Le Forum de réconciliation nationale en Centrafrique ouvert lundi à Brazzaville a pour but premier d’arracher un engagement de cessation des hostilités aux groupes armés – dont les effectifs sont inconnus – qui déchirent leur pays, particulièrement l’ex-rébellion Séléka et les milices anti-balaka.
La Séléka est à dominante musulmane, les anti-balaka sont chrétiens et animistes, même si des raisons politiques et socio-économiques alimentent aussi le conflit.
Ces deux groupes principaux connaissent des divisions internes, et d’autres acteurs armés participent au conflit.
L’ex-rébellion Séléka
Ce mouvement armé, alliance (séléka en langue nationale sango) de groupes divers, a pris le pouvoir en mars 2013, chassant le président François Bozizé après avoir enfoncé les forces armées centrafricaines (Faca) et la garde sud-africaine du président. Soutenue par le Tchad voisin qui voulait renverser Bozizé, la Sélaka est constituée de Centrafricains du nord et de l’est, de Tchadiens et de Soudanais.
Mais, après avoir dû abandonner en janvier le pouvoir sous la pression des forces française Sangaris et africaine Misca, en raison de ses graves exactions envers les civils, la Séléka a éclaté en deux groupes principaux.
La “Séléka Bambari”, du nom de la localité minière du centre où une bonne part de ses forces se sont repliées, est celle qui est représentée à Brazzaville par son numéro 3, Mohamed Moussa Dhaffane, et aussi le “général” Abdoulaye Hissène, actuellement conseiller à la présidence centrafricaine de transition.
La “Séléka Birao”, dans le grand nord, est dirigée par le numéro 2 Nouredine Adam, sous le coup de sanctions onusiennes et américaines. A l’approche de Brazzaville, une assemblée nationale a reconduit à sa tête l’ex-président centrafricain Michel Djotodia, exilé au Bénin. Cette tendance, toujours accusée de visées sécessionnistes par Bangui, n’est pas à Brazzaville.
S’ajoutent à la Séléka, parfois à ses côtés dans les combats, des éleveurs peuls (musulmans) en armes qui opèrent dans le nord et le centre.
Les anti-balaka
Ces milices, composées d’habitants du centre et de l’ouest, sont soutenues par l’ex-président François Bozizé, qui n’a pas abandonné l’idée de revenir au pouvoir. Elles ont été formées en réaction aux graves exactions commises par la Séléka, mais ce sont elles qui traquent maintenant les civils musulmans, assimilés aux Séléka, obligés de fuir pour ne pas être tués.
Leur “coordonnateur national” est Patrice-Edouard Ngaissonna, un ancien ministre de Bozizé, dont il est toujours proche, et qui a déjà fait de la prison pour détournement de fonds. C’est lui qui mène la délégation à Brazzaville.
Mais les nombreuses milices opèrent souvent de manière indépendante, et ont des chefs différents selon leur implantation locale, profitant du profond désordre qui règne dans le pays.
Dans cette nébuleuse, se distingue aussi le mouvement “Révolution Justice”, une milice active dans le nord-ouest (préfecture de l’Ouham), frontalier du Tchad.
Par AFP