le ministre de la sécurité publique peut-elle être encadrée par les forces de l’ordre jusqu’à son terme ? Quelles sont les conséquences juridiques prévues par les textes en vigueur lorsque les manifestants bravent l’interdiction de manifester ? Que se passera-t-il si les forces vives de la nation décident à leur tour de marcher alors que cette dernière est interdite ?

Au delà de ce qui précède, on remarque au final que le droit de manifester garanti par la loi fondamentale n’est accordé qu’aux uns et interdit pour les autres offrant un manque de lisibilité et de cohérence dans la trajectoire politique du gouvernement.

Pour finir, nous insinuons sous réserve de nous tromper que si les autres institutions de la république chargée d’assurer l’équilibre démocratique s’inscrivent dans le mutisme et le laxisme honteux du Haut Conseil de la Communication (HCC), les élections présidentielles à venir n’auront pas d’enjeux et les résultats seront connus d’avance au grand risque d’ouvrir la voie royale à une crise post-électorale sans précédent…ce que nous ne souhaitons pas pour notre mère patrie.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 04 septembre 2020.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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